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Mort dans les geôles de Senghor : Blondin, l’autre Diop

Auteur: senewebnews

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Il fut un des plus brillants intellectuels du Sénégal des indépendances. Un des plus engagés aussi. Blondin, c’est l’autre autre Diop. Avec l'historien Cheikh Anta, il n’avait aucun lien, sinon ce patronyme qui rappelle une lignée guerrière du Cayor, qui s’est forgée une réputation de refus de la colonisation depuis Lat Dior Diop, héros national du Sénégal. Mais les deux avaient en commun l’amour pour leur pays et le combat pour la libération de l’Afrique de l’emprise coloniale. 
 
Un autre malaimé de Senghor donc, qui voyait mal l’arrivée de ce brillant jeune intellectuel admis au concours d’agrégation de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, là où le président poète avait échoué une première fois. Pour ce grand orateur, philosophe de son état, philosophie et militantisme, pensée et action n’étaient pas dissociables. Brillant connaisseur de Marx pour lequel il a présenté une dissertation restée mémorable devant ses camarades, Blondin était aussi révolutionnaire et activiste. 
 
Il va donc prendre part à la révolte de 1968 qui a secoué le régime de parti unique instauré par le président Senghor. Expulsé par le gouvernement Français en 1969, Oumar Blondin Diop se rend en Palestine pour y subir un entrainement commando dans les camps de « Feddayins », puis au Mali. « L’objectif était de nous faire libérer par la force. Il avait dressé un plan pour nous faire évader de la prison en pleine nuit pour regagner la Gambie par voiture avant le lever du soleil. 
 
A partir de ce pays, on allait prendre l’avion pour Conakry », narre Diallo Diop sur Week-end Magazine, qui ressemble à son frère comme deux gouttes de sang. « Il se donne la mort par pendaison le 11 mai 1973 », selon la version officielle servie par le gouvernement de Senghor. La version est contestée par le père de la victime, Ibrahima Blondin Diop, médecin de son état, qui avait porté plainte à l’époque pour « coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort et pour non-assistance à personne en danger ». 
 
Ancien juge d’instruction, Moustapha Touré avait inculpé les trois gardes de la prison de Gorée pour meurtre. Il fut relevé de ses fonctions et dessaisi du dossier, quelques temps après en 1973. « Mohamed a été le premier à dire qu’il n’y avait pas de suicide et que son frère avait été battu à mort. Oumar Blondin gémissait, soupirait, d’après les déclarations de son frère», soutient Moustapha Touré, juge d’instruction à l’époque. 
 
Oumar Blondin Diop a été enterré en catimini au cimetière des Abattoirs sur la Corniche-Ouest, à l’âge de 27ans. Issu de la moyenne classe sénégalaise d’après indépendance, il est un exemple d’engagement pour les jeunes intellectuels sénégalais.
Auteur: senewebnews
Publié le: Lundi 06 Juin 2011

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