Prix AJSPD : Awa FAYE de Seneweb sacrée avec les honneurs du jury
L’excellence ne réside pas toujours dans l’éclat d’un instant, mais souvent dans la constance de l’effort. C’est cette rigueur professionnelle que le jury du « Prix AJSPD » a tenu à saluer ce samedi 22 novembre 2025.
Awa Faye, journaliste et rédactrice en chef adjointe de Seneweb, s’est hissée sur la plus haute marche du podium dans la catégorie Presse en ligne. Une prouesse encore plus impressionnante car son dossier composé de 6 articles représentait l’unique candidature retenue dans cette rubrique. Le président du jury, Ibrahima Bakhoum n’a pas tari d’éloges sur le travail de la lauréate. Il a insisté sur la méthodologie employée par la journaliste de Seneweb. Selon lui, la différence s’est faite sur l’angle de traitement et l’immersion. « Regardez, par exemple, le premier prix en presse en ligne, elle a travaillé sur trois jours », a indiqué Ibrahima Bakhoum lors de la cérémonie. Il a poursuivi son analyse :« Celle qui a beaucoup impressionné le jury de presse écrite, surtout en presse en ligne, c’est évidemment, pendant trois jours, la même journaliste a écrit plusieurs articles avec des angles de traitement différents ».
Une cérémonie sous le signe de l’engagement
Cette consécration s’est déroulée dans la salle de conférence du CIGASS. L’Association des Journalistes en Santé, Population et Développement (AJSPD), en partenariat avec la Fondation Gates, y a orchestré la remise des prix de ce concours journalistique. L’initiative vise un objectif précis. Elle entend valoriser les reportages consacrés à la lutte contre la malnutrition. Ce fléau persiste au Sénégal et dans la sous-région. Les organisateurs ont voulu encourager les professionnels des médias à s’engager pour une meilleure compréhension de ces enjeux vitaux. Le concours a suscité un réel engouement. Les candidatures ont été ouvertes du 1er au 18 octobre 2025. Les journalistes membres de l’AJSPD ont répondu présent. Ils évoluent dans les catégories Radio, Télévision, Presse écrite et Presse en ligne.
Outre Awa Faye pour la presse en ligne, d’autres confrères ont vu leur travail reconnu. Dans la catégorie Radio, Josette Kaly et Salimata Aw ont été primées. Pour la Télévision, les honneurs sont revenus à Ndèye Fatou Wade et Fatou Binetou Konté. Enfin, en Presse écrite, Samba Diamanka et Youssoupha Mine se sont distingués. Les lauréats classés premiers ont reçu une enveloppe d’un million de francs CFA. Les seconds ont perçu 500 000 francs CFA. Chaque primé est reparti avec un ordinateur portable.
Le plaidoyer pour un journalisme de terrain
Au-delà des récompenses, cette cérémonie a servi de tribune pour défendre l’essence du journalisme. Le président du jury a livré un véritable plaidoyer pour le reportage de terrain. Ibrahima Bakhoum a exhorté la nouvelle génération à quitter le confort des rédactions. « C’est simplement de faire du terrain. Vous savez, les meilleurs ne sont pas forcément ceux qui sont assis, les meilleurs sont en train de suer sur le terrain, de passer des nuits blanches sur le terrain, d’être sous le soleil sur le terrain, mais partout. Moi, quand j’en parle, je sais de quoi je parle », a martelé le journaliste.
Pour lui, la mission d’éducation et de sensibilisation impose de la proximité. Il faut aller vers les communautés et comprendre leurs réalités. « Les journalistes doivent apprendre à sortir de Dakar et même quand ils sont à Tambacounda, de sortir de la salle de rédaction, quand ils sont à Diourbel, de sortir de la salle de rédaction, aller voir très loin, parce que les communautés, partout où elles sont, dans leur diversité culturelle, politique, économique, sociologique, ethnique, etc., doivent être visitées, qu’on leur donne la parole », a insisté le président du jury.
Il a également mis en garde contre la facilité du journalisme sédentaire : « Si vous, journalistes, vous vous contentez de faire des comptes rendus, de faire des comptes rendus, ou alors du commentaire et de l’opinion, évidemment, tout le monde est capable de faire de l’opinion aussi ».
A la genèse d’une initiative au service du bien-être des communautés
Dans sa prise de parole, Eugène Kaly, président de l’AJSPD, a rappelé le contexte de cette mobilisation. Tout est parti d’une convention signée en janvier 2024 avec la fondation Gates. « L’objectif, c’était de parcourir le pays, d’aller un peu partout, de faire des reportages et de terminer par la région de Diourbel sur la question de la malnutrition. C’est là où on a amené tous les journalistes, 25 journalistes au niveau de Dakar et je crois 7 journalistes locaux. Ça nous fait un total de 31 journalistes », a précisé Eugène Kaly.
Le président de l’association refuse pourtant de parler de compétition au sens strict. Il préfère évoquer une valorisation du genre noble qu’est le reportage. « Je veux répéter que ce n’est pas un concours, parce qu’on est tous des membres de l’association. C’est tout juste pour récompenser, valoriser le genre qu’est le reportage. [...] Dans nos rédactions de plus en plus, le genre reportage est en train de mourir », a déploré celui qui est, par ailleurs, journaliste au Soleil.
Eugène Kaly a défini la mission de son organisation comme celle d’un journalisme de développement dans le but tirer la sonnette d’alarme et de provoquer une réaction des autorités. « Souvent, ce qu’on fait, c’est d’alerter, d’aller sur le terrain, de sortir les problèmes, de rencontrer les populations, les communautés les plus vulnérables et de dire au ministère de la Santé, on est dans le district sanitaire d’un village de Ziguinchor notamment. Et ici, il n’y a pas d’ambulance. L’objectif aussi, c’est d’apporter des solutions là où les autorités ne sont pas », a-t-il déclaré.
Diourbel : épicentre d’une lutte sanitaire
Le choix de la région de Diourbel pour la phase finale de ces reportages ne doit rien au hasard. Les indicateurs y sont, pour le moins, préoccupants. Le taux de malnutrition y avoisine les 17 %. La moyenne nationale se situe pourtant autour de 8 à 10 %. Mamadou Dieng, directeur régional de la santé de Diourbel, a accueilli cette initiative médiatique avec satisfaction : « Comme vous le savez, nous sommes dans une région où les taux de prévalence de la malnutrition sont très élevés au-dessus des moyennes nationales et où il y a plusieurs déterminants qui sont fondamentalement en lien avec la communication, c’est-à-dire le manque d’informations, le manque de connaissances et très souvent l’incompréhension des pratiques qui visent à éradiquer cette malnutrition ». Pour l’autorité médicale, la presse joue un rôle décisif dans la mesure où elle comble un déficit de communication. « L’association des journalistes a vraiment contribué de manière décisive et significative à relever le défi de la communication », a-t-il affirmé.
Il a détaillé les conséquences dramatiques de cette situation sur les enfants : « Nous savons tous que cette malnutrition chez ces enfants entraîne des retards de développement globalement, notamment développement cognitif, développement psychomoteur, retard de croissance, mais surtout des retards scolaires ». Le directeur régional de la santé préconise des solutions locales. Il invite à un retour aux produits du terroir. « Il y a beaucoup d’aliments aujourd’hui qui sont importés, parfois des aliments manufacturés, qui coûtent cher, qui ne sont pas à la portée des ménages. Alors que les mets locaux sont souvent à la portée de ces ménages et ce sont des mets qui sont très riches en nutriments », a-t-il plaidé.
Une priorité nationale
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale, représenté par le Dr Mohamed Lamine Ly, conseiller technique numéro 2, a validé cette approche. L’implication des médias est perçue comme un levier indispensable. « Je peux vous assurer que la malnutrition fait partie d’un de nos plus grands fléaux », a-t-il reconnu. Il poursuit: « Parce que, comme vous l’avez constaté dans la région de Diourbel, ils ont dépassé les taux nationaux. Mais partout dans le Sénégal, on est confronté à ce problème de malnutrition, qui entraîne évidemment une vulnérabilité des enfants et qui fait qu’ils sont encore plus fragiles face aux maladies ».
Le conseiller technique a félicité l’AJSPD pour sa démarche proactive. « C’est certes une réalité qui s’impose à tous, mais quand même qu’il faut documenter pour mieux convaincre les populations d’adopter des comportements favorables à la santé », a-t-il conclu.
Des défis structurels tenaces
Les reportages primés mettent en lumière les nombreux facteurs structurels qui alimentent la malnutrition au Sénégal. L’accès limité aux aliments nutritifs reste l’une des causes principales. La pauvreté, l’insécurité alimentaire et les inégalités de genre aggravent la situation. Les données disponibles, relayées par l’AJSPD, incitent à une action urgente. Seuls 9 % des enfants de moins de deux ans reçoivent l’apport alimentaire minimum acceptable. Seulement 41 % des nourrissons bénéficient de l’allaitement maternel exclusif durant leurs cinq premiers mois.
Le gouvernement a pourtant déployé des initiatives importantes. Le Plan Stratégique Multisectoriel de la Nutrition (PSMN) en est un exemple. Le Protocole national de prise en charge de la malnutrition aiguë (PECMA) en est un autre. Ces efforts s’accompagnent d’engagements internationaux comme l’initiative « Nutrition for Growth ». Des interventions communautaires existent également à travers le Programme de Renforcement de la Nutrition (PRN) ou les visites à domicile. Toutefois, la mobilisation doit se poursuivre.
Hommage aux pionniers
La cérémonie a aussi été un moment de recueillement et de reconnaissance. Des prix d’honneur ont été décernés à titre posthume à deux personnalités du journalisme. Feu El Hadji Bachir Sow, ancien journaliste au quotidien national Le Soleil, a été honoré. Feu Alassane Cissé, journaliste à la RTS, a également reçu cet hommage. Tous deux furent d’anciens présidents de l’AJSPD. Leurs distinctions ont été remis aux représentants de leurs familles.
Ibrahima Bakhoum a tenu à saluer leur mémoire en évoquant l’héritage qu’ils laissent à la jeune génération. « Quand j’ai vu ce travail de l’association des journalistes en santé, population et développement, évidemment, ça m’a fait penser à quelqu’un dont on a parlé beaucoup aujourd’hui, qui s’appelle El Bachir Sow, de la sixième promotion, et d’autres, Alassane Cissé également, que je connais bien. Donc, je dis que c’est très bien que cette mission, que cette œuvre-là soit perpétuée », espère-t-il.
L’AJSPD espère pérenniser ce prix. Eugène Kaly souhaite renouveler l’expérience l’année prochaine. Il appelle les partenaires à soutenir cette dynamique. La balle est désormais dans le camp des partenaires techniques et financiers pour que la lumière ne s’éteigne pas sur ces reportages essentiel à fort impact communautaire.
Commentaires (2)
La proposition pertinente de Cheikh Yerim Seck est le pire cauchemar des Pastefiens : nommer un nouveau premier ministre technocrate qui maitrise les finances, la géopolitique mondiale, les institutions financières et qui a du réseau. Faire un appel à candidature pour sélectionner les meilleurs sénégalais dans leurs domaines pour les nommer aux postes de ministre et des directions des sociétés publiques et des agences nationales. Voilà une bonne idée qui pourra amorcer le développement mais à coup sûr aucun Pastefien ne fera partie de cette équipe de combat, ils sont tous des médiocres et n’ont pas le niveau de compétir la ou l’excellence est exigée.
Penda, yaw wakhal Seeq Njirim mu tëj gatam...amul lumu ñuy jàangal dèg ngàm? fissè waay ak ce guña
Bambouweb tu la paies correctement ?
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