Dès sa prise de fonction, le président américain Donald Trump a supprimé l’aide financière en direction du reste du monde. Une coupure de robinet fortement ressentie en Afrique notamment au Sénégal.
« Le président américain avait promis de suspendre l’aide publique pour voir, dans les trois mois, les programmes qui seront reconduits ou gelés. Au Sénégal, un de nos projets de plus de 500 millions de dollars (300 milliards de francs CFA, NDLR) est concerné. Le programme concernant l'électrification a été arrêté », annonçait le Chef du gouvernement Ousmane Sonko à la suite de cette décision américaine.
Une mesure qui met à nu, une fois de plus, la vulnérabilité des États africains, trop dépendants de l’aide internationale, selon Felwine Sarr.
« On est dans un monde interdépendant, c’est une réalité, mais certains sont plus dépendants que d’autres », fait constater l’économiste sénégalais. Pour les Africains, estime M. Sarr, « le travail serait de réduire les formes de dépendance » qui les lient « au reste du monde ». Il s’agit de « faire en sorte que sur des secteurs stratégiques que nous soyons autonomes : éducation, santé, sécurité ».
« Il n'est pas normal que nous ayons dépendu de l'aide pour des secteurs aussi stratégiques », fulmine-t-il. D’ailleurs, comme le dit la théorie économique, souligne-t-il, « l’aide est problématique », car elle « ne règle pas les problèmes », elle est « stratégique et politique ». « C’est un instrument de soft Power », renseigne Felwine Sarr qui conseille aux Africains de s’en départir au moins de ce rapport au monde où « ils sont l’objet de pitié et de compassion ». Il s’agit là, selon lui, d’une « œuvre de dignité fondamentale ».
À en croire Felwine Sarr les dirigeants africains ont loupé un tournant décisif en 2020 lors de la crise de la Covid-19 qui devait servir de déclic dans leurs rapports avec le reste du monde. « Le réveil qu’on doit avoir là-dessus (sur l’aide internationale), il y a eu une première alerte lors de la Covid-19, quand les relations commerciales entre les pays avaient été interrompues et que chaque pays s’est replié sur lui-même, c’était l’occasion de faire le compte de ces dépendances et de ces vulnérabilités », argue-t-il.
L’urgence était alors de « construire de l’autonomie dans certains secteurs stratégiques ». Malheureusement, constate l’universitaire pour le déplorer : « lorsque la pandémie est partie, on a oublié cette exigence-là et on s’est reconnecté avec l’économie-monde. Je pense que le geste brutal de Trump appelle une réalité brutale qui de dire qu’on ne peut pas envisager de nous en sortir de la pauvreté si nous ne nous prenons pas en charge sur des secteurs stratégiques ».
Auteur: Thiebeu NDIAYE
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