La candidature du Sénégal à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) marque une ambition plus politique qu’énergétique. Avec une production attendue d’environ 100 000 barils par jour à son pic, le pays reste un acteur modeste face aux géants du cartel. Mais l’enjeu est ailleurs, rejoindre l’OPEP, c’est chercher à exister sur la scène géopolitique, à se positionner comme un pays stable, crédible et partie prenante des discussions globales sur l’énergie.

Cette stratégie d’adhésion s’inscrit dans une volonté d’inscrire l’émergence pétrolière du Sénégal dans un cadre multilatéral structurant, en projetant une image de prévisibilité et de maîtrise. Mais cette image reste fragile. Le différend en cours avec la société australienne Woodside autour du projet Sangomar, premier gisement offshore du pays, rappelle les incertitudes contractuelles qui pèsent encore sur la gouvernance du secteur extractif.

Au sein de l’OPEP, la crédibilité ne se mesure pas qu’en barils, mais en stabilité institutionnelle, en clarté des engagements et en régularité des flux. Le Sénégal, qui commence tout juste sa trajectoire de pays producteur, devra donc démontrer sa capacité à honorer les contrats, à garantir un climat d’investissement sécurisé, et à ne pas exporter ses fragilités internes dans une organisation habituée aux équilibres délicats.

Intégrer l’OPEP ne signifie pas influencer les quotas mondiaux, mais entrer dans un cercle où se décident des alliances, des arbitrages, des positions collectives. Pour un pays encore en phase de consolidation, cela peut offrir une forme de capital diplomatique. Reste à savoir si ce gain symbolique ne sera pas fragilisé par des tensions juridiques et des incertitudes techniques à répétition.