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Le 31 bouscule le Magal à Mbacké : Des filles recrutées via le net pour des pèlerins particuliers

Auteur: Walf

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Comme aux grands évènements mondiaux, Mbacké a été le point de chute de filles provenant de Kaolack et Dakar. Elles ont séjourné près de la ville sainte au service de quelques personnes pour satisfaire des pèlerins spécifiques.

(Envoyé spécial à Touba) - Mbacké n’a pas dérogé à la règle en ce jour de nouvel an qui a coïncidé avec le Magal  de Touba. La commune de Mbacké était le lieu de ralliement des toutes les personnes qui aimaient les mondanités. Vers 1 h du matin, une file de voitures  quittent Touba pour joindre Mbacké. Les plus jeunes dont des filles, des adultes également, des particuliers font le déplacement vers Mbacké. Ils seront suivis par le groupe de journalistes qui voulaient vérifier l’information reçue un peu plus tôt faisant étant d’un groupe de filles déversées dans la ville de Mbacké. Ces filles, selon notre interlocuteur, viennent de deux localités : Dakar et Kaolack. Un site Facebook offrant des services sexuels a ouvert une page pour enregistrer des filles qui voulaient participer à une prostitution organisée. Selon nos informations, des filles se sont inscrites et un convoi de trois cars a fait le ramassage pour les acheminer à Mbacké. Et c’est le quartier Diamagueune, au centre-ville, qui a abrité les filles. Elles ont été réparties dans cinq maisons closes dont deux font face. Les cinq maisons closes sont réparties sur un rayon d’un kilomètre.

Dès notre arrivée, des jeunes font des va-et-vient sur les deux premières portes grand ouvertes. Aucune difficulté pour y accéder. Dans la première maison, des filles au nombre de dix sont assises en face et en colonne sur des bancs, guettant le moindre client. La concurrence fait rage entre filles. Il fallait glaner le maximum de clients pour assurer la nuit. Derrière le groupe de filles, est assise sur une chaise une entremetteuse, une véritable proxénète qui tient les ficelles. Les journalistes s’approchent des filles pour discuter et négocier une éventuelle passe. «Ici les prix varient entre 2 000 à 3 000 francs et on gère bien. Ce n’est pas cher et c’est accessible», note une fille. A la question de savoir si la fille est prête à se déplacer moyennant une forte somme, la proxénète qui ne s’était même pas intéressée aux clients, saute de sa chaise pour rabrouer le groupe. «Ici, personne ne sort. On gère sur place ou on laisse tranquille les filles. C’est compris ? Nous sommes un jour de Magal et les filles ne doivent pas sortir», lance la vieille au groupe. Dans la maison d’en face, c’est le même décor. Les filles, beaucoup plus nombreuses, sont également sous la coupole d’une vieille dame. Effacée, assise à l’extrême droite, la proxénète veille au grain. Là encore, les filles n’osent pas franchir le portail avec un client.

Ici, pas de sortie

Après avoir visité deux maisons closes, il fallait changer de stratégie et tenter de faire parler les filles pour savoir leur provenance et comment elles sont arrivées à Mbacké. La première tentative a échoué puisque les filles n’avaient pas confiance au groupe. Puis, nous sommes revenus à la charge, pour cette fois-ci, mettre les moyens et arracher quelque chose aux filles de joie. Après un marchandage, le prix est fixé à 2 000 francs. C’est ainsi que nous avions droit à un tour dans la chambre. La maison est contiguë à un débit clandestin de boissons alcoolisées. Là aussi, les entrées et sorties s’accélèrent. Mais la porte du bar est gardée par deux jeunes qui ouvrent et ferment le portail. Dans la maison close, un groupe de jeunes, en habit de Baye Fall, assure la sécurité. Une vieille dame, dans un coin de la maison, assure également la garde. Une petite scène de jalousie la dérange un instant. Quelques phrases prononcées par la vieille et d’un ton acerbe remettent de l’ordre dans la place. La compagne s’appelle N. Sarr, elle vient de Kaolack. «J’ai 20 ans et deux enfants et je viens de Kaolack. Je ne peux pas t’expliquer ce qui m’a amenée à Mbacké», indique la prostituée. La jeune fille, sans doute la plus jeune du groupe ne veut également pas sortir de la maison, sous peine d’être traitée de racoleuse. «La police est à sa troisième visite cette nuit. Souvent les policiers s’intéressent aux gens qui ne détiennent pas de cartes d’identité. Dehors, ils reconnaissent facilement les prostituées», explique N. Sarr.

Filles  commandées via internet

Quelques mètres plus loin, une autre maison close, exclusivement occupée par des filles venues de Dakar, attire l’attention du passant. La différence entre les Dakaroises et les Kaolackoises se note par le port vestimentaire. Les prostituées de Dakar ont les tenues les plus osées. Elles portent, en général, des mini-jupes et autres habits qui laissent apparaître leur corps. Malgré la fraîcheur, les jambes de ces filles sont exposées au vent glacial. Mais, dans cette maison, les clients n’ont droit qu’à très peu de chambres. Les moins chanceux sont servis dans des hangars de fortune où seul un tissu fait office de porte d’entrée. Pendant l’acte sexuel, les pieds du client sont visibles à travers la porte. Tout l’acte sexuel est suivi par les curieux qui attendent leur tour de passer aux choses sérieuses. A.Fall vient de Cambéréne 2. Pour cette fille de 23 ans, elle et ses «collègues» ont été contactées par un homme sur le net qui leur a indiqué le lieu de rencontre et de départ sur Mbacké. «Je ne saurais dire son nom, mais ce que je pourrai dire c’est que c’est après un échange via le net que nous avons été averties de l’existence d’une caravane sur Mbacké. C’est tellement bien organisé que nous sommes passées inaperçues. Nous allons rentrer en même temps que les pèlerins», développe celle qui en est à sa première participation. Pour cette autre dame, plus âgée, c’est une occasion à ne pas rater pour se remplir les poches. «Sans ce réseau organisé, je viens à Mbacké. Les prix actuellement ont grimpé, mais ils peuvent dégringoler jusqu’à 1 000 francs à Mbacké», raconte-t-elle. La grande question que tout le monde se pose est la suivante : qui est derrière cette caravane organisée de prostituées sur Mbacké ? La police n’en est-elle pas informée ? Un tour dans la ville montre que, à Mbacké, plusieurs activités se côtoient. Les Baye Fall défilent à côté des petits larcins qui n’hésitent pas à vous vendre un objet de valeur sans doute dérobé à Touba. Les couples, main dans la main, marchent lentement vers une destination inconnue.

Auteur: Walf
Publié le: Mercredi 02 Janvier 2013

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