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Sénégal, de l’intelligence artificielle sur ardoise ?

Auteur: Mbaye Sadikh

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Sénégal, de l’intelligence artificielle sur ardoise ?

Le ministère de l’éducation nationale a décidément un problème de planification et de cohérence dans ses décisions. La preuve par les deux dernières mesures prises par ce département. Dans un communiqué rendu public le jeudi 18 septembre, le ministre Moustapha Guirassy a invité l’école sénégalaise à adopter l’intelligence artificielle. «…le Ministère de l'Éducation nationale (MEN) encourage, dès cette rentrée, l'intégration progressive, éthique et inclusive de l'IA dans les pratiques pédagogiques », dixit le communiqué. 4 jours plus tard, le département sort une autre note pour interdire l’usage du téléphone à l’école. Deux décisions contradictoires en 96 heures. 

Dans son appréciation des faits, la Cosydep n’a pas manqué de relever ce paradoxe. « Dans son analyse, la Coalition a constaté que la circulaire sur l’usage du téléphone intervient quelques jours après celle sur l’introduction de l’Intelligence artificielle à l’école. Ce constat invite à mettre en cohérence ces deux mesures ».

Lorsque le ministre encourage les acteurs à adopter l’IA, il sait que les conditions sont loin d’être réunies pour donner les mêmes chances à tous les élèves. Dans le communiqué, on note d’ailleurs une absence de précision. Faut-il commencer par le lycée, le Cem ou l’école primaire ? Ou alors c’est tous les ordres d’enseignement à la fois ? Rien de précis. Pourtant, si l’on prend le cas de l’école primaire, il y a de nombreux établissements qui n’ont pas de salle informatique, ici au cœur de Dakar. Quant à l’intérieur du pays, n’en parlons même pas, car des Cem et des lycées peinent à avoir ne serait-ce qu’un seul ordinateur. D’autres écoles ne savent pas ce que connexion veut dire puisque n’ayant pas accès à l’électricité. 

Comment dans ces conditions introduire l’IA dans les pratiques d’enseignement ? On se dit que le seul outil qui permet de toucher le maximum d’élèves reste le téléphone, même si celui aussi laissera de côté des milliers d’élèves. Le ministère lui-même semble aller dans ce sens dans son argumentaire. « Les usages populaires d'outils comme WhatsApp, même dans les zones reculées, montrent qu'il existe toujours des possibilités ponctuelles de connexion et d'accès à l'information ».

Mais voilà que le ministère vient interdire l’usage du téléphone à l’école. On se demande alors de quelle expérience sur whatsapp parle-t-il ? Y aura-il au Sénégal une application whatsapp au tableau ou sur les tables-bancs ? Serait-il possible de faire de l’intelligence artificielle sur ardoise ? On ne comprend plus rien.

Il s’y ajoute que la décision semble sortir d’un coup de tête. Le ministère avait toutes les vacances et même toute l’année scolaire écoulée pour non seulement poser le débat, mais identifier les actes à poser pour rendre l’usage de l’IA effective à la rentrée prochaine. Au lieu de cela, Moustapha Guirassy et ses hommes ont attendu jusqu’à deux semaines de l’ouverture des classes pour annoncer la décision. Et ils veulent faire croire à l’opinion qu’il est possible de tout mettre en œuvre d’ici octobre. 

Par exemple, le ministère annonce un programme de formation de 105 000 enseignants à partir de ce mois de septembre. Or, à la date d’aujourd’hui 25 septembre, rien n’a été fait dans ce sens. On se demande alors de quel septembre parle-t-on. Même les enseignants censés appliquer la mesure sont pris de court. 

Le ministre annonce également, la distribution « dans les prochains jours » de 5 000 ordinateurs pour les élèves de 1ère et de Terminale en séries S1 et S3. Le cas de l’UVS et d’autres initiatives comme ‘’un étudiants, un ordinateur’’ montrent combien ce processus est lent et peut prendre des mois. C’est dire donc que les mesures d’accompagnement, ce n’est pas pour demain du fait d’une impréparation. Tout ceci sans compter le fait que le choix porté sur les séries scientifiques exclut les élèves littéraires des opportunités de l’IA.

Malheureusement, le ministre de l’éducation commence à nous habituer à des décisions qui semblent sortir d’un coup de chapeau. L’an dernier, c’était pareil avec l’introduction de l’anglais à l’école primaire. Guirassy avait attendu la rentrée scolaire pour annoncer la mesure. Et c’est à partir du mois d’octobre qu’il fallait choisir les enseignants intéressés, les former et en même temps discuter des modalités. On se rappelle que les discussions avaient buté sur ce dernier point et que finalement les enseignants étaient divisés en deux camps. Sans compter le retard accusé dans le démarrage.

Il en est de même des lycées armées-nations. On se réveille un beau jour et on décide que les lycées techniques déjà construits (Kaffrine, Sédhiou…) et qui doivent être fonctionnels à la rentrée ne sont plus en fait ce pourquoi ils ont été érigés. Ils seront désormais des lycées armée-nation, sans qu’on ne sache le contenu réel en dehors du fait qu’on veut y enseigner le civisme, le patriotisme et les vertus militaires. 

On détourne ainsi des lycées techniques de leur vocation première sans concertation et sans explication plausible. 

Certes, il faut reconnaître que sur pas mal de questions, le ministre est en dialogue avec les acteurs de l’école. Il se montre plus ouvert que beaucoup de ses prédécesseurs. Il doit donc garder ce cap sur les décisions majeures au lieu de les annoncer sans concertation et surtout sans aucune préparation et parfois donc sans aucune cohérence. 

Auteur: Mbaye Sadikh
Publié le: Jeudi 25 Septembre 2025

Commentaires (3)

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    Khel ak Khalat il y a 1 jour

    Y'a pas de chercher de midi à 14h le constat est simple Madiambal qui est entrain de me lire c'est très bien qu'il est au fond foin de la brousse pour se faire des bains mystique et tuant des animaux comme sacrifice. Tout ceci pour essayer d'echapper à la prison. Vu qu'il a etais Surprit il ne s'est pas préparé à temps. Voilà toute l'histoire, il se pointera dans une semaine disant qu'il avais des dossiers à régler et qu'il etais impératif qu'il le fasse avant de répondre aux enqueteurs. Mais il ne s'est pas que se mystisisme ne le feras pas sortir de l'affaire. Il vont meme reprendre sa maison qu'il est entrain de costruire au mamel

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    Thies il y a 1 jour

    Toi t‘as certainement oublié de prendre tes médicaments ce matin. Décidément, il y’a trop de malades mentaux en errance dans ce pays!

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    sow il y a 1 jour

    Vous semblez confondre dynamisme réformateur et « décisions improvisées ». Le ministère de l’Éducation nationale n’a jamais prétendu que l’intégration de l’intelligence artificielle se ferait en 48 heures ni que l’usage du téléphone portable à l’école était la condition sine qua non pour y arriver.

    L’interdiction du téléphone répond à une exigence pédagogique claire : protéger les élèves des dérives et recentrer l’école sur sa mission. L’introduction de l’IA, elle, relève d’une vision à long terme, progressive, accompagnée d’un programme de formation et d’équipements. Les deux mesures ne sont pas contradictoires, elles relèvent simplement de registres différents.

    Critiquer est aisé ; construire demande un peu plus de rigueur intellectuelle. Avant d’accuser d’impréparation, il serait judicieux de distinguer entre une annonce stratégique et une mise en œuvre opérationnelle.

    En clair : la volonté politique est posée, le reste suivra par étapes. L’école sénégalaise mérite mieux que des procès d’intention.

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    Galass il y a 1 jour

    Réponse à Khel ak Khalat : simple question d'un Sénégalais : Yaaga thioub la, wala xamm ngadj la ? Apparemment tu t'y connais en bain et libations dans les bois sacrés. Les vidéos sont disponibles montrant certains avec les femmes du bois sacré et non des moindres. Tu es mal placé pour parler de cela.

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