Dans la région de Tambacounda, les cas de fistules obstétricales étaient autrefois fréquents. Ces lésions sont principalement causées par des accouchements non assistés par du personnel qualifié. Plusieurs facteurs structurels et sociaux ont longtemps freiné l’accès aux soins, notamment la dégradation des routes en période hivernale et ce qu’on appelle les trois retards. « Le retard familial, dans la prise de décision pour se rendre à l’hôpital, le retard communautaire, dans l’organisation du transport des femmes enceintes et le retard au niveau des structures de santé, lié à la prise en charge tardive », a énuméré la responsable du Bureau régional de l’éducation et de l’information pour la santé (Breips) à la Direction régionale de la santé (DRS) de Tambacounda.

Selon Mabinta Sambou, ces obstacles ont contribué à l’apparition de nombreuses fistules chez les femmes de la région. Ainsi, elle fait savoir que grâce au soutien des partenaires et à la mobilisation des organisations locales, plusieurs femmes porteuses de fistules ont pu être identifiées et prises en charge. 

« Aujourd’hui, les efforts se poursuivent pour accompagner celles qui ont subi une opération non concluante et nécessitent une nouvelle intervention. Des progrès sont enregistrés, notamment avec la mise en place du “couplet gagnant” dans les établissements de santé, composé d’un infirmier chef de poste et d’une sage-femme. Ce dispositif améliore l’encadrement médical des femmes enceintes, de la consultation prénatale jusqu’à l’accouchement », a-t-il indiqué.

Elle soutient aussi que la participation active des “Bajenu Gox”, actrices communautaires reconnues, joue aussi un rôle clé dans la sensibilisation et l’orientation des femmes vers les structures sanitaires. 

«Pour renforcer leur action, ces dernières doivent être accompagnées et soutenues, notamment par la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant (DSME) et les partenaires techniques et financiers », souligne-t-elle.

De plus, Mabinta Sambou a plaidé pour le renforcement des plateaux techniques, de la base au sommet, afin d’assurer des soins de santé primaires accessibles à toutes. L’objectif, d’après elle, est de rapprocher les services des femmes, surtout dans les zones enclavées.

Enfin, il est souhaité que Tambacounda fasse l’objet d’une discrimination positive en matière de dotation en ressources humaines qualifiées, pour consolider les acquis et continuer à réduire les cas de fistules dans la région.