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Le procès anniversaire

Auteur: Aliou Ndiaye

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Semaine de réquisitoire et de plaidoirie, les sept prochains jours ouvrent un tribunal nouveau dans l’histoire haletant de notre jeune nation. Le procès anniversaire de l’Alternance commence à un moment symbolique, révélateur et déterminant. La tension entre les parties atteint un niveau proche de la rupture. Les sujets et les facteurs de discorde semblent se démultiplier. L’énergie, l’école, la politique, l’agriculture, les entreprises, la santé, partout sourd un long murmure de réprobation. Cette multitude contestataire peut être factorisée. Elle est la conséquence prévisible d’un état d’esprit et d’un esprit d’Etat. Le Sénégal a des cours et des tribunaux, mais il n’a pas de justice. Exit le principe de l’égalité des citoyens devant la loi. Au mépris du devoir minimal de sauver les apparences, les détenteurs de la puissance publique écrasent tout et tout le monde. Sans entraves et sans contrepoids, ce vandalisme institutionnel mène à l’abus, à la folie. L’arbitraire est la démence du pouvoir. Le hasard fait décidément bien les choses. Le vendredi 18 mars prochain s’ouvre à Dakar le procès de l’entrepreneur Bara Tall. L’histoire retiendra le caractère inique, injuste et scandaleux de la procédure. Les parties au procès vont requérir et plaider. Le juge rendra une décision devant les hommes. Mais que tout le monde se rassure ! Cette sentence n’est rien. Le verdict du tribunal de l’histoire sera encore plus implacable pour nous sénégalais. Prenez l’exemple de la Cote d’Ivoire ! Le juge Yao Ndré est bien le déclencheur ultime de la guerre civile, des tueries d’Abobo et des autodafés Abidjanais. Les ivoiriens n’en sont pas moins responsables dans leur grande majorité. Des querelles de clans et des batailles de positionnement les ont éloignés d’un principe intangible : la primauté des intérêts supérieurs de la nation. Le vendredi, des pouvoirs de destruction occultes tenteront d’enterrer l’un des fleurons du BTP au Sénégal. Ce procès est une cérémonie funéraire. La fin probable de la lente agonie d’une entreprise visée par une opération de destruction scandaleuse, immorale et puérile. Les parrains, les exécuteurs et les nettoyeurs forment depuis le début de l’alternance une coalition interlope de tueurs à gage et de délinquants à col blanc. On les voit le matin faire la cour aux entreprises américaines. La nuit, entre chiens et loups, ils tentent d’étrangler des sociétés sénégalaises. Mais quand on prend le parti de se venger à tort, il faut, aussi, avoir la lucidité de creuser des tombes. Ces enfants de la politique ont un grand tort. Ils considèrent le pouvoir comme un simple bâton et la justice comme une lanière. Le code pénal est un livre qui ne doit contenir que les moyens de circonscrire les éléments indociles de la société. La semaine dernière, « Sud Quotidien » a apporté une autre preuve du mépris et de la méprise. En conseil des ministres, le gouvernement a proposé une modification de la loi pour un traitement discriminatoire des dossiers de blanchiment d’argent. Désormais, le procureur ne devrait plus transmettre le dossier directement au juge d’instruction comme stipulé par les lois communautaires. Le régime libéral veut laisser au parquet, donc au ministre de la Justice, le pouvoir de décider de l’opportunité des poursuites. C’est un recul grave. Le simple fait de d’envisager cette modification est un aveu de culpabilité circonstancié. Les mots du ministre porte parole du président de la République prennent tout leur sens. Serigne Mbacké Ndiaye avait averti : si le Pds perd le pouvoir, beaucoup d’entre eux, se retrouveront en prison. En attendant, ils semblent vouloir se donner les moyens de ne jamais répondre à la convocation d’un juge d’instruction. Cette désinvolture est comme un braquage ou une agression en plein jour et en pleine rue. Elle participe aussi du vandalisme institutionnel. Cette violence s’exerce au quotidien sur les citoyens sénégalais. Au tribunal des nations, notre mère patrie est, tous les jours, reconnue coupable d’infanticides. Un maçon prend dix ans de prison pour avoir transporter quelques grammes de chanvre indien. Un ministre obtient protection après avoir été épinglé par un rapport de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financiéres. Boubacar Kambel Dieng obtient des miettes d’indemnisation après son agression par des agents de la force publique. Sidy Lamine Niasse reçoit 400 millions de F Cfa. Toutes ces contradictions atteignent le point de rupture définitive. Un bruit trouble notre terre. Et de partout, on entend sourdre un vague tocsin. Abdoulaye Wade e raison. L’histoire ouvre un nouveau registre. Il faut du courage et de la lucidité pour aller s’inscrire.
Auteur: Aliou Ndiaye
Publié le: Lundi 14 Mars 2011

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