C’est connu. Le Bénin et le Niger ne filent pas le parfait amour depuis l’arrivée des militaires au pouvoir à Niamey. Patrice Talon et son homologue nigérian Bola Tinubu faisaient partie des premiers dirigeants de l’espace Cedeao à dénoncer ce putsch.
Ils ont par la suite appliqué à la lettre les sanctions politiques et économiques de l’organisation communautaire contre le Niger. Comme si cela ne suffisait pas, Porto-Novo a soutenu un projet d’intervention militaire de la Cedeao à Niamey pour remettre le président déchu Mohamed Bazoum dans son fauteuil présidentiel.
« Des choses graves se sont passées, qui ont engendré des sacrifices, des difficultés, ici au Niger »
Le Niger, fâché, n’a eu de cesse de dénoncer le comportement de Porto-Novo. Il y a quelques mois, après l’abandon de l’option militaire contre Niamey, la junte a accusé le Bénin d’abriter des forces spéciales françaises sur son sol. Celles-ci travailleraient à déstabiliser son pays.
Un climat de suspicion pollue donc les relations entre les deux pays. Malgré l'ouverture des frontières, côté Bénin, le Niger garde les siennes bien closes. Le seul point positif dans les relations entre les deux voisins, c’est qu’ils ont maintenu le dialogue.
Les ambassadeurs n’ont pas été rappelés. Du moins, jusqu’à tout récemment. En effet, le chef de la représentation diplomatique béninoise à Niamey, a "commis l’imprudence", de demander pardon au peuple nigérien lors d’une cérémonie de remise de diplôme dans un institut de formation en médecine, à Gaya.
« Je remercie le Général Tiani et le ministre des Affaires étrangères du Niger, qui m’ont permis d’être au Niger, à Niamey, malgré les situations difficiles. Je voudrais au nom de tous les Béninois , au nom des autorités du Bénin, demander pardon au peuple nigérien. Des choses graves se sont passées, qui ont engendré des sacrifices, des difficultés, des problèmes, ici au Niger, ici à Gaya. Nous demandons pardon parce que nous sommes frères », a déclaré Gildas Agonkan.
« Seulement, c’est tout ce qu’il ne fallait pas dire »
L’homme croyait ainsi faire son travail, c’est-à-dire, faire baisser encore un peu plus la tension manifeste entre les deux pays. « Seulement, c’est tout ce qu’il ne fallait pas faire », selon certains observateurs.
En tout cas, les autorités béninoises n’ont pas apprécié son intervention. Selon BIP Radio, le diplomate a été joint au téléphone par son ministre de tutelle, Olusegun Bakari, et après le Conseil des ministres d’hier mercredi, il a été décidé de le « rappeler pour consultation ». On ignore s’il sera rappelé à l’ordre ou tout simplement limogé.
Auteur: Bernardin Patinvoh
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