La caravane nationale de sensibilisation sur la violence et le harcèlement en milieu de travail a fait escale, ce jeudi, à Kaffrine, où elle a enregistré une forte mobilisation de plus de 100 travailleurs issus du secteur formel et informel. Initiée par un comité tripartite réunissant le BIT, le bureau de l’OIT à Dakar, le ministère du Travail et le Rejev (Réseau des journalistes engagés pour la lutte contre les violences et le harcèlement en milieu de travail), cette initiative vise à renforcer le plaidoyer pour la ratification de la Convention 190 de l’OIT.

Coordonnatrice du Renafess, le Réseau national des femmes syndicalistes, Nafissatou Samb rappelle que cette caravane est née d’une urgence. « La Convention 190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail existe et il nous a semblé nécessaire de mener une caravane à Thiès, Diourbel et Kaffrine ».

Une mobilisation forte et un message clair

Après Thiès et Diourbel, où un mémorandum a été déposé auprès des autorités administratives, l’équipe a poursuivi sa mission à Kaffrine. « Aujourd’hui, nous sommes à Kaffrine pour organiser la caravane. Il y a eu beaucoup d’engouement et nous sommes passés dans les marchés afin que les populations puissent connaître la Convention 190, puisque nous attendons encore sa ratification », explique Nafissatou Samb.

La caravane a sillonné plusieurs ruelles de la ville, notamment le marché central où des communications ont été faites en direction des commerçants, travailleurs ambulants, apprentis et usagers. Les personnes rencontrées ont été invitées à donner spontanément leur avis sur les violences en milieu professionnel, un exercice particulièrement bien accueilli.

Un public largement concerné

La coordinatrice du Renafess rappelle que la Convention 190 concerne l’ensemble des travailleurs. « Cette convention n’est pas spécifique aux femmes ; elle concerne tout le monde, car on parle ici du milieu du travail. Toutefois, après plusieurs analyses, nous nous sommes rendu compte que les femmes, en tant que couche vulnérable, sont plus touchées. Et au-delà des femmes, les personnes en situation de handicap sont également concernées. Les femmes occupent souvent des emplois précaires, ce qui les expose davantage à ces violences ».

Un plaidoyer toujours en attente de concrétisation

Alors que le Sénégal a pris l’engagement, depuis l’adoption de la Convention en 2019 à Genève, d’aller vers sa ratification, le processus tarde encore. « À deux reprises, le chef de l’État, en Conseil des ministres, avait demandé l’accélération du processus de ratification. Aujourd’hui, la question reste toujours en suspens. C’est pourquoi nous lançons un appel au président de la République pour qu’il ratifie cette convention », insiste Mme Samb.

Elle ajoute : « Tant que la Convention 190 ne sera pas ratifiée, vous voyez bien, à travers les médias, qu’il y a une recrudescence des violences. Il est donc nécessaire et urgent que le président de la République procède à cette ratification. »

La caravane a aussi remis un mémorandum au gouverneur. Selon les membres de la délégation, « le gouverneur a montré son engagement pour la lutte contre les violences, en particulier celles en milieu du travail. Il a rassuré l’équipe de sa disponibilité à assurer le suivi et à les accompagner, tout en espérant une ratification prochaine de la convention, déjà abordée en Conseil des ministres ».