
Cette année, Cristiano Ronaldo n’a rien gagné. Même pas une petite coupe à se mettre sous la dent. Il a pourtant été désigné comme le meilleur joueur de l’année. Du pain bénit pour les pourfendeurs du règlement entré en vigueur en 2010, présumé ne pas tenir compte des trophées glanés par les candidats. Or, Cristiano Ronaldo n’est pas le seul. Ils sont désormais six (sur cinquante-huit), soit 10% du palmarès, à avoir gagné le Ballon d’Or sur la seule base de leur rayonnement individuel. La très grande majorité des Ballons d’Or (32 sur 58) ont été attribués à des joueurs ayant remporté une grande compétition internationale. Cette anomalie est même inscrite dans l’ADN du trophée : le premier Ballon d’Or de l’histoire, celui de Stanley Matthews, a été celui d’un joueur sans victoire.
Cristiano Ronaldo a fait du Ballon d’Or son premier trophée de l’année. Ils sont cinq, avant le Portugais, à être sorti d’une année bredouille avant de remporter la récompense individuelle suprême. Le premier Ballon d’Or de l’histoire, Sir Stanley Matthews, n’avait rien gagné en 1956, année de son sacre. C’est avant tout l’invincibilité de l’Angleterre cette année-là qui expliquait sa récompense. Vainqueur de la Coupe des clubs champions, Di Stefano a vu la timbale lui échapper pour… trois points, l’un des écarts les plus faibles de l’histoire.
Deuxième Britannique primé, en 1964, Dennis Law n’avait lui non plus rien gagné l’année de son couronnement. En 1964, c’est Luis Suarez qui avait tout raflé (Coupe des clubs champions, Coupe intercontinentale, l’Euro). Gerd Müller a terminé l’année 1970 fanny hormis son Ballon d’Or mais il a marqué la Coupe du monde au Mexique en terminant meilleur buteur (10 réalisations).
Kevin Keegan a réussi le double exploit de remporter le Ballon d’Or sans gagner le moindre titre et sans disputer la Coupe du monde (il est le seul absent du mondial argentin parmi le top 8 du classement cette année-là). C’est d’autant plus paradoxal qu’il avait tout raflé la saison précédente (championnat d’Angleterre, Coupe des clubs champions) sauf… le Ballon d’Or. Le jury a réparé l’injustice.
S’il remporte son Ballon d’Or en 2000, Luis Figo le doit presque autant à son talent qu’au coup de tête de Zidane contre Hambourg en Ligue des champions. Un geste qui a condamné Zizou au rôle de dauphin dans l’un des duels les plus serrés de l’histoire à jury constant (16 points). Mais c’est finalement celui qui n’avait rien gagné cette année-là qui a devancé l’autre.

Ils sont six, dans le palmarès, à n’avoir gagné que des titres mineurs, à savoir des championnats nationaux, sans briller, c’est-à-dire rejoindre le dernier carré, dans la compétition majeure de l’année. A chaque fois, il s’agit de la Coupe des clubs champions ou Ligue des champions. Trois d’entre eux (Yachine, Albert et Keegan) ne participaient même pas à la C1 l’année de leur couronnement. En 1987, Gullit a, lui, été éliminé au premier tour par le Bayern Munich. Seul Andrei Shevchenko, parmi ces six Ballons d’Or, a atteint les quarts de finale.

Ces onze Ballons d’Or ont beau avoir perdu en finale ou demi-finale de la Ligue des champions, de l’Euro ou du Mondial, cet échec ne les a pas empêchés de remporter la distinction individuelle suprême. Tous ont remporté une compétition qui n’a, certes, pas l’éclat d’une C1 ou d’une Coupe du monde : un championnat ou même une Coupe nationale (pour Platini en 1983 ou Weah en 1995). Ceux-ci n’ont pas tout perdu même si l’année de leur couronnement individuel restera sans doute celle d’une grande frustration d’un point de vue collectif.


Pour ces 32 Ballons d’Or (soit une grande majorité des lauréats), le palmarès a joué un rôle majeur dans le classement final. Ils sont onze (Charlton, Beckenbauer, Rummenigge, Rossi, Platini, van Basten, Matthäus, Sammer, Zidane, Ronaldo, Cannavaro) à avoir gagné l’une des trois grandes compétitions internationales (Coupe du monde, Euro et Copa America). Les autres ont remporté une Coupe d’Europe, le plus souvent la C1 à quelques exceptions tout de même comme Suarez en 1960 (Coupe de ville des foires), Blokhine en 1975 (Coupe des coupes), Belanov en 1986 (Coupe des coupes), Baggio en 1993 (Coupe de l’UEFA) et Michael Owen en 2001 (Coupe de l’UEFA) à des époques où la Ligue des champions ne phagocytait pas encore le reste des compétitions européennes, et où (jusqu’en 1995), il fallait être européen pour être élu.
2005 : Ronaldhino : Liga, Coupe des confédérations, éliminé en 8e de la C1
En 2005, Ronaldinho n’a pas gagné la compétition majeure de l’année, la C1 (remportée par Liverpool cette année-là) mais il s’est tout de même distingué lors de la Coupe des Confédérations. Mais cette compétition internationale n’a jamais dessiné le classement d’un Ballon d’Or. Cette récompense, Ronnie est allé la chercher davantage par ses éclairs individuels que grâce à la puissance du collectif barcelonais. Reste un palmarès honorable. En club comme en sélection.
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