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"Tu avais raison" : Un ancien ministre raconte le jour où Abdoulaye Wade a compris qu'il avait perdu le pouvoir

Auteur: Mouhamed CAMARA

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"Tu avais raison" : Un ancien ministre raconte le jour où Abdoulaye Wade a compris qu'il avait perdu le pouvoir

Avant la période 2021-2023, le Sénégal avait connu une autre série de violentes manifestations. C'était entre 2011 et 2012, lorsque le président Wade voulait forcer un 3e mandat. Pour la première fois, l'ancien ministre de l'Éducation, Kalidou Diallo, qui a vécu de près la situation, a raconté à "Jeune Afrique" les coulisses de la chute du pouvoir d'Abdoulaye Wade.

La tension a pris une autre tournure, après le dépôt d'un projet de réforme constitutionnelle visant à faciliter son élection pour un mandat supplémentaire. Le projet a été adopté le 16 juin 2011, en Conseil des ministres, puis par la Commission des lois de l’Assemblée nationale. Ne restait plus qu'à le faire voter à l'Assemblée nationale, partie la plus simple, puisque le PDS disposait de la majorité parlementaire. 

Une semaine plus tard, le 23 juin, une manifestation a été organisée par la coalition Benno Siggil Senegaal, qui regroupait la grande partie des opposants, accompagnée des mouvements citoyens et des représentants de la société civile. Ce même jour, alors que l'Assemblée nationale était en séance plénière pour adopter le projet de réforme, le gouvernement s'est réuni en Conseil des ministres. Moment choisi pour certains ministres de faire part de leur désaccord à Me Abdoulaye Wade. Parmi eux, Abdoulaye Makhtar Diop, feu Djibo Leyti Ka et Kalidou Diallo. 

Ce dernier, chargé de l'Éducation, prit la parole devant ses pairs et dit : "Monsieur le Président, ce projet de loi est mal compris par l’opinion. Il est inopportun et porteur de violence." Déclaration que le chef de l'État n'a pas appréciée, raconte l'ancien ministre. "Abdoulaye Wade me coupa la parole et me menaça de m’expulser de la réunion, si je continuais à m’exprimer de la sorte", se souvient-il.

Au fil de cette fameuse journée du 23 juin, lorsque Wade prit conscience de la colère et du rejet de la population, il comprit que son ministre e l'Éducation avait raison. "En plein Conseil des ministres, Abdoulaye Wade fit un premier amendement au texte pour supprimer la révision contestée du Code électoral. En début d’après-midi, il demanda à Cheikh Tidiane Sy, ministre de la Justice, d’annuler la totalité du projet de loi", conte Kalidou Diallo.

Malheureusement, le mal était déjà fait. Dans la solitude de la nuit, conscient de ce qui venait de se jouait, Wade appela Kalidou Diallo. "Le même jour, vers minuit, le président Wade m’appela, alors que j’étais déjà couché. « Kalidou, tu dors ? » « Non, Monsieur le Président, répondis-je. Je réfléchis à la situation ». « Bon, tu passes au palais, alors. Je t’attends ». Je le trouvai à son bureau, tout seul, la mine sombre. Il était abattu. « Kalidou, tu avais raison, ce matin. Mais on ne s’adresse pas à un président de la République de façon aussi discourtoise, voire arrogante. Je suis le seul responsable de cette situation et je considère que nous avons perdu le pouvoir à partir d’aujourd’hui", dit-il.

Quelques mois plus tard, le sentiment de Wade se concrétisa. À l'élection présidentielle, Wade et le PDS furent battus à plates coutures au second tour par Macky Sall...

Auteur: Mouhamed CAMARA

Commentaires (14)

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    TONY il y a 5 heures

    Une belle histoire à raconter aux tenants du pouvoir actuellement.
    La majorité silencieuse est garante de la stabilité du pays. Le parti du Jeng, jengal, joubadi n'aura pas de beaux jours devant lui

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    Papis il y a 1 heure

    Je crois que dafay fèn. Khar balégi di néttali.

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    Xeme il y a 5 heures

    féne rek - Dara doussi deugg. L'histoire est recente. 14 ans c'est comme hier

    Chacun veut jouer un rôle et faire du Sonko=Sonko lou. Jamais tu n'as rien dit à Wade

    Vous avez laissé le vantard Wade nous pousser dans l'abime avec l'émergence d'un tocard comme Macky

    On vous a oubliés, laissez-nous en paix. Le pays est tourné vers l'avenir même si on a un apprenti tocard qui cherche à nous forcer une réconciliation non sollicitée en contre partie mettre sous son coude ou le lit conjugal certains dossiers comme celui de Oumar Youm

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    Thiey les libéraux il y a 3 heures

    24 ans de bamboula financière et des centaines de milliardaires vous ne serez pas enterrés avec les sous volés

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    Irving il y a 5 heures

    Wade avait de l'autorité mais en même temps c'était un démocrate. Je vois en lui un homme d'Etat qui n'aime pas ou qui peur de la violence. Un homme d'Etat doit avoir de la retenue, doit être capable de s'arrêter quand des vies des populations sont en jeu. C'est tout le contraire de ce qu'on voit aujourd'hui. Un politicien a osé dire que plus il y'a des victimes, plus le président élu sera sous pression. Pour ce politicien, il n'y a aucune limite pour accéder au pouvoir même si on doit compter des morts de jeunes innocents manipulés. Mention spéciale à Senghor, Diouf, Wade et Macky Sall. Diomaye, je sais que tu n'auras pas de bilan matériel et que quelqu'un travaille pour détruire ton bilan immatériel, quoiqu'il en soit, reste démocrate jusqu'à la fin de ton mandat, au moins tu seras remercié pour ca et l'histoire le retiendra.

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    Papis il y a 1 heure

    Wade un démocrate ?! Franchement... Combien de mort avant qu'il ne quitte le Pouvoir ? Qui a commandité l'agression de Talla Sylla et l'assassinat de Maitre Babacar Sèye ?

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    Abdullah il y a 4 heures

    Ce qui donne le frisson, c'est l'humilité du Président qui, bien que n'avoir pas apprécié les propos et sans doute le ton de son ministre M. Kalidou Diallo, a néanmoins pris son téléphone pour l'appeler, le rencontrer et lui confesser sa part de vérité.
    Ainsi agissent les grands hommes et dieu sait que M. Wade en fut un à plus d'un titre.
    On ne peut vouloir gouverner et être autiste voire sourd.

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    Xeme il y a 4 heures

    Wade avait droit à un 3e mandat. Et aucune falsification de l'histoire n'y changera quelque chose. Wade a trouvé un nombre de mandats illimités, et a modifié la constitution pour le limiter à deux, son premier mandat de la constitution abrogée non compris. C'est tout. Le sionisme qui le combattait pour son ouverture à des partenaires autres que le bloc sataniste a eu des relais au Sénégal pour son combat, pour lequel il fallait trouver une raison acceptable pour le sénégalais. Le thème du 3e mandat anti constitutionnel fut lancé dans les médias.

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    Leuk il y a 4 heures

    Ce que j’aime chez Wade c’est qu’il avait la grandeur de faire marche arrière quand il constatait ses erreurs. C’est une qualité qui manque à beaucoup de dirigeants.

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    Xeme il y a 4 heures

    De Lamine Gueye à Diomaye, le Sénégal a toujours eu des humains comme dirigeants, à l'exception d'un seul: Macky Sall. Lui, il était clairement au service du satanisme, sous une épaisse couverture médiatique.

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    Mamadou seneporno il y a 4 heures

    le cafard se jette des fleurs ou se branle en direct, aux choix .......job factice pour ramassis de pourris
    Me, myself and I .......j'etais SUPERMAN !!

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    Mc Carthy il y a 3 heures

    Dalou Wade guenne khetou Sonko yeup

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    tuieuye il y a 2 heures

    wade etait combattu par la france qui avait peur pour ses interets economique et ses bases militaires on se rappel des propos de alain juppé
    je cite
    au senegal il faut un changement de generation le message a été transmis et il a bien etait compris a dakar
    l'ignoble france dans ses complots et ses coups d'etats detoute nature

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    Momo2 il y a 2 heures

    Ma wakhone wakhet - Mallette de Segura - Surfacturations - Enrichissements illicites - Vente de l’avion présidentiel - Indemnisation famille Seye en cachette - Caution à Sarko pour liquidation du grand nationaliste résistant africain Khadafi et son projet prometteur pour l’Afrique - Liquidation de Khadafi cause de la déstabilisation du Sahel avec ses milliers de morts - Plus grand naufrage de l’histoire avec le bateau Joola près de 2000 morts sans aucun procès . La liste est longue…

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    Papis il y a 1 heure

    Tout le terrorisme actuel a pour origine le printemps arabe et Wade l'a favorisé contre un gars qui était son ami et un vrai ami du Sénégal et de l'Afrique dont il arborait l'insigne sur toutes ses tenues. Il n'est pas comme les Tunisiens, Algériens qui considèrent ne pas faire partie de l'Afrique.

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    HISTORIEN il y a 2 heures

    Comment dire que Wade avait fait marche arrière. Non, il a forcé la 3ème candidature khana kénna fattéwoul lolou.

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    Contes insipides de Kalidou il y a 1 heure

    Ah Kalidou qui est très bavard ces temps ci sur lui et le PDS, histoire dépassée aujourd'hui. Il a fait bcp de clins d'œil à Macky Sall pour transhumer à l'APR.

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    Papis il y a 1 heure

    Xeme,
    Tous les juristes de renom au Sénégal avaient dit qu'il n'avait pas droit à un 3e mandat. Seuls un aeropage de soi-disant constitutionnalistes américains rassemblés par Iba Der Thiam en séminaire prétendument de haiut niveau, ont osé dire le contraire. Je me souviens de Maitre Souleymane Ndéné Ndiaye qui avait tenté de répondre et ridiculiser la position du Professeur EL Hadji Mbadji. Ce dernier lui avait dit : "Mais de quelle caution scientifique vous prévalez-vous ?" Par contre, j'avais longtemps guetté les positions de Serigne Diop et de Ismaela Madior Fall. Je n'étais pas au Senegal, mais il me semble qu'ils ont refusé de donner leur avis, du moins publiquement. Peut.être par pur opportunisme. Kalidou Diallo raconte surement des histoires pour se faire bien noter. C'est un transhumant dans l'âme.

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    Guy Carcassonne il y a 41 minutes

    A – Sur l’éligibilité du Président sortant
    5. La question ne soulève pas de difficulté dans la mesure où, d’une part, l’article 104 a pris soin, dans son second alinéa, de préciser que toutes les dispositions de la Constitution autres que celles relatives à la durée du mandat sont applicables au Président en exercice.
    En conséquence, la prescription du second alinéa de l’article 27, selon laquelle le mandat est renouvelable une seule fois, est évidemment applicable au Président en exercice, comme elle le sera à ses successeurs, et celui-ci n’est donc pas rééligible.
    [...]

    Pour raisonner sur une hypothèse d’école, s’il prenait demain la fantaisie au constituant, qu’il soit ici sénégalais ou français, de supprimer le poste de Président de la République, par exemple pour le remplacer par un organe collégial , celui en exercice ne saurait prétendre demeurer en fonction pour cela seul qu’il avait été élu pour un mandat, de sept ou cinq ans et disposerait de ce fait d’un droit à le mener à son terme. Ce serait là une conception patrimoniale de la fonction, qui n’aurait ni fondement ni justification.
    Comme tous les corps constitués, le Président de la République n’a nuls autres droits que ceux que la Constitution lui confère et qu’elle peut tout aussi bien lui retirer ou amputer. En d’autres termes, il n’est que l’occupant de la fonction, il n’en est pas le propriétaire.

    [...]
    La non rétroactivité, en effet, n’est un principe de valeur constitutionnelle que dans le domaine répressif, ainsi que l’indique expressément le deuxième alinéa de l’article 9 de la Constitution.

    Guy Carcassonne, Professeur de droit public à l’Université Paris Ouest Nanterre-La Défense

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