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Presse : Ne pas mentionner la publicité relève de la désinformation

Auteur: Mbaye Sadikh

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« Au nom de la rentabilité, du combat partisan, par complaisance… on prend parfois beaucoup de liberté avec la véracité de l’information », disait le journaliste Yves Agnès dans son ouvrage Manuel de journalisme : écrire pour le journal, publié en 2002.  Plus de 20 ans plus tard, ce constat reste toujours d'actualité. La preuve par la presse de ce lundi 30 janvier. À la Une de beaucoup de quotidiens, notamment les grands titres, l'affaire du marché Aser-Aee power Epc dans lequel l’homme d’affaires Seydou Kane, PDG du CITP démet toute implication.Au moins 5 journaux ont mis en appel le démenti de Seydou Kane. Il s'agit de Walf Quotidien, Le Quotidien, L'Obs, L'As et Les Échos. Parmi ces grands titres censés montrer la bonne voie en matière de journalisme, seuls deux ont indiqué la nature de l'information. Il s'agit de Les Échos qui a mis la mention publicité et de L'Obs qui a indiqué qu'il s'agit d'un communiqué d'un cabinet, ce qui permet de deviner qu'il s'agit d'une publicité, un terme dont l'usage aurait facilité la compréhension aux lecteurs de ce journal.Pour le reste, les trois autres quotidiens ont fait comme s' il s'agissait d'une information de la rédaction. Il n'a été nulle part fait mention de publicité. Ainsi donc, de deux choses l'une : soit les journaux qui n'ont rien mentionné ont eu la générosité de diffuser l'information gratuitement pendant que les autres confrères se font payer. Ce qui est peu probable. Soit ces journaux sont coupables de manquement, de désinformation pour n'avoir pas précisé à leurs lecteurs qu'il ne s'agit pas d’un contenu éditorial, mais plutôt de publicité.Malheureusement, ce mélange de genres est banalisé dans la presse. Information et publicité partagent le même espace, avec la mise en page sans qu'aucune mention ne vienne aider le lecteur à faire la part des choses. Cette pratique n'épargne aucun support journalistique : la presse écrite, la presse en ligne mais aussi l'audiovisuel.Du côté des télévisions, des éléments passent au journal de 20h et dans d'autres éditions. Le téléspectateur peut croire avoir affaire à une information alors qu'il consomme de la publicité. Dans une télévision de la place, il y a des journalistes affectés au service commercial. Et pourtant le code de la presse dit ceci : « Le journaliste et le technicien des médias doivent s’interdire de confondre le métier de journaliste avec celui de publicitaire ; de n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs publicitaires ou des services commerciaux ». Dans une autre télévision, la couverture est facturée 50 000f. Dans ces deux cas, les comptes rendus sont diffusés sans aucune mention sur la nature de la nouvelle. Sur ce point aussi, le code de la presse est on ne peut plus clair en son article 115. « Les messages publicitaires ou les publi-reportages ne peuvent être insérés dans les journaux télévisés, les magazines d’actualité, les émissions religieuses et politiques et celles destinées aux enfants ».Les frontières sont encore plus floues avec les conventions de partenariat. Les rédactions acceptent l'obligation de couvrir les activités du partenaire mais ne se sentent nullement obligées de dire qu'il s'agit d'une commande. Pourtant la morale professionnelle est suffisamment claire à ce sujet comme le montre le code de la presse.L’influence de la publicité sur le contenu des médias ne fait l’objet d’aucun doute. Beaucoup d'émissions existent parce que derrière, il y a un soutien publicitaire. La publicité est accusée d’uniformiser le contenu des médias, parce que chaque support cherche à accroître son audience pour maximiser les annonces. Ce qui fait qu’on offre presque partout la même chose. Mais tout cela n’a rien à voir avec le refus d’un média de mentionner la publicité en tant que telle et donc d’induire en erreur le lecteur, auditeur, téléspectateur ou internaute. Il s’agit là d’un manquement manifeste, d’une faute journalistique à ne pas banaliser. 
Auteur: Mbaye Sadikh
Publié le: Lundi 30 Juin 2025

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