Même lorsque les lois de finances sont bien calibrées, la disponibilité effective des liquidités peut se révéler insuffisante pour couvrir les engagements de l’État. Les décalages entre recettes et dépenses provoquent des tensions quotidiennes qui affectent directement le fonctionnement des administrations et la solvabilité des fournisseurs. Les retards de paiement aux entreprises se traduisent par une réduction de l’investissement privé et un alourdissement des coûts de production, qui finissent par peser sur les prix et la compétitivité des acteurs économiques.

Ces tensions ne sont pas visibles dans les grands agrégats macroéconomiques mais elles façonnent la perception de la fiabilité de l’État auprès des partenaires financiers et des marchés. Un État incapable de respecter ses échéances ponctuelles s’expose à une hausse du coût du crédit et à une prime de risque plus élevée, ce qui se répercute sur l’ensemble des emprunts publics et privés.

La gestion de la trésorerie exige donc un suivi précis des flux, une anticipation fine des besoins et une coordination étroite entre ministères et établissements financiers. L’optimisation de la programmation des paiements et le recours à des instruments de gestion comme les lignes de liquidité peuvent réduire la vulnérabilité de l’économie aux variations saisonnières des recettes fiscales ou des transferts internationaux.

Par ailleurs, l’expérience récente dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest montre que les arriérés accumulés peuvent atteindre plusieurs points de PIB, affectant notamment les fournisseurs du secteur public et retardant la mise en œuvre de projets d’infrastructures stratégiques. La trésorerie publique devient ainsi un facteur central de résilience économique, dont la maîtrise conditionne la continuité des services et la stabilité de la chaîne de production nationale.

In fine, cette dimension souligne la primauté de la transparence et de la communication budgétaire. Les acteurs économiques doivent pouvoir anticiper les moments de tension pour ajuster leurs décisions d’investissement et de consommation. Une trésorerie bien gérée renforce non seulement la crédibilité de l’État mais aussi la confiance des ménages et des entreprises dans la stabilité macroéconomique du pays.