Le tribunal des flagrants délits de Dakar a jugé, ce lundi, une affaire de drogue de type protoxyde d’azote (gaz hilarant). Le prévenu entretenait un réseau entre les quartiers de Ouakam, HLM, Mermoz et Almadies. Le trafic a été démantelé par la brigade régionale des stupéfiants de l’Orctis. Trois individus, dont le fournisseur, ont été arrêtés avec 76 bonbonnes de gaz hilarant destinées au trafic. Ce produit est par ailleurs utilisé en médecine et entre dans les recettes de gâteaux.

Tout est parti d’une information anonyme faisant état d’un trafic géré par un nommé Mohamed Danfakha, 24 ans, décrit comme le principal fournisseur. Il alimentait plusieurs revendeurs qui, à leur tour, écoulaient la marchandise à Dakar, notamment dans des appartements meublés transformés en véritables mini night-clubs.

C’est ainsi que les hommes de commissaire Adama Welé ont infiltré le réseau, en passant une commande de deux bouteilles à 80 000 F CFA auprès de Bocar Ba, chauffeur de taxi Yango. Ce dernier a envoyé son livreur "tiak-tiak", Moukhtar Doumbouya. Le rendez-vous est fixé à Yoff, devant les ateliers Bara Couture. À son arrivée, Doumbouya est immédiatement arrêté avec les deux bonbonnes. Le livreur a balancé aussitôt Bocar : « Je peux vous conduire chez celui qui m’a donné le produit. »

Direction Ouakam où Bocar Ba a été réveillé chez lui par les policiers. Dans sa chambre, les enquêteurs ont découvert quatre bouteilles. « C’est Danfakha mon fournisseur », dit-il aux limiers.

Pour le ferre, les policiers passent une nouvelle commande de six bonbonnes de gaz hilarant. À 20 h 45, Mohamed Danfakha débarque aux HLM à bord d’une Ford Fusion. À son tour, il est interpellé. Dans sa sacoche, les limiers trouvent 1,2 million F CFA en liquide et un iPhone 16 Pro Max.Dans le coffre de la voiture, 72 bonbonnes de protoxyde d’azote soigneusement emballées.

Face aux enquêteurs, Bocar Ba reconnaît collaborer avec le fournisseur depuis plus d’un an, tout en jurant ne pas être un dealer. Pour sa part, Doumbouya, le livreur, assure qu’il ne savait pas ce qu’il transportait : « On me paye 3 000 F CFA pour une livraison. »

Danfakha, quant à lui, sert une série de versions contradictoires. Il déclare vendre le gaz aux boulangers, puis aux jeunes et sans facture pour éviter les contrôles. Il prétend connaître Ba depuis trois semaines. Il a même refusé l’exploitation de son téléphone et une perquisition de son domicile.

Un business qui explose dans le Dakar by night

Pour les enquêteurs, l’affaire révèle l’ampleur d’un phénomène inquiétant. Le gaz hilarant circule désormais dans les appartements meublés et les soirées privées. Selon les policiers, la mobilité des livreurs, la densité urbaine et l’absence de contrôle rendent le trafic difficile à étouffer.

Placés sous mandat de dépôt, le 13 novembre 2025, les prévenus Bocar Ba et Mouhamed Danfakha ont reconnu les faits d’offre et cession qui leur sont reprochés. Pour sa part, Moukhtar Doumbaya conteste être membre du réseau.

Dans ses déclarations Danfakha a dit avoir importé le produit depuis la France. C’est dans le cadre de son partenariat avec les boulangeries et les pâtisseries. « J’ai importé le produit par voie maritime, par l'intermédiaire d’un transitaire. Et je n’ai pas de problème. Le produit a été dédouané comme un produit licite», allègue-t-il.

Dans ses réquisitions, le procureur de la République a requis la relaxe pour Moukhtar Doumbouya et deux ans ferme contre Bocar et Mouhamed, en plus de la confiscation de la somme de 1,2 million F CFA et de la voiture. La défense a plaidé la relaxe.

Délibéré, le 24 novembre 2025.