La lutte contre le cancer du col de l’utérus prend une nouvelle dimension dans le nord du Sénégal. La Société sénégalaise de colposcopie et de pathologie liée au papillomavirus (SSCPP), en partenariat avec le Projet de résilience et de développement communautaire de la vallée du fleuve Sénégal (PRDC-VFS), a organisé une grande caravane de sensibilisation, de formation et de dépistage dans les départements de Saint-Louis, Podor et Kanel. 

Pendant trois jours, des équipes médicales et sociales ont multiplié les activités pour rapprocher les soins des populations.

Former pour assurer la continuité des soins

 Selon le docteur Mor Cissé, gynécologue obstétricien et membre de la SSCPP, ces journées ont permis d’agir simultanément sur plusieurs fronts. « Depuis trois jours, nous menons une campagne de sensibilisation, de formation et de dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus dans les districts de Saint-Louis, Podor et Kanel. Le cancer du col est un véritable problème de santé publique : plus de 600 000 nouveaux cas et 300 000 décès sont enregistrés chaque année dans le monde. Au Sénégal, on compte près de 1 900 décès annuels, soit quatre morts par jour », a-t-il rappelé.

L’objectif est de renforcer les capacités des prestataires locaux afin de garantir la continuité des soins indépendamment de la présence de la SSCPP. « Nous avons formé 105 femmes dans les trois sites. Depuis le lancement du dépistage, nous avons accueilli 705 patientes et détecté plusieurs lésions précancéreuses, toutes prises en charge sur place », souligne le Dr Cissé, insistant sur l’importance du dépistage précoce : « Le cancer du col de l’utérus ne se déclare pas du jour au lendemain. Il existe toujours des phases précancéreuses que nous pouvons détecter et traiter. »

Un projet national axé sur la résilience et l’inclusion

Babacar Dia, expert en développement social et genre du PRDC-VFS, rappelle que cette caravane s’inscrit dans une dynamique plus large. « Le PRDC est un projet de l’État du Sénégal financé par la Banque mondiale. Il intervient dans trois régions et 44 communes, dont Saint-Louis, Matam et Bakel. Au-delà des infrastructures communautaires que nous finançons, nous avons également des engagements sociaux, environnementaux et liés aux violences basées sur le genre », explique-t-il.

L’implication de toutes les couches sociales est un pilier du projet

« Nous veillons à ce qu’aucune discrimination ne touche les femmes, les jeunes, les enfants ou les personnes vivant avec un handicap. C’est dans ce cadre que nous avons établi un plan de réponse contre les violences basées sur le genre et que nous soutenons des activités permettant aux femmes d’accéder à des soins de qualité », affirme M. Dia.

Il rappelle que cette caravane est la suite d'autres initiatives, notamment un camp médical organisé à Bakel et une action menée durant Octobre Rose.

« Nous avions constaté que beaucoup de femmes se faisaient dépister en octobre, mais que le suivi et la prise en charge faisaient défaut. D’où la nécessité d'organiser une activité plus complète incluant le matériel, le personnel formé et la prise en charge immédiate des lésions précancéreuses », souligne-t-il.

Le PRDC-VFS prévoit également un appui pour les femmes atteintes de cancer avéré. « Le projet mettra des moyens à disposition pour permettre aux patientes nécessitant une chimiothérapie d’être orientées et prises en charge à Dakar ou à Touba », précise Babacar Dia.

Cette caravane illustre l’approche inclusive et participative du PRDC-VFS, qui implique toutes les parties prenantes locales dans la mise en œuvre des interventions destinées à renforcer la résilience des communautés.

En combinant sensibilisation, dépistage, formation et prise en charge, les organisateurs espèrent réduire significativement la mortalité liée au cancer du col de l’utérus dans le nord du Sénégal et améliorer l’accès des femmes aux soins essentiels.