La révolution oculaire de XPANCEO : Zoom sur la lentille qui donne des « Superpouvoirs »
Dubaï a accueilli ce 14 octobre l’inauguration du nouveau laboratoire de XPANCEO, entreprise de deep tech spécialisée dans les lentilles de contact intelligentes. Fondée par Roman Axelrod et le Dr. Valentyn S. Volkov, la société y développe et teste des dispositifs capables de projeter des images directement sur la rétine et d’analyser des paramètres biologiques en temps réel. Avec une levée de fonds de 290 millions de dollars et une valorisation de 1,35 milliard de dollars, XPANCEO s’impose comme une licorne de la région MENA et un pionnier mondial de l'AI-driven XR computing.
En marge de la cérémonie d’ouverture de leur laboratoire, les cofondateurs de cette entreprise se sont longuement confiés à Seneweb sur leur produit.
Le Dr. Valentyn S. Volkov a détaillé la nature et les ambitions de ce projet : « Nous développons un produit très intéressant que nous appelons la lentille de contact intelligente. L’idée, c’est que ce dispositif portable donne littéralement des superpouvoirs à l’utilisateur. C’est un appareil qui combine plusieurs technologies avancées et populaires. D’abord, la lentille de contact intelligente offrira à l’utilisateur une expérience de réalité augmentée : elle pourra projeter directement des images sur la rétine de l’œil. En quelque sorte, il s’agit de la nouvelle génération des lunettes ou casques connectés. Notre technologie permet d’améliorer et de résoudre les problèmes fondamentaux que posent ces approches traditionnelles. C’est l’un des aspects de notre innovation ».
Le laboratoire inauguré à Dubaï permet également de tester les capteurs biologiques intégrés. Selon le scientifique : « Il faut garder à l’esprit que, d’un point de vue physiologique, l’œil est très riche en éléments biologiques. Le liquide oculaire, qui est connecté au sang, contient de nombreuses informations. En principe, tout ce qu’on peut obtenir d’une analyse de sang, on peut aussi le déduire en étudiant le liquide oculaire... Néanmoins, grâce à des biocapteurs très sensibles, nous pouvons suivre de nombreux paramètres utiles : par exemple, le taux de glucose - ce qui est crucial pour des millions de personnes atteintes de diabète dans le monde. Nous pouvons aussi mesurer en temps réel la pression intraoculaire, un paramètre essentiel pour les personnes souffrant de glaucome. Nous sommes capables de surveiller divers biomarqueurs, qu’ils concernent certains types de cancer ou même les niveaux de vitamines. Chaque lentille peut être configurée selon les besoins de l’utilisateur ».
Les lentilles combinent réalité augmentée et biosurveillance et, leur fonctionnement nécessite l’intégration de composants énergétiques et de communication. « Tous ces éléments doivent être rassemblés dans un format extrêmement compact, conforme aux matériaux certifiés habituellement utilisés pour fabriquer des lentilles de contact », précise le Dr. Volkov. Il ajoute que la surveillance biologique continue permet d’éviter les prélèvements sanguins traditionnels, citant l’exemple du glucose : « Nous avons mis au point un capteur électrochimique capable de détecter le niveau de glucose... Nous mesurons ensuite le courant généré, qui est directement lié à la concentration de glucose dans le liquide oculaire, et nous pouvons le corréler à la glycémie. La relation n’est pas linéaire, mais nous savons comment la calculer ».
La pression intraoculaire constitue un autre paramètre clé suivi par la lentille : « Si cette pression varie trop au cours de la journée, cela peut endommager le nerf optique... Or, aujourd’hui, contrôler cette pression à domicile est très difficile : il faut se rendre à l’hôpital pour des examens. Notre solution permet de la surveiller en temps réel, sans déplacement. Il suffit de porter la lentille, et les capteurs intégrés mesurent la pression avec une précision comparable à celle des dispositifs médicaux, tout en transmettant les données au téléphone portable ou, via le cloud, directement à l’hôpital ».
Les matériaux optoélectroniques avancés permettent cette miniaturisation. « Nos laboratoires à Dubaï nous permettent non seulement d’intégrer ces matériaux à la lentille, mais aussi de les étudier et de transférer ce savoir fondamental vers des applications concrètes. Nous testons de nouveaux matériaux, connus ou non, nous étudions leurs propriétés et nous les optimisons grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle développés par notre équipe spécialisée », explique le Dr. Volkov. Ces matériaux servent à créer des capteurs ultrasensibles, des systèmes optiques miniaturisés et des nano-antennes efficaces pour la communication avec l’extérieur.
Roman Axelrod, cofondateur et managing partner, a présenté la vision stratégique de l’entreprise : « Nous concevons des lentilles de contact dotées de fonctions numériques, capables d’afficher des images, d’analyser des paramètres biologiques et, disons-le, d’offrir de véritables ‘superpouvoirs’. Nous avons levé 290 millions de dollars et la valorisation actuelle de l’entreprise atteint 1,35 milliard de dollars. Cela fait de nous la plus récente licorne des Émirats arabes unis, et sans doute la première licorne deep tech de la région saharienne africaine ».
Il a expliqué l’origine de cette ambition : « J’ai compris que la prochaine grande révolution serait celle de l’intelligence artificielle, mais qu’il manquait une interface adaptée pour interagir avec elle. J’ai donc pensé que, plutôt que des casques ou des lunettes, les lentilles de contact pouvaient devenir cette nouvelle interface pour ce que nous appelons l'AI-driven XR computing ».
Concernant leur stratégie de déploiement, les usages ciblés se concentreront d’abord sur le B2B. « Nous commencerons par des usages ciblés, dans le B2B : pour les astronautes, les pompiers, les sportifs professionnels ou encore dans le domaine médical. Une fois ces cas d’usage consolidés et le dispositif perfectionné, nous viserons le B2C - le marché grand public - avec un gadget combinant plusieurs fonctions. Nous espérons débuter les essais humains fin 2026 ou début 2027, obtenir les autorisations médicales ensuite, déployer les applications B2B vers 2028, et, si tout se passe bien, lancer le produit grand public d’ici 2030 ».
La conception prend en compte les besoins médicaux et visuels des utilisateurs : « Au-delà de ses fonctions numériques, cela reste avant tout une lentille de contact. Si un utilisateur souffre de myopie, par exemple, nous pourrons concevoir une version adaptée à sa correction visuelle tout en intégrant les fonctions intelligentes ».
Sur la raison de leur implantation à Dubaï, Roman Axelrod a mis en avant l’environnement propice aux affaires : « Dubaï est un endroit idéal pour cela : la ville accueille facilement les talents, les équipements y arrivent aisément, c’est un excellent lieu pour lever des fonds - Dubaï est devenu un hub financier mondial... Mais le plus important, selon moi, c’est la vision avant-gardiste des dirigeants de ce pays. Ici, on essaie véritablement de créer le futur. Et ils y parviennent ».
Au cours de cet entretien, Roman Axelrod a également partagé son appréciation du Sénégal. « J’ai déjà visité Dakar à trois reprises, et j’ai vraiment aimé votre ville, vos habitants et cette incroyable énergie qui se dégage du pays et de sa population. J’ai été profondément charmé par les Sénégalais et par cette fusion des cultures qui coexistent dans un même pays », a-t-il dit.
Commentaires (1)
Zéro commentaires sur cet article qui concerne l'IA.
Une révolution extraordinairement diabolique.
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