Artisanat : Entre statut fragile, financements incertains et zones d’activité en panne
Le sous-secteur de l’artisanat, pourtant essentiel à l’économie sénégalaise, traverse une phase charnière. Lors de l’examen du budget 2026 du ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, les députés ont fait un constat récurrent : « un secteur vital, riche en savoir-faire, mais toujours à la recherche d’un statut clair, de financements adaptés et d’infrastructures fonctionnelles ». Malgré son poids social et économique, l’artisanat sénégalais souffre d’un déficit de reconnaissance. Les députés ont rappelé « la nécessité urgente de formaliser le statut de l’artisan, afin de garantir une meilleure protection sociale, un accès simplifié à la commande publique, une intégration plus forte dans les politiques de développement, et une visibilité accrue dans les chaînes de valeur ». En effet, la formalisation reste lente, freinée par la prédominance du secteur informel et par des procédures jugées trop complexes.
L’éternelle bataille du financement
L’accès au financement est l’autre grand nœud. Plusieurs préoccupations ont été soulevées. « La loi prévoit que 15 % des marchés publics soient réservés aux artisans. Dans les faits, ce quota est très rarement respecté, privant les acteurs locaux d’un levier majeur de croissance. Les députés pointent, le manque de financements réguliers pour les ZODAR (Zones de Développement de l’Artisanat Rural) et les ZECA (Zones d’Expansion de la Création Artisanale), l’absence de dispositifs de crédit adaptés aux réalités des artisans, la faible accessibilité au crédit hôtelier pour les artisans du tourisme. Plusieurs élus ont appelé à réguler certaines exportations de matières premières et produits locaux, afin de privilégier les artisans nationaux dans la transformation. Les Zones d’Activités Artisanales sont censées être le moteur de la professionnalisation du secteur. Mais sur le terrain, le tableau est moins enthousiasmant. Des espaces pourtant essentiels pour accueillir les artisans, structurer la production locale et dynamiser les économies régionales. À Guédiawaye, le nouveau plan d’urbanisme a provoqué des tensions, notamment autour du déguerpissement de mécaniciens et artisans installés parfois depuis des décennies. Sans zones de recasement clairement définies, ces professionnels se retrouvent dans une grande précarité économique.
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