MSGBC 2025 : QUELS ENJEUX POUR LE SÉNÉGAL (Par Assane Ndir)
Le bassin MSGBC est un acteur émergent de premier plan sur la scène énergétique mondiale, avec un potentiel non seulement en termes de ressources (pétrole et gaz), mais aussi pour catalyser la croissance économique, l'intégration régionale et la souveraineté énergétique de l'Afrique de l'Ouest
“MSGBC” est l’acronyme des pays du bassin : Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée-Conakry.
Lancé à Dakar en 2021, le MSGBC Oil, Gas C Power est une conférence/exposition — une plateforme régionale réunissant États, compagnies, investisseurs, experts, institutions financières, autour du pétrole, du gaz, de l’électricité, des mines et de l’énergie en général.
L’édition du MSGBC 2025 organisée par le Sénégal présente plusieurs enjeux pour le pays et pour la région couvrant le bassin, en général.
Un des rôles majeurs de MSGBC 2025 est de favoriser la coopération transfrontalière dans le secteur énergétique — entre gouvernements, compagnies pétro-gazières, investisseurs, bailleurs.
La région MSGBC est présentée non seulement comme un bassin géologique, mais comme une "communauté de destins" — une ambition d’intégration, de synergie pour faire des ressources naturelles un levier de développement partagé.
Les découvertes de GTA (à la frontière du Sénégal et de la Mauritanie avec 15 Tcf de gaz récupérable), de Sangomar et Yakaar–Teranga (au Sénégal avec 630 millions de barils de pétrole et environ 25 Tcf de gaz) et de BirAllah (en Mauritanie entre 100 et 138 Tcf de réserves de gaz naturel récupérable) ont révélé que le bassin MSGBC :
Ces projets structurants placent le Sénégal et la Mauritanie au cœur de la dynamique énergétique ouest-africaine, avec un rôle croissant sur les marchés du gaz, du pétrole et de l’électricité.
Les découvertes au Sénégal et en Mauritanie montrent une présence d’hydrocarbures dans le
bassin MSGBC.
En Mauritanie, des gisements de gaz comme BirAllah — ainsi que d’autres blocs en cours d’exploration — sont considérés comme prometteurs.
En Guinée-Conakry, le pays est de plus en plus perçu comme une « nouvelle frontière pétro- gazière » : des appels d’offres récents couvrent plusieurs blocs on-shore et off-shore, avec des études sismiques et des données montrant des analogies géologiques fortes avec des bassins pétroliers à succès ailleurs dans le monde.
Pour la Guinée-Bissau, des licences offshore(blocs comme Sinapa/ Esperança) sont en cours d’exploration, avec des espoirs de découverte de pétrole, parfois proches géographiquement des zones déjà productives (comme Sangomar au Sénégal).
La densité des données sismiques dans certaines zones (2D/3D) — combinée aux récents succès — renforce l’idée que de nombreuses réserves restent à découvrir.
Le bassin MSGBC est décrit comme un des « systèmes pétroliers les plus potentiels » le long de
la côte atlantique d’Afrique de l’Ouest — selon certaines analyses d’experts.
Même après des décennies d’exploration, beaucoup de blocs restent inexploités ou sous- explorés, ce qui laisse la porte ouverte à de nouvelles découvertes — d’où l’importance des récentes campagnes sismiques et des appels d’offres.
Le Sénégal, désormais pionnier de l’exploration et de l’exploitation pétro-gazière dans la région, est appelé à jouer un rôle moteur au sein du bassin MSGBC. Pour asseoir ce leadership, le renforcement de PETROSEN est essentiel : une compagnie nationale solide, dotée d’une expertise technique de haut niveau et de capacités financières robustes, lui permettra non seulement de s’imposer comme un acteur incontournable, mais aussi de conduire l’agenda énergétique régional avec maîtrise et ambition.
Dans cette dynamique, un partenariat stratégique entre les compagnies nationales des États du bassin MSGBC apparaît non seulement pertinent, mais indispensable. Une telle alliance permettrait de mutualiser les expertises, renforcer la gouvernance régionale et affirmer une véritable souveraineté collective sur les ressources du sous-sol. À terme, cette coopération garantirait que l’exploitation des hydrocarbures du bassin se fasse dans l’intérêt exclusif des populations, en maximisant les retombées économiques et en sécurisant le contrôle régional sur la chaîne de valeur énergétique.
Le bassin MSGBC recèle d’importants gisements offshore et de nombreuses opportunités dans l’exploration, la production, le raffinage, l’électricité, les infrastructures. MSGBC 2025 vise à attirer capitaux, partenaires techniques et financiers pour concrétiser ces projets.
Pour des projets offshore majeurs comme Yakaar-Teranga ou BirAllah, les besoins en capital sont considérables — tant pour le forage des puits que pour les infrastructures (plateformes, pipelines, liquéfaction, export, etc.).
L’intérêt d’investisseurs internationaux (majors, fonds, banques, partenaires stratégiques) est déterminant — mais pour attirer ces capitaux, ces projets doivent afficher des réserves solides, un cadre réglementaire stable, et une vision claire pour l’usage du gaz (domestique, industrie, export).
Ces deux gisements représentent un investissement total d’environ 21 milliards USD, dont 4 milliards USD pour la première phase de Yakaar-Teranga. Toutefois, le choix d’orienter prioritairement le gaz vers le marché domestique semble réduire l’appétit des majors, traditionnellement attirées par les projets à forte vocation export.
Dès lors, une question centrale se pose : quelles alternatives s’offrent aux deux États pour mobiliser les financements nécessaires et sécuriser le développement de ces projets stratégiques ?
Face à la prudence des majors, la solution pour le Sénégal ne réside pas dans l’attente, mais dans la diversification des partenaires et des mécanismes de financement. En renforçant la compagnie nationale PETROSEN, en ouvrant davantage la porte à des NOC expertes (Qatar Energy, Petronas, Sonatrach), et mid-tier companies à forte appétence gaz, en mobilisant les banques de développement (BAD, Banque Mondiale, IFC, BOAD) et les fonds souverains, et
en adoptant un modèle hybride combinant approvisionnement domestique (Contrats de paiement adossés aux ventes d’électricité : Power Purchase Agreements – PPAs) et export ciblé, l’État peut sécuriser le financement de Yakaar-Teranga. Couplée à une coopération régionale accrue dans le bassin MSGBC, cette stratégie permettrait au Sénégal de maîtriser sa souveraineté énergétique tout en garantissant le développement de projets structurants pour son économie.
Il ne faut pas perdre de vue les retombées colossales qu’offre une exploitation pleine et entière de Yakaar-Teranga : entre 3 et 4 points de croissance supplémentaires du PIB par an, une véritable transformation du rythme économique du pays. Le projet pourrait également générer 500 à 700 emplois directs hautement qualifiés, auxquels s’ajouteraient 15 000 à 20 000 emplois indirects, renforçant durablement la dynamique industrielle et sociale du Sénégal.
Dans le cadre du bassin MSGBC, ce type de projet est d’autant plus stratégique qu’il peut servir de locomotive régionale — et que les retombées (emploi, énergie, recettes) profitent aux pays concernés.
Le MSGBC 2025 constitue une vitrine exceptionnelle pour le Sénégal : c’est l’un des rares espaces où se rencontrent investisseurs internationaux, majors, NOCs, fonds souverains, institutions financières et porteurs de projets. Pour transformer cette plateforme en véritable levier d’attraction d’investissements, le Sénégal peut agir sur plusieurs axes clés :
région, et son influence dans les décisions énergétiques et minières ouest-africaines.
Assane Ndir Inspecteur du Trésor
MBA en Économie et Management du Pétrole et du Gaz lebugui@gmail.com
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