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Pour entreprendre en Afrique, la diaspora ne veut plus se lancer seule

Auteur: RFI

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Pour entreprendre en Afrique, la diaspora ne veut plus se lancer seule

Entreprendre en Afrique quand on vit en Europe peut vite tourner au parcours d’obstacles. Pour éviter l’échec, de plus en plus de membres de la diaspora s’appuient sur des structures d’accompagnement comme des incubateurs. Un soutien devenu crucial.

Zéphirin Jiogo a l’enthousiasme communicatif. « Voilà, j'ai 42 ans, je suis basé en région parisienne, employé dans une multinationale en charge de la transformation financière et investisseur à Douala et Yaoundé au Cameroun. » Il ne compte plus les allers-retours entre la France et son pays d’origine pour concrétiser ses ambitions entrepreneuriales. « C'est vraiment l'envie d'impacter. »

C’est cette volonté qui l’a poussé à créer une application de mise en relation entre chauffeurs-livreurs et acteurs de l'e-commerce. Il va jusqu’à fournir des motos aux livreurs. Mais démarrer n’a pas été simple, comme il le raconte.

« Beaucoup d'entrepreneurs vont vous parler de ressources, du manque de ressources. Moi, dans mon cas, je dirais, il y a d'abord un manque de cadre d'accompagnement. Il n'y a pas toujours les relais gouvernementaux qu'on va attendre. Il n'y a pas toujours la compétence. Aujourd'hui, c'est un pays qui est en train de se vider de ses talents qui vont au Canada, qui vont ailleurs. Moi, j'ai eu deux gérants très compétents qui ont dû quitter le pays du jour au lendemain pour des raisons personnelles. Ils sont là les premiers problèmes qu'on a avant le financement. Le financement reste un réel souci, mais avant ça, il y a d'autres problèmes qui sont encore plus importants. »

L’accompagnement, levier de réussite

Face à ces difficultés, il a décidé de se tourner vers un incubateur, une fois son projet mieux structuré. Une décision qui a tout changé, affirme-t-il. « Je vais être très clair, sans incubateur, tout ça aurait été impossible. On a pu lever des fonds assez conséquents qui nous permettent de financer l'activité et d'aller davantage plus loin. On a signé des partenariats stratégiques avec Spirou, qui est le géant indien de la moto électrique en Afrique. Le projet aujourd'hui a atteint un niveau de maturité qu'on n'aurait jamais atteint si on n'avait pas été accompagnés. »

La diaspora africaine est aujourd’hui une cible de plus en plus stratégique pour les incubateurs et les bailleurs de fonds. Une évolution récente, selon Olivier Bossa, président du SIAD, une association de solidarité internationale qui accompagne les porteurs de projets via son incubateur Résonance Nord/Sud. « Je ne vais pas dire "maltraitée", mais elle était toujours considérée comme une statistique. Le plus souvent, on disait oui. L'envoi de la diaspora dépassait pratiquement l'aide au développement. Mais en fait, je pense que c'était une méconnaissance de cette cible. Et je pense que beaucoup d'États commencent par prendre conscience du potentiel de cette diaspora, qui n'est pas juste des investisseurs dans l'immobilier ou qui font juste des transferts d'argent, mais plutôt des entrepreneurs. Ce sont avant tout aussi des patriotes. Même s'ils ont vécu beaucoup plus de temps à l'extérieur, ils ont quand même envie de contribuer au développement de leur pays. Et c'est cette prise de conscience qu'il faut avoir pour mieux les accompagner. »

Cette dynamique se reflète aussi dans les financements : la Banque africaine de développement consacre désormais 5 millions de dollars à un programme de soutien aux PME locales au Mali, au Togo et à Madagascar.

Auteur: RFI

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