Guinée : la patience stratégique du Général Mamadi Doumbouya face à GAC, un acte fondateur de souveraineté minière (Par Moussa Moïse SYLLA)
En retirant le permis minier de Guinea Alumina Corporation (GAC) pour créer une société publique, le général Mamadi Doumbouya ne s’est pas contenté de défendre l’intérêt national, il a posé un acte historique de souveraineté, inédit depuis l’indépendance. Une décision qui inscrit la Guinée dans le cercle restreint des pays africains ayant repris la main sur leurs ressources stratégiques, à l’image du Maroc avec son Office chérifien des phosphates, du Botswana avec Debswana, ou encore du Niger et du Mali révisant leurs codes miniers.
Les militaires sont souvent décrits comme des hommes d’action, prompts à réagir au gré des circonstances. Mais le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a déjoué ce cliché : dans l’affaire opposant l’État guinéen à la société Guinea Alumina Corporation (GAC), filiale du groupe émirati Emirates Global Aluminium (EGA), le général Mamadi Doumbouya a démontré une patience stratégique peu commune. Pendant plus de vingt ans, GAC a exploité la bauxite guinéenne à Boké sans honorer son principal engagement : construire sur le sol national une raffinerie d’aluminium, pourtant inscrite noir sur blanc dans la convention signée en 2004.
Malgré les appels répétés, les rappels officiels, les négociations et les avertissements, l’entreprise a opposé un double refus : respecter ses obligations et renoncer à un chantage économique, brandissant la menace de licencier plus de 3 000 travailleurs et d’engager une avalanche de procédures judiciaires si sa concession était retirée.
Le 4 août dernier, après avoir épuisé toutes les voies diplomatiques, l’État guinéen a tranché. En toute souveraineté, le général Mamadi Doumbouya a signé un décret retirant purement et simplement le permis minier de GAC. Une première depuis l’accession de la Guinée à l’indépendance en 1958. Jamais en effet un pouvoir guinéen n’avait osé mettre fin à un partenariat minier aussi déséquilibré, où la valeur ajoutée s’évaporait hors des frontières.
Aussitôt, l’exécutif a créé la Nimba Mining Company, société anonyme détenue à 100% par l’État, reprenant l’ensemble des actifs et du personnel de GAC. Les emplois guinéens sont ainsi préservés, mais surtout un cap nouveau est fixé : construction effective d’une raffinerie d’aluminium, avec des experts étrangers, le transfert de technologies et de compétences vers les techniciens locaux, et intégration de la filière minière dans un plan de développement plus large touchant l’agriculture, la santé, l’éducation, la culture et les infrastructures. Sous la supervision directe du ministre directeur de cabinet de la présidence, Djiba Diakité, artisan du programme Simandou 2040, la Nimba Mining Company s’inscrit dans la même logique de transformation structurelle.
Cette orientation place la Guinée dans le sillage d’autres pays africains ayant repris le contrôle de leurs ressources. Le Maroc l’a fait dès les années 1970 avec la création de l’Office chérifien des phosphates (OCP), devenu un leader mondial de la filière. Le Botswana a bâti un partenariat équilibré avec De Beers à travers Debswana, tout en créant l’Okavango Diamond Company pour maximiser les revenus nationaux. Plus récemment, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont revu en profondeur leurs codes miniers, augmentant les parts de l’État et reprenant certaines concessions stratégiques. La Zambie, avec la nationalisation de son secteur cuprifère dans les années 1970, et l’Angola, via Ferrangol pour les minerais stratégiques, ont également emprunté cette voie.
Ce geste de la Guinée va bien au-delà d’un simple contentieux avec un opérateur étranger. Il envoie un signal fort, celui d’un pays qui refuse l’exploitation brute et stérile de ses ressources au profit d’une transformation locale génératrice de richesse nationale. Après plus de soixante ans d’indépendance, la Guinée franchit un cap, et le fait dans un contexte où la prudence, la méthode et la fermeté se conjuguent.
Le général Mamadi Doumbouya, avec la rigueur de son ministre directeur de cabinet, Djiba Diakité, et le soutien massif du peuple, ouvre ainsi une nouvelle ère. Une ère où l’exploitation minière n’est plus synonyme d’extraction à perte, mais de transformation, de transfert de savoir-faire et de prospérité partagée. La Guinée s’affirme désormais comme un exemple africain de souveraineté assumée, tournée vers l’avenir.
Commentaires (5)
Bravo
Les africains te soutiennent
J'ai vraiment pitié des guinéens, la France espionne ses anciennes colonies en installant des officiers militaires dans ses ambassades, les guinéens eux, se laissent diriger par un couple de gendarmes français. Ils ne percevrons qu'une part ridicule des ressources exploitées par les Doumbouya en faveur de leur employeur.
Moussa Moise Sylla jadis un bon journaliste qui s'est muté en un griot troubadour accompagnant des assassins et milleurs de son pays. Les "intellectuels" guinéens sont les plus dangereux des planètes, car au lieu de défendre leur peuple par leurs lumières, au contraire avec leur obscurantisme et leurs esprits mercantiles affamés, ils se mutent en bourreaux de leur peuple. En voici un exemple frappant en la personne de ce petit personnage de Mousa Moise Sylla. Rien pour le pays et tout pour leur G... meme pour leur propore monnaie ils sont inapable d'imprimer et de battre leur propore monnais et apre sils sont te dire qu'ils sont independant !
Un gros scandale couve en Guinée. Face à la crise de liquidités dans les banques où il faut faire la queue durant des heures pour pouvoir retirer des espèces à la banque, retrait désormais plafonné, Doumbouya a débarqué chez son adjoint direct le général Amara Camara pour y retrouver dans des coffres la somme de 800 millions de de dollars ....depuis lors, rien ne va plus en Guinée. On ne parle que de ça sur les réseaux sociaux. Et voilà Moussa moïse ministre de la culture de Doumbouya prend sa plume et laver à grandes eaux son mentor.
GAC est installée en Guinée depuis environ 2018 et non depuis plus de 20 ans. Des compagnies comme la CBG y sont depuis l'indépendance mais n'ont pas construit de raffinerie, ...idem pour les nombreuses autres sociétés étrangères qui exploitent la bauxite en Guinée. Pourquoi donc cet acharnement sur GAC et pas les autres sociétés? N'est ce pas un règlement de compte pour écarter une société qui s'est installée en Guinée sous Alpha Condé et dont on soupçonne les dignitaires de l'ancien régime d'en être des actionnaires cachés???? L'Etat est malheureusement un piètre gestionnaire et ça va commencer par la nomination de dirigeants qui n'ont pas la compétence pour gérer une entreprise de cette envergure. ça va très certainement mal finir comme d'habitude et ce sont les maigres impôts des pauvres contribuables qui vont boucher les trous des déficits. Il faut confier ces sociétés plutôt aux privées nationaux.
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