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Tribunal de Mbour : Quand l’ivresse devient la défense favorite des prévenus pour échapper à la prison

Auteur: Khady Ndoye

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Tribunal de Mbour : Quand l’ivresse devient la défense favorite des prévenus pour échapper à la prison

Hier, mardi 21 octobre 2025, au tribunal de Mbour, lors de l’audience des flagrants délits, plusieurs affaires distinctes ont été traitées, qui ont le même fil conducteur : l’alcool. Entre vols et bagarres, les faits mettent en lumière une tendance devenue quasi banale. L’ivresse est invoquée comme bouclier face à la justice. "J’étais ivre" est devenu un refrain lassant. Mais pour la justice, se saouler ne dédouane pas. Les condamnations tombent et les verres de trop ne servent pas d’alibi devant le juge.

L’un des prévenus à se présenter à la barre est S. F. Ndiaye. Il est poursuivi pour tentative de vol commis la nuit avec escalade. Selon le procès-verbal, les faits se sont déroulés vers 4 h, dans une concession où il s’était introduit discrètement pour s’emparer d’une moto. Mais sa tentative a tourné court. Repéré par les occupants des lieux, il a été appréhendé. Interrogé sur les raisons de son acte, S. F. Ndiaye a évoqué son état d’ébriété. "J’étais ivre, Monsieur le Président. Je ne savais pas ce que je faisais", s’est-il défendu.

Une réponse qui fait lever les yeux du magistrat, visiblement peu convaincu. Le prévenu ajoute avoir été passé à tabac par les habitants, ce qui lui aurait causé plusieurs blessures. Mais rien, selon le président, ne saurait justifier une telle intrusion nocturne.

Quant au prévenu nommé S. Ka, il est poursuivi pour vol à l’arraché avec usage de moyen de locomotion au préjudice de N. Sène.

Selon les faits rapportés à l’audience, S. Ka avait arraché le téléphone de sa victime avant de prendre la fuite. Malheureusement pour lui, la course fut de courte durée : il a été vite rattrapé et conduit au poste de police.

Mais c’est au moment de son transfert que la scène a pris une tournure inattendue. Alors qu’il était escorté vers le commissariat, un téléphone s’est mis à sonner dans la poche de son pantalon. Intrigué, N. Sène, la victime, a signalé le fait au policier, qui lui a demandé de décrocher. Au bout du fil, un certain M. Manga répond, furieux : lui aussi venait de subir un vol à l’arraché. La surprise fut totale. En une interpellation, les enquêteurs venaient de résoudre deux affaires. S. Ka dira lui aussi qu’il était ivre et ne savait pas ce qu'il faisait.

Visiblement excédé, le juge de s’insurger contre l’usage abusif de l’argument de l’ébriété. "C’est quoi votre problème avec l’alcool ? Chaque fois qu’on vous attrape, c’est la même chanson. L’ivresse n’efface pas le délit !".

Le verdict est tombé sans surprise : six mois de prison ferme pour S. Ka et 50 000 F CFA de dommages et intérêts à verser à la victime, N. Sène. Quant à Serigne Fallou Ndiaye, il sera fixé sur son sort mardi prochain.

À l’instar de ces deux prévenus, d’autres accusés entendus ce jour ou auparavant ont également tenté de se retrancher derrière leur état d’ébriété pour expliquer leurs délits.

Il y a quelques semaines, un prévenu répondait du délit de violences exercées contre son ami. Il lui avait assené une brique à la tête.

Les dossiers jugés résument à eux seuls le ton des audiences : entre vols, agressions et justifications hasardeuses, Bacchus est devenu la défense refuge de nombreux prévenus. Mais pour la justice, la coupe est pleine.

"Boire ne vous transforme pas en criminels, mais vous ne pouvez pas venir ici chaque fois dire que c’est l’alcool. Il faut assumer vos actes", insiste le président.

Auteur: Khady Ndoye
Publié le: Mercredi 22 Octobre 2025

Commentaires (1)

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    Gora Fall il y a 3 heures

    Un article bellement écrit. Bravo Mme

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