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Wednesday 23 July, 2025
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Des comptes publics (presque) à zero !

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Les chiffres sont tombés, sans pitié, et ils font froid dans le dos. La dernière livraison de la Cour des comptes ne s’est pas contentée de secouer les autorités financières, elle a fait trembler le pays tout entier. Entre 2019 et 2024, les finances publiques sénégalaises ont été transformées en un terrain de jeux pour les acteurs de la gestion publique, qui semblent se jouer de la nation avec une aisance inquiétante, si l'on se fie au document. Mais cette mascarade, d’un genre inédit, ne fait plus rire personne. Elle met en lumière des pratiques inacceptables de falsification présumées des données financières, un véritable crime contre l’avenir du pays.
Un rapport de 60 pages aurait-il plus de poids que les vies humaines ? À en juger par l’ampleur de l’indignation suscitée, il est permis de se poser la question. L’affaire de la mort de l’étudiant Matar Diagne à l’université de Saint-Louis et celle de l’artiste Jimmy Mbaye, toutes deux tragiques, ont été éclipsées par ce scandale financier. La réalité économique du pays, pourtant bien plus tangible que les discours politiques, s’impose aujourd’hui comme un drame national. L’endettement du Sénégal, bien loin des projections gouvernementales, a explosé. Le déficit budgétaire, annoncé à 911 milliards de F CFA, atteint désormais un monstrueux 2 291 milliards. Un écart de 25 % entre la réalité et les prévisions, ce n’est pas un simple faux pas, c’est un gouffre.
Les auteurs présumés de ce dérèglement ne sont pas des inconnus. Ils ont occupé les positions les plus élevées de l’État. Et pourtant, pendant qu’ils distribuaient promesses et illusions au peuple, ils jouaient avec les chiffres. Ce n’est plus un simple manque de rigueur, mais une véritable stratégie de dissimulation des erreurs et dérives. En conséquence, ce sont les citoyens qui en payent le prix, un prix qui, au fil du temps, devient de plus en plus lourd.
Les 2 500 milliards de F CFA de dettes à rembourser, ce n’est pas un détail. C’est l’oxygène d’un pays tout entier qui est en train de se couper. Le remboursement de ces dettes étouffe les marges de manœuvre de l’État, sapant sa capacité à investir dans de nouveaux projets, à donner un souffle à l’économie. Le pays est aujourd’hui dans une situation où la question n’est plus de savoir si l’avenir sera compromis, mais comment il le sera. L’avenir économique du Sénégal semble désormais condamné à se résumer à une gestion de crise perpétuelle.
Il est urgent d’agir. Le Sénégal ne mérite pas de se retrouver pris au piège de cette dette insoutenable, d’être ballotté entre les chiffres manipulés de ses dirigeants et une réalité qui se dégrade chaque jour un peu plus. Nous ne sommes plus dans le cadre d’une simple erreur de gestion. Ce sont des choix politiques et économiques qui ont sacrifié le présent et l’avenir du pays. L’évasion fiscale, les fausses promesses et les manipulations des chiffres ne doivent plus avoir droit de cité dans un pays qui aspire à un avenir stable et prospère.
Il est temps de sortir de cette comédie tragique. Il est temps de remettre les finances publiques sur les rails de la transparence et de la responsabilité. Car, comme le rappelle le rapport de la Cour des comptes, les chiffres ne mentent pas – et ils sont désormais là pour le prouver.
Auteur: Mass Massamba NDAO
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