À l’occasion du lancement de Novembre Bleu, mois de sensibilisation au cancer de la prostate, le Dr Béchir Ba, Urologue éclaire sur les signes à surveiller et l’importance d’une détection précoce dans un entretien accordé à Seneweb. Entre chiffres inquiétants, dépistage et prévention, le spécialiste fait le point sur cette maladie, qui touche de plus en plus d’hommes au Sénégal.

Qu'est-ce que le cancer de la prostate et comment se développe-t-il ?

Le cancer de la prostate est une prolifération maligne des cellules de la prostate. Contrairement à l'hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), qui ne donne jamais de métastases, le cancer peut se propager à d'autres organes, notamment les os. Il se développe généralement en trois phases :

Phase localisée, souvent silencieuse : Les cellules cancéreuses restent dans la prostate. Il n'y a souvent aucun symptôme, ce qui explique pourquoi le cancer est parfois détecté par un simple dosage du PSA ou un contact rectal.

Phase d'extension locale et régionale : Le cancer peut s'étendre à l'intérieur de la prostate, puis aux tissus voisins et aux ganglions pelviens.

Phase générale ou métastatique : Si aucune prise en charge n'est faite, les cellules cancéreuses peuvent atteindre les os, le foie ou les poumons via le sang ou la lymphe.

Quelle tranche d'âge est la plus touchée au Sénégal ?

L'âge médian au diagnostic au Sénégal est de 67 ans. Le risque augmente après 50 ans et reste le plus élevé entre 60 et 70 ans. Cependant, en raison de facteurs ethniques et familiaux, nous recommandons le dépistage dès 45 ans.

Dispose-t-on de données fiables sur la mortalité liée à cette maladie au Sénégal ?

Malheureusement, les données ne sont pas totalement fiables, car il n'existe pas de registre national fonctionnel des cancers. Selon Globocan 2022, le cancer de la prostate serait le quatrième cancer le plus répandu au Sénégal, avec 913 cas estimés par an et 494 décès. Ces chiffres sont probablement sous-estimés. Le cancer de la prostate est aussi le troisième le plus traité par radiothérapie dans le pays, après le cancer du sein et du col de l'utérus.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux hommes sénégalais ?

Le cancer de la prostate peut rester silencieux jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Il est essentiel de se faire dépister régulièrement, surtout après 45 ans, pour détecter la maladie à un stade où elle est encore traitable.