[Découverte] Culture de l’ananas en Casamance : l’ambition d’un historien Horticulteur
Issu d’une lignée d’horticulteurs, le Dr Mohamed Lamine Manga, enseignant-chercheur en histoire à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, cultive une passion précoce pour la terre. Cette tradition héritée de ses grands-parents se traduit aujourd’hui par son engagement dans la culture de l’ananas, qu’il développe sur 2 hectares au sein d’un domaine de 5 hectares à Colomba, dans le département de Bignona.
Un rêve d’enfant devenu réalité
Dès son jeune âge, le Dr Manga nourrissait l’ambition de cultiver l’ananas. « L’idée m’est venue très tôt. À Colomba, un site m’a inspiré. Mon père avait ramené des ananas de Ziguinchor, et j’ai planté leurs couronnes dans du sable fin. Avec de l’arrosage, elles ont donné des fruits juteux », confie-t-il. Ce rêve d’enfant s’est concrétisé des années plus tard, lorsqu’il a réuni les moyens pour investir dans cette filière. En dehors de ses activités d’enseignant et d’analyste politique, il est devenu un fervent défenseur de la culture de l’ananas au Sénégal, particulièrement en Casamance.
L’ananas, une opportunité pour le Sénégal
Contrairement à l’idée selon laquelle le climat sénégalais serait inadapté, le Dr Manga affirme que « le Sénégal remplit les conditions d’un pays tropical ». Pour lui, l’ananas, souvent perçu comme un produit de luxe, peut être cultivé partout dans le pays avec une bonne préparation des sols, un approvisionnement en eau et un encadrement adéquat. « C’est une plante rustique, résistante aux maladies et aux attaques », explique-t-il, notant que son développement a été freiné sous le président Abdou Diouf par un manque d’accompagnement des paysans.
Les vertus médicinales et économiques de l’ananas
L’ananas offre de multiples bienfaits, selon le Dr Manga. « Le fruit et la plante possèdent des vertus médicinales, utiles pour prévenir le diabète, la diarrhée, l’hypertension, l’obésité ou encore la tuberculose », indique-t-il. Il souligne également son potentiel dans l’industrie textile, où les feuilles sont transformées dans certains pays. Économiquement, l’ananas est une filière prometteuse : un hectare peut produire jusqu’à 70 tonnes la première année, avec un potentiel multiplié par sept les années suivantes si les producteurs sont motivés et efficaces.
Un appel à l’appui des autorités
Le Dr Manga déplore que l’essentiel des ananas consommés au Sénégal provienne de la sous-région, notamment de la Côte d’Ivoire et de la Guinée, souvent cueillis avant maturité et traités chimiquement. « La Casamance produit des ananas de meilleure qualité, moins acides, sur des sols adaptés », affirme-t-il, exhortant les pouvoirs publics à encourager cette filière pour réduire la dépendance aux importations et stimuler l’économie locale.
Une vision ambitieuse pour la Casamance
Le Dr Manga ambitionne de faire de la Casamance une région exportatrice d’ananas vers Dakar et d’autres régions du Sénégal d’ici cinq ans. Pour y parvenir, il encadre actuellement dix producteurs et prévoit d’en former une cinquantaine d’ici deux à trois ans, avec un objectif de 150 à 200 producteurs dans cinq ans. Il intègre également la culture de l’ananas dans des initiatives communautaires, comme les fermes conceptualisées depuis 2014, et mène des actions de reboisement pour soutenir l’humidité nécessaire à cette culture. « Nous avons créé huit forêts communautaires dans le département de Bignona », précise-t-il.
Commentaires (4)
Jus d'ananas naturel avec du gingembre : un vrai délice vraiment sain .
Félicitation au Dr Manga. Une initiative à encourager et démultiplier. L'ISRA récemment s'est entrepris de reprendre la production de plants d'ananas en utilisant la technologie de la culture In vitro. Cependant, les moyens ne suivent pas. Effectivement, le Sénégal produisait de l'ananas jusqu'en 2000 où les politiques d'ajustement ont bouleversé la filière. Wade a achevé les dernières initiatives menées par le CDH en morcelant les 42 hectares du centre qu'il a distribué à des businessman et même à Coumba Gawlo. C'est malheureusement tout ça qui nous suit encore au Sénégal. Aujourd'hui nous avons un Ministre de l'Agriculture trop bavard plus préoccupé par son image personnel que de trouver des solutions aux vrais problemes de l'agriculture du Sénégal. Je vous conseille de vous rapporcher de l'ISRA à travers le LNRPV. Bonne continuation
Il est en retard. Il y'a déjà une société sénégalaise qui en a beaucoup cultivé. Le produit est même disponible à la rue Sandinièry et chez Auchan. en plus il est très juteux. par ailleurs, bon continuation à mr Manga.
si on veut on peut être autosuffisant au Sénégal. chaque région a son potentiel. mais on préfère acheter toujours acheter chez les autres.
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