Au moment où en France l’on porte plainte contre la première concubine du président François Hollande, ou la « first lady girl » comme le disent si bien les américains ; au Sénégal, de plus en plus l’on se pose des questions sur l’implication de la première dame dans les nominations des fonctionnaires de l’Etat. Ces deux cas de figure ont ceci de commun qu’elles posent ou reposent le statut de la femme du chef d’un Etat quelconque. A-t-on besoin d’une première dame ? Qu’est-ce qui peut bien lui valoir tous ces honneurs ?
En France, alors que la première plainte de Xavier Kemlin a été déboutée, la seconde n’a pas été plus fructueuse. Cependant, à y voir de près, l’on reconnaitra aisément que ce monsieur n’a pas eu tord de porter plainte contre Valèrie Trierweiler, la première concubine de François Hollande, le chef de l’Etat français. En effet, qu’est ce qui peut bien justifier toutes les faveurs qu’elle bénéficie auprès de son amant président, alors que rien de juridique ne les lie ? Est-ce que comme le stipule Mr Xemlin, les impôts que les français payent « peuvent servir à loger, blanchir, vêtir, payer les voyages ainsi que le personnel d'une dame avec qui la nation n’a aucun lien juridique ? »
Ne pourrait-on pas accuser cette dame, comme il le dit si bien de recel, de détournement de fonds, d’employer du personnel aux fonctions «pas clairement définies» à la charge de l'Etat et d'occuper des locaux à l'Elysée ? Toutes ces récriminations sont logiquement recevables. Elle n’est pas l’épouse du Chef de l’Etat, alors pourquoi une nouvelle fois, toutes ces faveurs ?
Quand bien même serait-elle l’épouse d’un chef d’Etat, comme Marième Faye SALL, qu’est-ce qui peut bien justifier qu’une épouse d’un chef d’Etat puisse bénéficier d’une fondation où des milliards du contribuable sénégalais sont engouffrés, sans coup férir ? Moi, le sénégalais, c’est cette plainte que je voudrais porter contre la première dame du Sénégal !
Dans une tentative de justifier les agissements de la « ndanaane » de la fille de Ouza, Adiouza, le quotidien « Enquête » a eu à publier une contribution d’un monsieur, un inconditionnel de la première dame en ces termes « c’est elle, celle qui est peu bien traitée par les médias, qui aide son mari président à garder les pieds sur terre et la tête sur les épaules. De fait, Marème Faye n’a pas plus de pouvoirs qu’en avait Viviane Wade, qui avait des fonds politiques de plusieurs centaines de millions de francs et avait un cabinet avec sa pléthore de gardes du corps et de servantes. Elle n’en a pas plus qu’en avait Elisabeth Diouf, avec sa fondation et ses amis. Mais les Sénégalais doivent d’abord apprendre à vivre avec une première Dame comme eux, une sénégalaise bon teint qui aime aller au marché sans être accompagnée. C’est peut-être ce qui les éructe en premier, au lieu de les rendre fiers ».
Moi, un Sénégalais, ce qui m’a toujours éructé et continue de m’éructer avec les premières dames concubines ou épouses, c’est que je n’arrive toujours pas à comprendre, pourquoi on ne se rebiffe pas quand elles utilisent les deniers publics sans aucune justification, ni légale, ni rien ? Alors que s’il s’agit d’un enfant du chef de l’Etat, on est là à épiloguer de midi à quatorze heures ? Les premières dames ne sont ni dans le gouvernement, ni dans aucune structure étatique, alors qu’est-ce qui peut bien encore justifier le fait qu’elles aient tout un budget, des locaux, une logistique, sans parler de leur garde-robe ?
Au Sénégal, on avait beaucoup salivé sur Karim et Sindjéli, parce qu’ils géraient des deniers publics, mais jamais on n’avait eu à saliver autant sur les fonds dont disposait Viviane La Vivi ? Avec Macky, ses enfants ne gèrent rien. Mais sa femme a à sa disposition, avec toute sa famille, des deniers publics. Elle distribue à gauche et à droite, avec sa fondation « Se servir du Sénégal », de l’argent qui ne lui appartient pas. Mais, quand est-ce que va-t-on en parler, au pays des parleurs et des haut-parleurs ? Parlons-en s’il vous plait ? Si on n’en parle pas, avant le Ramadan, après le ramadan, quand j’aurais retrouvé toutes mes forces, je porterais plainte contre Madame Marième Faye SALL et sa fondation « se servir du Sénégal », pour détournements de fonds, détournements d’objectifs, recel, faux et usages de faux, parce que tout cela n’est pas prévu par la constitution, ni par aucun texte légal de ce pays ? Si je me trompe, réveillez- moi ! C’est une habitude fâcheuse que nos pays ont apprise à avoir et qui ne rime à absolument rien !
On peut bien comprendre qu’avec le salaire de son mari, elle puisse s’en servir et servir le Sénégal. Mais, avec l’argent des sénégalais, comment peut-elle « servir le Sénégal » ? En redistribuant aux sénégalais cet argent ? Possible, mais j’espère tout simplement qu’elle n’est pas payée pour cela, ni toute sa cour qu’elle a réuni dans sa fondation.
Le Sénégal n’a aucun lien, ni juridique, ni politique, ni autre ique avec une première dame. Le statut de première dame n’est pas non plus une institution. Imaginez que le prochain chef de l’Etat sénégalais soit ma femme, pensez-vous que je serais le premier homme du Sénégal ? Que j’aurais ma fondation ? Alors, pourquoi cette faveur aux femmes ? Pour une véritable égalité homme et femme, le statut de première dame devrait sauter. Le peuple élit un homme ou une femme comme son chef, son président, mais pas un homme et une femme, sauf s’il s’agit de siamois ou d’hermaphrodite !
En attendant la fin du ramadan et que je termine de rédiger ma plainte, cette contribution me sert de complainte pour demander une fois de plus à tout le monde, mais qu’est-ce qui peut bien nous lier à une première dame ? Même si elle est sénégalaise de bon teint. La gouvernance « sobre et vertueuse » de Macky SALL commence à bien nous taper sur le système nerveux. Partout dans le pays, on se serre la ceinture jusqu’à ce que le ventre et le dos se confondent, et l’on continue de nous narguer avec des mots creux et des tartufferies. Alors Famille « Fayçal », sachez que nous vous avons à l’œil !
Voilà, je suis soulagé de m’être enfin décidé à dire ce que je retenais depuis longtemps…en attendant que quelqu’un le fasse !
Mamadou Moustapha WONE
Sociologue
BP : 15812 Dakar-Fann Sénégal
moustaphawone@voila.fr
Sénégal
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