Affaires religieuses : le grand chantier de l’État sénégalais
Dans un entretien accordé au journal Le Soleil, Dr Djim Ousmane Dramé, directeur général de la Direction des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés en langue arabe (DIRA), a exposé les grandes ambitions du Président Bassirou Diomaye Faye pour le secteur religieux au Sénégal.
Maître de recherches titulaire à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), Dr Dramé est chargé de concrétiser la vision du chef de l’État, axée sur le soutien actif à toutes les confessions religieuses - islam, christianisme et religions traditionnelles. Il a réaffirmé la volonté du gouvernement de formaliser ses relations avec les guides religieux et de les impliquer davantage dans les grands projets de développement national.
Cette vision se déploie à travers quatre axes majeurs, décline l'arabisant :
1. Réformes institutionnelles et modernisation
Vers une Délégation générale aux Affaires religieuses
La DIRA sera bientôt érigée en Délégation générale aux Affaires religieuses (DGAR), pour lui accorder plus d’autonomie administrative et financière. Le projet de décret, déjà adopté en Conseil des ministres, sera soumis prochainement à l’Assemblée nationale.
Modernisation des cités religieuses
Une commission nationale, présidée par le ministre de l’Intérieur et regroupant plusieurs départements (Finances, Urbanisme, Affaires religieuses), a été créée pour piloter la modernisation des cités religieuses, toutes confessions confondues. Le traitement des projets reposera sur des critères d’équité, de transparence et d’objectivité.
Une ligne budgétaire dédiée dès 2026
Dès 2026, une ligne budgétaire spécifique sera consacrée aux affaires religieuses, conformément aux orientations du président Bassirou Diomaye Faye.
2. Insertion des diplômés en langue arabe
Une plateforme nationale de recensement
Une plateforme numérique recensera prochainement les diplômés arabophones, leurs spécialités et leurs compétences, afin d’orienter efficacement les politiques d’insertion.
Création d’emplois et financement de projets
L’État ambitionne de transformer ces diplômés en acteurs économiques autonomes. Dans ce cadre, la DER/FJ s’est engagée à mobiliser 500 millions de francs CFA pour financer leurs projets et soutenir les maîtres coraniques, en levant notamment les barrières liées à l’âge et à l’intérêt (riba).
Insertion dans la Fonction publique
L'interlocuteur du quotidien national plaide pour une meilleure représentativité des arabophones dans les grandes écoles publiques, notamment à la FASTEF et à l’ENA (section Diplomatie).
Renforcement linguistique
Des partenariats avec l’Institut de français pour les étudiants étrangers (IFE) et l’Ambassade de France permettront aux diplômés arabophones d’améliorer leur maîtrise du français, pour lever les obstacles linguistiques à leur insertion professionnelle.
Appui aux gouverneurs
Il propose aussi que chaque gouverneur soit assisté d’un diplômé religieux, formé pour représenter l’État dans les cérémonies religieuses et faciliter le dialogue avec les communautés.
3. Soutien aux daaras et réforme de l’enseignement traditionnel
Intégration au système éducatif public
L’État entend intégrer progressivement les daaras (écoles coraniques) dans le système éducatif formel, afin d’assurer leur reconnaissance institutionnelle et un meilleur encadrement.
Assises nationales des daaras
Le ministère de l’Éducation nationale organisera prochainement des Assises nationales pour dresser un diagnostic complet et adopter des mesures structurantes sur la gestion et le développement des daaras.
Journée nationale des daaras
Le 28 novembre 2025 sera désormais célébré comme la Journée nationale des daaras, dédiée à la valorisation de leur rôle social et éducatif.
Lutte contre la mendicité
Dr Dramé rappelle que la mendicité n’a pas d’origine religieuse, mais résulte souvent du manque de moyens des maîtres coraniques. Il prône une approche inclusive et concertée avec les fédérations de daaras pour trouver des solutions durables, sans stigmatiser les acteurs.
4. Cohésion sociale et discours religieux
Un séminaire national se tiendra les 22, 23 et 24 octobre 2025 sur le thème :
« Le discours religieux au Sénégal et son impact sur la cohésion sociale. »
L’objectif est de prévenir les dérives dans les prêches, de promouvoir un discours responsable et fédérateur, et d’associer imams, prêtres, maîtres coraniques et prêcheurs à cette dynamique de régulation au service de la paix sociale.
Commentaires (3)
Ce régime est en profonde errance
Si c'est cela le grand chantier de l'Etat sénégalais, je plains mes compatriotes.
J'ai le sentiment qu'ils se sont gourés, une fois de plus, dans leur choix.
"Dr Dramé rappelle que la mendicité n’a pas d’origine religieuse, mais résulte souvent du manque de moyens des maîtres coraniques" De qui se moque-t-on? Si tu n'as pas les moyens de prendre en charge des enfants tu ne t'engages pas à les prendre avec toi c'est tout. Mais tu n'as pas à les envoyer mendier dans la rue! C'est de la traite d'êtres humains et ils en ont fait un business, c'est aussi simple que ça. Lesenfants n'ont pas à mendier
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