Des acteurs du jeu politique et des religieux se prononcent Après une relative période d'accalmie, la violence politique a fini de refaire surface depuis quelques jours, à quatre mois de la cruciale élection présidentielle. Les affrontements entre jeunes du Mouvement du 23 juin (M23) et ceux du Parti démocratique sénégalais (Pds) à Bambey, durant le week-end, avec à la clé l'agression perpétrée contre Mme Gnagna Ndaw, coordonnatrice départementale du Mouvement politique citoyen «Luy jot jotna» (Mpcl), n'augurent rien de bon, après que les domiciles de Tanor Dieng et de Moustapha Niasse ont été encerclés par des nervis. Et dans cette escalade de la violence, même des chiens dangereux sont mis à contribution. Une situation lourde de dangers pour la stabilité du pays qui préoccupe la classe politique, toutes obédiences confondues. Mais également les religieux qui plaident pour la paix des coeurs. on le fait toujours, mais c'est juste pour coller à l’actualité».
La Raddho accuse le pouvoir et invite la Communauté internationale à réagir en amont
Considérant que «cette situation est scandaleuse», le président de la Raddho d'avertir : «Si nous continuons sur cette lancée, le pays va vers une situation dangereuse».
Pour éviter tout dérapage, Alioune Tine invite la Communauté internationale à réagir en amont. «Nous interpellons la Cedeao, l’Union européenne, à avoir une réaction diplomatique et rapide pour examiner le cas du Sénégal. Il ne faut pas qu’ils attendent que le pays arrive à des dérives pour réagir. Il faut qu’on n'arrête de faire la politique de l’Autruche, au sein des institutions africaines», soutient-il. D'ailleurs, M. Tine révèle avoir posé le cas du Sénégal à Bruxelles où se déroule actuellement une réunion internationale qui regroupe des organisations dont Amnesty International. «J’ai posé le cas du Sénégal à Bruxelles, et les organisations internationales vont ouvrir une enquête sur la violence politique au Sénégal et les menaces de faire sortir l’armée, la gendarmerie et la police», renseigne le porte-parole du M23.
Alioune Tine conseille au pouvoir d’adopter la stratégie de la négociation, estimant que le durcissement ne les mènera à rien. «La répression ne marche pas au Sénégal. Le pouvoir doit regarder la situation avec lucidité, prévoyance et bon sens, pour trouver une sortie de crise. Seul un dialogue peut sauver le Sénégal», conclut le président de la Raddho.
Des opposants indexent Me Wade et son régime
Moussa Sarr, porte-parole de la Ligue démocratique (Ld), déclare que «la violence qui sévit actuellement dans la scène politique est condamnable à tout point de vue. Et cela montre simplement que le pouvoir actuel est dans le désarroi. Il procède par intimidation par la violence pour installer la peur chez ses adversaires politiques, notamment de l'opposition». Et le camarade du professeur Abdoulaye Bathily de préciser : «Mais, ils (ndlr : les libéraux) doivent se rendre compte que cela ne peut pas nous faire peur. Nous réaffirmons que nous ferons tout pour qu'Abdoulaye Wade ne soit pas candidat. Et cela, quel que soit le prix à payer, car le Sénégal vaut le sacrifice de ses enfants».
Accusant le chef de l'État d'être le responsable de l'agression dont a été victime la coordonnatrice départementale de «Luy Jot Jotna» à Bambey, Moussa Sarr fulmine : «Ce qui s'est passé chez Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng et à Bambey prouve que le pouvoir est entièrement responsable de tout cela. Abdoulaye Wade est le garant de la sécurité des Sénégalais. C'est à lui qu'il revient d'assurer la sécurité de tous les Sénégalais. Il sera responsable de tout ce qui adviendra à notre pays».
Moussa Tine pour l'application de la loi du Talion
Pour sa part, Barthélemy Dias, Secrétaire général du Mouvement national des jeunesses socialistes (Mnjs) et maire de Mermoz-Sacré-coeur, voit derrière cette escalade de la violence «une stratégie mise en place par le pouvoir pour ne pas organiser des élections en 2012». Non sans mettre en garde les libéraux et leurs alliés : « À la provocation politique, il y a aura une réponse politique».
De son côté, Jean-Paul Dias, Premier secrétaire du Bloc des centristes gaïndé (Bcg), pense que la violence découle de la volonté de Me Wade de vouloir briguer un troisième mandat.
Sur ce qui s'est passé à Bambey et aux devantures des maisons de Niasse et de Tanor, M. Dias se demande pourquoi le Parquet ne s'est pas autosaisi pour situer les responsabilités des uns et des autres.
SEYDI GASSAMA, PRÉSIDENT AMNESTY INTERNATIONAL SECTION SÉNÉGAL : «Cette violence peut remettre en cause la démocratie et la stabilité du pays»
Seul un dialogue politique peut mettre fin à la violence qui gagne de plus en plus de terrain sur la scène politique. C’est la conviction de Seydi Gassama, président d’Amnesty International section Sénégal. Et il ne manque pas d'interpeller les politiques.
La violence qui gangrène l'arène politique et qui est lourde de dangers pour le Sénégal préoccupe au plus haut point Amnesty International. Notamment après ce qui s'est passé le week-end dernier à Bambey où les jeunes libéraux et ceux du Mouvement du 23 juin (M23) se sont livrés à une bataille sans merci.
Une situation que déplore le président d’Amnesty International section Sénégal. Selon Seydi Gassama, les responsables politiques, de toute obédience, doivent prendre leurs responsabilités et donner des instructions fermes à leurs différents militants pour qu’un climat de paix puisse régner dans l’arène politique.
Dans son propos, M. Gassama sonne l'alerte : «Nous sommes en période préélectorale, et cette violence peut remettre en cause la démocratie et la stabilité du pays». Et face à cette situation, le responsable d’Amnesty International Sénégal dit condamner fermement les nombreux affrontements entre membres de l’opposition et ceux de la mouvance présidentielle. «La violence n’entraînera que la violence. Et avec la violence, on ne peut pas organiser des élections apaisées», indique-t-il.
Seydi Gassama estime que «tous les politiques doivent se retrouver autour d’une table pour discuter sur les voies et moyens de mettre fin à la violence qui commence à gagner du terrain». «Il n’est pas trop tard pour organiser un dialogue politique pour que les gens s’accordent sur l’essentiel. Pour mettre fin à cette violence, il faut organiser un dialogue politique dans les plus brefs délais. Sinon, la violence va affecter la campagne électorale et le jour du scrutin», souligne M. Gassama.
Par rapport aux nervis que le Pds aurait envoyé aux domiciles d’Ousmane Tanor Dieng et de Moustapha Niasse, le président d'Amnesty International section Sénégal martèle : «Nous condamnons vigoureusement l’envoi de nervis aux domiciles d’Ousmane Tanor Dieng et de Moustapha Niasse et nous interpellons les forces de sécurité pour qu’ils assurent la sécurité des responsables politiques et des personnes». Et de poursuivre : «Nous interpellons en premier les chefs de la police et de la gendarmerie, le ministre de l’Intérieur et celui des Forces armées, pour que des instructions fermes soient données dans le sens de protéger l’ensemble des populations et la classe politique, en particulier».
POUR CALMER LE JEU POLITIQUE : Le Rds suggère à Me Wade de gracier Malick Noël Seck
En graciant Malick Noël Seck, le président de la République posera, à en croire le Rds, «indubitablement, un jalon non négligeable sur le chemin devant conduire à des élections apaisées, libres et transparentes. Pour le plus grand gain de la démocratie».
Le Rds est d'avis que «les partis politiques sénégalais gagneraient à procéder à un mea-culpa sincère, pour avoir failli dans leur mission sacrée de formation de leurs militants». À son avis, «une salutaire formation citoyenne» aurait inculqué à Malick Noël Seck «cette nécessaire modestie militante» et «lui aurait certainement évité, dès l’entame de son offensive épistolaire, de se prétendre porteur des 'doléances du peuple sénégalais'». Et d'ajouter : «Il n’aurait alors jamais, dans sa missive incendiaire, apostrophé ces hauts magistrats du Conseil constitutionnel sur un ton, qui aura pétrifié même les acteurs politiques de son propre camp. Pour ensuite, de manière péremptoire, décréter que : 'Wade doit tomber, l’honneur du Sénégal l’exige !'. Pour enfin leur administrer l’estocade finale, lourde d’inquiétantes menaces : 'Demain, lorsque la parole sera à la rue, nous reviendrons plus nombreux, afin que vous nous rendiez des comptes'».
Pour Mame Mactar Guèye et ses camarades, «ces écrits, adressés à un des plus importants démembrements de l’institution judiciaire, et qui auront mis mal à l’aise nombre de responsables de l’opposition (au-delà de leurs protestations de façade bien comprises) relèvent incontestablement de l’immaturité politique, ou à tout le moins d’une passagère fougue de jeunesse, qui aura eu le mérite d’en avoir rajouté au climat politico-social, déjà suffisamment délétère».
ABBÉ ANDRÉ LATYR NDIAYE, CURÉ DE LA PAROISSE SACRE-COEUR : «Les comportements de foi sont meilleurs que les professions de foi»
Paraphrasant le Pape, le prêtre souligne que «la violence, il ne faut pas la gérer, il faut la déraciner. La violence commence à la base par la parole». Mieux, poursuit-il, «l'apôtre Paul dans sa lettre aux Ephésiens disait qu'aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche. Mais, s'il en est besoin, dites une parole bonne et constructive, bienveillante, pour ceux qui vous écoutent».
Le Curé de la paroisse Sacré-coeur invite les politiques à s'appliquer cette parole. «On peut critiquer, mais objectivement, en se démarquant des insultes et en ne faisant pas de faux témoignages».
Abbé André Latyr Ndiaye demande à tous les acteurs politiques d'être conscients. «C'est une compétition. Il faut garder la tête froide, garder la sérénité et mettre en avant la foi. Les échéances qui arrivent sont des épreuves qu'on doit aborder dans le calme et accepter le cours des choses, mais que ça se passe dans le droit, la sérénité et le respect de l'autre. Que les gens ne paniquent pas. Qu'ils se disent que nous allons à des échéances et qu'il y aura un vainqueur. La foi que l'on se targue, que l'on se l'applique. On dit souvent que Dieu est grand, mais la grandeur doit se refléter par nos actes. On n'attend que nos hommes politiques nous installent à l'ombre de la paix et qu'ils s'acquittent aussi de leur rôle en jouant leur mélodie», conclut le prêtre.
Imam Dame Ndiaye appelle les politiques à plus de responsabilité
Selon le Secrétaire général de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal, «il faut qu’on laisse aux gens le soin de s’exprimer librement comme d’habitude, parce que c’est ça qui renforce un pays de démocrates. «Si l’on tente d’empêcher aux êtres frustrés d'exprimer leur volonté, alors qu'ils ont les mêmes droits que vous, je vous assure que ça peut dégénérer. C'est ça le problème». À l’en croire, si les responsables ne se retrouvent pas autour d'une même table pour discuter des problèmes de ce pays, les choses vont s’aggraver et les responsables ne pourront pas mesurer les dégâts. «Nous n’avons pas intérêt à ce que le pays brûle. Il y a d’autres priorités. Nous ne mangeons pas assez, on ne boit pas assez. La santé, n’en parlons même pas», indique le Secrétaire général de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal.
Imam Dame Ndiaye promet de continuer à prêcher la bonne parole partout pour sonner l’alerte. Pour que les différentes parties prenantes reviennent à de meilleurs sentiments. «Nous allons profiter des prêches du vendredi pour rappeler aux gens les préceptes de la religion, notamment le pardon et le respect de la patrie. Certes,
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