Attaque israélienne : le Qatar secoué, ses relations avec Washington fragilisées
Ahmed assistait à un cours à l'université à Doha lorsqu'il a entendu de fortes détonations: des explosions provoquées par des frappes israéliennes visant le Hamas, une attaque inédite qui a ébranlé la paix au Qatar et crispe la riche région du Golfe.
"Honnêtement, personne ne pensait qu'il pouvait s'agir d'explosions. J'ai cru que des ouvriers avaient fait tomber quelque chose de lourd", confie à l'AFP cet étudiant qatari de 27 ans, qui préfère taire son nom de famille.
La stupeur s'est rapidement propagée dans le riche petit émirat gazier après ces raids, qui ont touché mardi un complexe abritant des responsables du mouvement islamiste palestinien, dans un quartier huppé de Doha. L'attaque a fait six morts.
Trois mois seulement après une attaque iranienne contre une base américaine au Qatar, ce nouveau raid a fissuré l'image de calme dont se prévalent les pays du Golfe, qui aiment à se présenter comme une oasis de stabilité au coeur d'un Moyen-Orient agité.
L'opération israélienne soulève aussi des interrogations quant aux efforts de médiation déployés par le Qatar en vue d'un cessez-le-feu à Gaza, et aux assurances de sécurité fournies par Washington, allié clé des pays du Golfe.
En signe de solidarité, le président des Emirats arabes unis, Mohamed ben Zayed Al Nahyane, s'est rendu mercredi à Doha, où le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est attendu jeudi.
"Le Qatar bénéficie depuis longtemps de la protection militaire américaine. Désormais, le Golfe va s'interroger sur la crédibilité de ces garanties de sécurité américaines", analyse Asli Aydintasbas, chercheuse au Brookings Institution, sur le réseau X.
Toute instabilité représente une menace pour les économies du Golfe, largement dépendantes de la main-d'œuvre étrangère et engagées dans une diversification tournée vers le tourisme et l'investissement.
"L'ensemble de la région redoutera désormais qu'Israël puisse attaquer ses ennemis sans égard pour les frontières ni la souveraineté nationale", souligne Prem Kumar, ancien responsable de l'administration Obama pour le Moyen-Orient.
Assem, 29 ans, réfugié de longue date au Qatar avec sa famille, venue des territoires palestiniens, se dit stupéfait: "j'ai vécu ici en sécurité pendant 29 ans (...) Je suis très surpris qu'en si peu de temps nous ayons été attaqués deux fois dans un pays considéré comme très protégé."
Selon le Hamas, aucun de ses hauts responsables n'a péri mardi, alors qu'ils étaient réunis pour discuter d'une nouvelle proposition américaine de trêve à Gaza.
L'attaque a toutefois coûté la vie à l'adjoint et au fils de Khalil al-Hayya, principal négociateur du mouvement palestinien, et à trois gardes du corps, ainsi qu'à un agent de sécurité qatari.
Doha a accueilli plusieurs cycles de négociations indirectes entre Israël et le Hamas et contribué à deux brèves trêves dans la bande de Gaza, en partenariat avec Washington et Le Caire, également médiateurs dans le conflit.
Tout en assurant que Doha poursuivrait ses efforts de médiation, le Premier ministre qatari a affirmé qu'il n'y avait pas de négociations prévues à ce stade au vu de l'attaque.
Pour Andreas Krieg, maître de conférences au King's College de Londres, il s'agit d'"une attaque au coeur de la médiation régionale", que Washington n'a pas su empêcher.
"Cela illustre l'incapacité de Trump à faire appliquer la politique qu'il défendait, centrée sur la médiation."
Allié majeur de Washington, le Qatar abrite la plus importante base américaine de la région et depuis 2012 le bureau politique du Hamas, avec l'aval des Etats-Unis.
En mai, le président américain avait effectué une tournée dans le Golfe, récoltant des promesses d'investissements colossales et une commande majeure de Boeing par Qatar Airways.
Doha avait même offert à Donald Trump un avion de luxe de 400 millions de dollars destiné à devenir le nouvel Air Force One.
Mais ces relations privilégiées n'ont pas empêché l'attaque israélienne.
Le président américain a affirmé ne pas avoir été prévenu à l'avance, assurant toutefois avoir demandé à son émissaire Steve Witkoff d'alerter Doha dès qu'il a été notifié de l'attaque. Mais elle était déjà en cours.
Selon Andreas Krieg, cela "va tendre les relations américano-qataries, ce qui est précisément l'objectif d'Israël: creuser un fossé entre Doha et Washington".
Commentaires (2)
Ça cest le projet Grand Israël dont le but est de récupérer tous les territoires du proche et moyen orient.
GRAND ISRAËL
L' AFP ne va jamis dire que le Qatar a le droit de se defendre et de riposter en legitime defense . Rien sur le droit international , rien sur la souverainete du Qatar .
Ce text comme la plus part avec l' AFP c'est voila : Pensez ce que nous voulons que vous pensez .
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