La terre africaine sous le poids des capitaux
La financiarisation de l’agriculture africaine progresse avec l’entrée de fonds d’investissement, d’assureurs et de produits financiers dédiés aux chaînes de valeur agricoles. Des mécanismes comme le crédit structuré, l’assurance indicielle ou le financement adossé aux récoltes élargissent l’accès au capital pour certaines exploitations et entreprises agroalimentaires. Selon la Banque africaine de développement, les financements privés dirigés vers l’agriculture et l’agro‑industrie ont atteint en moyenne plus de 15 milliards de dollars par an sur la période 2022‑2024, contre moins de 8 milliards au début des années 2010. Cette évolution répond à des besoins de modernisation dans un secteur qui emploie encore près de 60 % de la population active en Afrique subsaharienne.
Cette dynamique améliore la gestion des risques climatiques et de prix pour les acteurs capables d’y accéder. Les assurances agricoles, encore limitées, couvrent désormais environ 4 % des surfaces cultivées du continent, contre moins de 1 % dix ans plus tôt, selon les estimations de la Banque mondiale publiées en 2024. Les instruments financiers permettent aussi de lisser les revenus et de faciliter l’investissement dans l’irrigation, le stockage ou les intrants améliorés. Toutefois, ces outils restent largement concentrés sur les filières exportatrices et les exploitations de taille moyenne ou grande, laissant de côté une majorité de petits producteurs familiaux.
L’enjeu central réside donc dans l’inclusivité de cette financiarisation. Près de 70 % des exploitations agricoles africaines font moins de 2 hectares et opèrent souvent hors des circuits financiers formels. Sans mécanismes d’accompagnement, la montée en puissance des acteurs financiers peut accentuer les inégalités d’accès au foncier, au crédit et aux marchés. Les expériences les plus équilibrées reposent sur des coopératives, des banques agricoles publiques ou des dispositifs de partage du risque associant États et secteur privé. La financiarisation peut devenir un levier de transformation productive si elle s’adapte aux réalités locales et soutient les modèles agricoles existants plutôt que de les marginaliser.
Commentaires (1)
Goutte,forage,serres etc.... ceux des niayes avaient saisi les autorités par deux lettres adressées au PR et PM.
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