La question du foncier revient hanter le débat public sénégalais. Dans une lettre adressée aux ministres des Finances, de l’Urbanisme et de l’Agriculture, le député Papa Tahirou Sarr, élu de la XV? législature, interpelle le gouvernement sur l’attribution de vastes superficies à des entreprises et investisseurs étrangers. Au cœur de ses préoccupations : les rumeurs entourant la société SenegIndia, qui aurait obtenu 120 000 hectares dans le delta du Saloum, ainsi que la gestion opaque des terres de Diamniadio et de l’ancien aéroport Léopold Sédar Senghor.
Dans sa correspondance, l’élu exige des éclaircissements précis sur les fondements juridiques et les critères qui ont présidé à ces cessions. Ces transactions respectent-elles le Code du domaine national ? Préservent-elles les intérêts du Sénégal ? Papa Tahirou Sarr interpelle également l’exécutif sur les engagements pris par les bénéficiaires étrangers en matière d’investissements et de développement agricole au profit des populations locales. « Quelles garanties ces sociétés ont-elles fournies pour assurer un retour concret aux communautés ? », s’interroge-t-il.
Un autre point brûlant soulève son inquiétude : la transparence des données foncières. Le député demande si le Sénégal dispose d’un cadastre numérique national, accessible aux citoyens, qui recenserait l’état des lieux du foncier et les superficies cédées à des entités étrangères. En l’absence d’un tel outil, il presse le gouvernement de préciser les mesures envisagées pour instaurer une transparence effective.
Au-delà des aspects juridiques, Papa Tahirou Sarr questionne les contreparties financières et sociales de ces attributions. Combien l’État a-t-il perçu ? Quels bénéfices les communautés locales, souvent dépossédées, ont-elles obtenus ? Plus largement, il interpelle sur la compatibilité de ces cessions massives avec la souveraineté nationale et la sécurité alimentaire du pays, des enjeux cruciaux dans un contexte de tensions foncières croissantes.
Face à ces zones d’ombre, le député appelle à une réaction claire de l’exécutif. Il réclame une liste exhaustive et actualisée des terres attribuées à des acteurs étrangers, détaillant leur localisation, leur superficie et leur usage déclaré. Pour lui, seule une communication transparente permettra d’éclairer l’opinion publique sur des décisions qui engagent l’avenir du Sénégal.
Auteur: Adiouma NDIAYE
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