Irrégularités sur les droits d'inscriptions dans le public à Ziguinchor : FRAPP, Vision citoyenne et ONA2J interpellent le ministre de l’Éducation
Face à l'augmentation des droits d’inscriptions au niveau des établissements publics, FRAPP, Vision citoyenne et ONA2J interpellent le ministre de l’Éducation nationale. Ceci, à la suite d'un communiqué dénonçant le non-respect des droits d’inscriptions fixés par le département sur la base de l’arrêté interministériel n°007430 du 27 mars 2024 portant réglementation des frais d’inscriptions et d’études dans les établissements d’enseignement et de formation professionnelle.
Ces trois organisations de la société civile ont fait face à la presse, à Ziguinchor, pour exiger l'audit des établissements qui encaissent plus que les 5 000 F CFA recommandés. De plus, FRAPP, Vision citoyenne et ONA2J appellent les parents d’aller inscrire leurs enfants suivant la note de paiement des frais de scolarité établie par les autorités éducatives. Et exigent des autorités de l’éducation et de l'État une rigueur absolue dans la gestion au sein des écoles publiques.
ʺ Si l'État du Sénégal ne parvient pas à mettre toute la rigueur qu'il se doit au niveau de la gestion dans les écoles, c'est parce que la communication du ministre nous semblerait être à la limite un peu politique. Parce que, quand vous dites que l'inscription ne doit pas dépasser 5 000 F CFA pour certaines écoles publiques, vous devriez aussi être en mesure de veiller à cela. Mais à la limite, vous vous retrouverez avec presque 20 000 ou 22 000 F CFAʺ, a déploré le porte-parole du jour de ces trois organisations, Madia Diop Sané.
Par ailleurs, ce dernier demande l’octroi de subventions aux écoles pour assurer leur fonctionnement correct. ʺNous demandons à l'État du Sénégal et aux collectivités territoriales, les mairies de donner les subventions à temps aux écoles, pour qu'elles ne soient pas dans une certaine forme de dépendance, parce que les établissements souffrent énormément durant les neuf mois de coursʺ, a plaidé M. Sané.
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Les Franc-Mara : quand la République s’incline devant
le marabout
L’allégeance personnelle devenue soumission publique
Par Icare
Le Sénégal entre dans une nouvelle ère politique, mais les vieux réflexes demeurent. Les
“Franc-Mara”, comme je les appelle, ce sont ces politiciens sénégalais qui, sous couvert de
pouvoir républicain, se prosternent devant les marabouts. La véritable responsabilité du
déclin national réside dans cette connivence entre le politique et le religieux, où chacun
trouve son intérêt au détriment du peuple.
Quel spectacle affligeant et triste que celui offert par le tout nouveau ministre de l’Intérieur
lors de sa visite à Touba. Continuité oblige, tradition maintenue : il semblait nécessaire, une
fois encore, de prouver son allégeance à une confrérie religieuse, sous les yeux d’un peuple
fatigué mais complaisant.
Ce rituel ne surprend plus personne. Mais on aurait pu espérer, de ceux qui ont bâti leur
légitimité sur la promesse d’une rupture, qu’ils osent enfin s’affranchir de ces symboles d’un
autre âge. Hélas, une promesse n’engage que celui qui y croit.
Je m’interroge : que signifie cette mise en scène répétée, où la République elle-même est
traînée dans la cour des guides religieux pour y plier le genou ? Ce n’est plus l’homme privé
qui visite son marabout par foi personnelle ; c’est l’État tout entier qui vient faire acte de
dévotion publique, confondant allégeance personnelle et soumission publique.
« Ils parlent de foi, mais agissent en marchands. »
Les politiciens de ce pays pactisent avec les religieux pour conserver leur influence. Et les
religieux, en retour, pactisent avec les politiciens pour maintenir leur mainmise sur les
consciences. C’est cette connivence malsaine que je nomme les Franc-Mara — ces
politiciens sénégalais qui ont troqué la souveraineté de la République contre la bénédiction
des marabouts. Ils ne servent plus l’État, ils le prosternent.
La responsabilité de la situation du Sénégal n’incombe pas à un seul camp : elle est
partagée. Ce sont ces deux pouvoirs — le politique et le religieux — qui, main dans la main,
ont bâti un système fondé sur la manipulation, la dépendance et la peur. Les uns exploitent
la foi pour asseoir leur pouvoir, les autres instrumentalisent le pouvoir pour renforcer leur
autorité spirituelle.
Ils exploitent l’ignorance, entretiennent la peur, vendent des promesses de paradis à ceux
qu’ils maintiennent dans la misère. Pendant ce temps, ils concentrent les richesses,
distribuent les faveurs et s’enrichissent sur le dos d’un peuple mystifié.
On nous dira que le guide s’occupe du spirituel. Fort bien. Mais alors, que vient-il faire dans
les calculs politiciens ? Pourquoi bénir des campagnes électorales, accueillir des cortèges
ministériels ou influencer les choix d’un peuple au nom de Dieu ? Cette alliance contre
nature entre pouvoir politique et autorité religieuse est le vrai mal du pays — une alliance
des contraires qui maintient le Sénégal dans un état d’infantilisation permanente.
Les Franc-Mara, nouveaux disciples d’un culte du pouvoir, ont trahi la nation. Ils servent le
démon de l’ambition et de l’hypocrisie. Ils parlent de foi, mais agissent en marchands. Ils
disent servir le peuple, mais s’en servent.
Quel gâchis ! Et quelle tristesse pour ce pays dont les fils, depuis des générations,
reproduisent les mêmes pactes toxiques. Le vrai problème du Sénégal n’est ni le peuple, ni
la pauvreté, ni même le manque de moyens — car le pays regorge aujourd’hui de
ressources, de pétrole, de gaz et de talents. Le vrai problème, c’est cette connivence entre
politiciens et marabouts, cette entente silencieuse qui freine toute évolution et étouffe toute
indépendance.
Ils ont échoué sur toute la ligne. Incapables d’amener le Sénégal plus loin, ils demeurent
prisonniers de leurs intérêts, de leurs privilèges et de leur hypocrisie. Leur échec collectif est
celui d’un système qui confond pouvoir et service, foi et commerce, autorité et domination.
Le jour où nous aurons le courage de rompre avec cette alliance, le jour où nous
comprendrons que la vraie rupture passe par la séparation du politique et du religieux, alors
seulement le changement sera possible. En attendant, les Franc-Mara continuent leur
messe du pouvoir, pendant que la République s’incline.
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