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Massacre du 28 septembre 2009 : Sékouba Konaté défie Dadis Camara devant la CPI

Auteur: Fatima SYLLA

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Massacre du 28 septembre 2009 : Sékouba Konaté défie Dadis Camara devant la CPI

Quinze ans après le carnage du 28 septembre 2009, qui a fait plus de 150 morts et des centaines de blessés lors d'une manifestation pacifique au stade du 28-septembre, le général Sékouba Konaté ravive les braises d'un dossier toujours en suspens. Dans une interview exclusive accordée à Vox Africa, l'ancien président de la transition guinéenne (2009-2010), surnommé « le Tigre », n'a pas mâché ses mots : il est prêt à affronter Moussa Dadis Camara, l'ex-chef de la junte militaire, devant la Cour pénale internationale (CPI). Une déclaration qui relance le débat sur la justice et la réconciliation, alors que le jugement en appel du procès national traîne encore les pieds.

Konaté, qui a succédé à Dadis Camara à la tête du pays après l'attentat contre ce dernier en décembre 2009, n'y va pas par quatre chemins. « Même si le Président [Mamadi] Doumbouya lui a accordé une grâce présidentielle, ce n’est pas mal. Mais je voudrais que la CPI reprenne ce problème-là. Qu’on se retrouve là-bas. On verra qui va rester, qui va partir », lance-t-il, le ton chargé de défi. Absent de Conakry au moment des faits – « à plus de 1 000 km de la capitale », jure-t-il –, il accuse Dadis d'avoir orchestré le massacre et d'avoir menti sous serment lors du procès guinéen, ouvert en 2022 et clos en juillet 2024 avec des peines de dix à vingt ans pour plusieurs co-accusés, dont l'ancien chef de la junte, acquitté en première instance mais dont l'appel est en attente.« C’est lui qui a donné les ordres », martèle Konaté, pointant du doigt Dadis pour avoir « tenté de salir [son] honneur » en le désignant comme complice lors des audiences.

Une accusation réciproque : en 2022, Dadis avait déjà retourné le procès contre Konaté et l'ancien président Alpha Condé, les accusant d'avoir monté un « complot » pour le destituer. Konaté, qui avait déjà déposé en 2014 une liste de commanditaires présumés auprès de la CPI – incluant des membres du CNDD, la junte de Dadis –, réaffirme sa détermination : « Tant qu’il ne dit pas la vérité, on voudrait que la CPI s’empare de ce dossier. Entre lui et moi, rien n’est fini. Ça ne fait que commencer. Nous allons harceler la CPI pour qu’elle reprenne ce dossier en main. »

Malgré la grâce accordée par le président de la Transition Mamadi Doumbouya en 2023, qui a permis le retour de Dadis du Burkina Faso et évité une extradition, Konaté balaie l'idée d'une réconciliation sans vérité. « Nos enfants vivent, ils doivent connaître la vérité. C’est lui qui doit la rétablir devant l’histoire. Le président nous a réconciliés, certes, mais qui est allé mentir sur moi à la barre ? » Ses mots résonnent comme un appel aux victimes et à la communauté internationale : la CPI, qui avait qualifié les événements de « crimes contre l'humanité » en 2010, pourrait-elle rouvrir le dossier ?

Des associations comme l'Avipa (Association des victimes, parents et amis) et la FIDH (Fédération internationale des droits de l'homme) suivent de près ces déclarations, espérant un sursaut judiciaire.Le général, qui vit désormais aux États-Unis, conclut sur une note implacable : « Partout où il est, qu’il sache que la lutte continuera et que ce problème ira jusqu’à la CPI. » Une bataille judiciaire et morale qui, loin d'être close, pourrait bien transcender les frontières guinéennes et exposer les failles d'une transition hantée par son passé sanglant.

Auteur: Fatima SYLLA
Publié le: Mercredi 15 Octobre 2025

Commentaires (1)

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    ali il y a 4 heures

    encore des puschists insconscients et incompetents qui bloquent le developement de l'afrique.

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