Dette, déficit et mobilisation des ressources : L’État sénégalais face à des défis colossaux
Depuis l’installation du nouveau gouvernement, le Sénégal a mobilisé plus de 10 200 milliards F CFA, dont plus de 6 000 milliards ont été consacrés au remboursement de la dette, selon l’économiste Mor Gassama, invité de l’émission "Seneweb Éco", ce dimanche 24 août. Un effort nécessaire pour « honorer les engagements » de l’État et éviter une perte de confiance des marchés.
Le déficit budgétaire, initialement estimé à 6 %, atteindrait en réalité plus de 12 %, tandis que le niveau d’endettement avoisinerait 99 % du PIB, avec des estimations pouvant grimper jusqu’à 119 %, dans l’attente des résultats d’un audit indépendant commandité par l’État en collaboration avec le FMI.
Malgré ce contexte préoccupant, la capacité de mobilisation interne demeure rassurante. « Chaque fois que l’État lance un appel au marché, l’objectif est atteint, voire dépassé », souligne l’enseignant-chercheur à l’INSEPS.
Ces appels à l’épargne publique ont permis de financer des secteurs clés comme l’agriculture, le numérique ou la santé, des investissements qui devraient générer des gains de productivité.
Enjeux des négociations avec le FMI
Le Sénégal vient de vivre une semaine cruciale avec la mission du Fonds monétaire international (FMI) présente à Dakar du 19 au 26 août. Pour Mor Gassama, invité de l’émission "CNEP-Éco", ces discussions « sont déterminantes pour restaurer la confiance et mobiliser des financements indispensables à la stabilité macroéconomique du pays ».
Il rappelle que cette mission doit, d’abord, clarifier le niveau d’endettement réel. « Aujourd’hui, les chiffres varient entre 99 % et 119 % du PIB. L’audit indépendant commandé par l’État, en accord avec le FMI, doit permettre de fixer définitivement ce niveau », explique l’économiste.
Cette transparence est, selon lui, « essentielle pour rassurer les investisseurs et les partenaires financiers », qui conditionnent souvent leur soutien à des données fiables.
La mission du FMI discute également d’un nouveau programme aligné sur le plan de redressement du gouvernement, ainsi que des premiers résultats de l’audit de la dette. Parmi les sujets sensibles figurent la maîtrise du service de la dette, la rationalisation des dépenses publiques et le ciblage des subventions à l’énergie.
Sur ce dernier point, le gouvernement souhaite éviter une suppression brutale, privilégiant « un ciblage intelligent » afin de protéger les ménages vulnérables tout en réduisant la charge budgétaire. En 2022-2023, ces subventions ont coûté près de 750 milliards F CFA, dont « près de 80 % ont profité aux ménages les plus aisés », déplore M. Gassama.
Le Sénégal plaide donc pour un ciblage plus précis afin d’alléger la pression sur les finances publiques sans pénaliser les foyers vulnérables. « Le FMI, de son côté, souhaite une réduction progressive. Il faudra trouver un équilibre pour éviter un choc social », avertit l’économiste.
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