Face à l’érosion côtière grandissante qui menace la Langue de Barbarie, l’Agence de Développement Municipal (ADM), en collaboration avec les autorités administratives et les acteurs communautaires, a lancé une série d’actions de communication territoriale dans le cadre du Projet de Relèvement d’Urgence et de Résilience à Saint-Louis (SERRP). Objectif : préparer le déplacement stratégique des populations les plus exposées et favoriser l’adhésion communautaire autour de la libération d’une bande de sécurité de 20 mètres entre la mer et les quartiers riverains.
Un forum communautaire de sensibilisation, organisé ce mercredi 25 juin à la Chambre de commerce de Saint-Louis, a réuni les représentants des quartiers de Guet Ndar, Goxu Mbacc et Ndar Toute. Ces discussions visent à recueillir l’avis des populations sur la solution technique retenue, à savoir un repli stratégique destiné à prévenir les risques de submersion marine.
Une réponse technique à un risque environnemental
La bande des 20 mètres, située en front de mer, abrite aujourd’hui 15 081 personnes réparties dans 1 342 ménages, vivant dans 434 concessions. Ces habitants sont directement menacés par l’avancée de la mer. Le projet propose de dégager cette zone pour permettre l’implantation d’ouvrages de protection côtière, tout en relogeant durablement les populations affectées dans des conditions dignes et sécurisées.
Une ingénierie sociale robuste a été mise en place autour du Plan d’Actions de Réinstallation (PAR), qui comprend également une stratégie de restauration des moyens de subsistance pour les populations déplacées. Des ateliers de concertation ont permis d’enregistrer un taux de conciliation de 97 % parmi les personnes affectées, signe d’une forte adhésion locale au projet. Toutefois, 13 cas de refus catégoriques persistent, appelant à une poursuite du dialogue.
Une démarche inclusive, portée par l’ADM
L’ADM, bras opérationnel de l’État dans ce processus, mise sur une approche participative fondée sur l’écoute de la population et la co-construction. L’initiative actuelle vise à créer un consensus territorial fort autour des mesures à venir, en particulier le relogement des sinistrés, la démolition des habitats précaires, la gestion des sites de recasement, et la promotion d’une cohésion sociale durable avec les communautés hôtes.
Les échanges ont aussi porté sur la gouvernance des Pôles d’Infrastructures Communales (PIC), les projets socio-économiques (PROSE), ainsi que la pérennisation des ouvrages à réaliser. Ces débats, animés par des spécialistes en ingénierie sociale et en aménagement du territoire, traduisent une volonté ferme d’ancrer les actions dans une résilience communautaire durable.
Le SERRP : un projet structurant pour Saint-Louis
Mis en œuvre depuis 2018 avec le soutien financier et technique de la Banque mondiale, le SERRP vise à améliorer la sécurité des habitants les plus vulnérables de Saint-Louis face aux aléas climatiques, en particulier l’érosion côtière. Doté initialement d’un financement de 35 millions de dollars, renforcé en 2020 par un appui additionnel de 50 millions de dollars, le projet a vu sa durée prolongée de deux ans pour répondre à l’ampleur des besoins.
Le SERRP entend améliorer les conditions de vie de 1 342 ménages, dont 3 273 personnes déjà sinistrées, à travers la construction de 436 logements, l’aménagement de sites de relogement et le développement de nouvelles sources de revenus. Par ailleurs, le projet ambitionne de requalifier la bande littorale libérée, de produire des documents de planification pour mieux gérer les risques urbains et côtiers, et de renforcer les capacités institutionnelles locales.
Les activités de sensibilisation se poursuivent jusqu’au 26 juin à Saint-Louis et à Diougop, sous la présidence du préfet du département, avec la participation active de l’ADM, des services déconcentrés de l’État, des représentants des populations, des partenaires techniques et financiers, ainsi que des médias.
Auteur: Babacar SENE (correspondant) Saint-Louis
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