Santé : And Gueusseum menace de reprendre la lutte syndicale face au silence du gouvernement
L’Alliance des Syndicats Autonomes de la Santé (ASAS), regroupant notamment le SUTSAS, le SUDTM, le SAT Santé/D-CNTS Santé et le SAT/CL, réunie au sein d’And Gueusseum, hausse le ton. Après une trêve observée pour des raisons humanitaires liées aux intempéries de l’année, le collectif annonce qu’il pourrait relancer un nouveau plan d’actions syndicales si ses revendications ne trouvent pas de réponse.
Selon And Gueusseum, le ministère de la Fonction publique n’a pas tenu sa promesse d’organiser une séance plénière afin de régulariser les actes dus aux agents de santé. Le collectif dénonce un « mutisme » et une « inertie incompréhensible » du gouvernement dans l’application des accords résiduels déjà signés.
« Le préavis de grève déposé le 6 mai 2025 arrive à expiration le 6 novembre. À défaut de solutions concrètes, nous serons contraints de déterrer la hache de guerre », prévient le Directoire d’And Gueusseum, qui pointe la responsabilité de l’État dans les conséquences que pourrait entraîner une paralysie du système de santé, surtout en pleine émergence de la fièvre de la Vallée du Rift et de la variole du singe.
Dans un contexte marqué par l’apparition de nouvelles menaces sanitaires, And Gueusseum appelle le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique à un changement de paradigme. Le syndicat exige des campagnes massives d’information et de sensibilisation auprès des populations, mais aussi la formation et la protection du personnel de santé.
Il déplore par ailleurs « l’hibernation » du Service national de l’Information et de l’Éducation pour la Santé (SNIES), qui devrait, selon lui, jouer un rôle central d’accompagnement et d’éveil des populations.
Le syndicat n’a pas mâché ses mots contre certains dysfonctionnements dans le secteur. Il fustige la gestion de l’Agence de Réglementation Pharmaceutique (ARP), le retard de paiement des salaires du Programme Buffet, ainsi que la direction des hôpitaux confiée à des médecins malgré l’existence de nombreux gestionnaires qualifiés laissés en marge.
« Pendant que des directeurs expérimentés sont écartés, des gestionnaires restent oisifs. C’est un gâchis pour le système », martèle And Gueusseum.
Le collectif s’oppose également à l’approche jugée « solitaire » du ministère de la Santé, qui travaillerait en catimini sur une réforme hospitalière et la révision de la carte sanitaire. La création d’une nouvelle fonction de « médecin-ICP » (médecin chef de poste de santé) est jugée problématique par les syndicats, qui rappellent que, dans de nombreux centres, ce sont déjà les infirmiers qui assurent, souvent illégalement, des responsabilités médicales faute de médecins.
En contraste avec ces dénonciations, And Gueusseum s’est félicité du succès de la 3ᵉ Université d’Hivernage du SUTSAS, organisée sous le thème : « La souveraineté sanitaire au Sénégal : défis structurels, dynamiques sociales et leviers d’action ».
La rencontre a mis en lumière plusieurs obstacles à l’autonomie sanitaire du pays, dont le manque de financement, de ressources humaines et d’infrastructures, ainsi que la dépendance pharmaceutique. Elle a aussi dégagé des pistes d’action : meilleure gouvernance, industrialisation pharmaceutique locale et valorisation du capital humain en santé.
Avec la fin prochaine de la trêve syndicale, le spectre d’une quatrième vague de mobilisation plane sur le système de santé. And Gueusseum prévient : si rien ne bouge d’ici novembre, la responsabilité du blocage retombera sur l’État. Un scénario redouté alors que le pays doit déjà faire face à la menace des épidémies émergentes.
Commentaires (3)
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And guessum pour faire tomber des fruits de l’arbre afin de s mettre d l’argent en poche.
L’Etat doit renforcer l’école militaire de santé, lui augmenter le nombre d’étudiants pour avoir assez de personnels cadres et subalternes, en médecine générale comme en spécialités. Parallèlement, développer une chaîne de services de santé militaire dans tous les départements (hôpitaux, centres de santé, soins mobiles et ambulants, les doter en médicaments d’urgence). Il y a beaucoup de jeunes qui ont terminé leur formation dans des écoles privées de santé, qui ont fait plusieurs mois de stages ruraux et urbains, mais ne peuvent même pas passer leur examen professionnel depuis des années maintenant. Toutes ces personnes peuvent s’engager dans un service civique national, embrasser le volontariat provisoire dans le cadre militaire, etc. Il pourront ensuite valablement intégrer les services publics, déjà que certains officient dans les cliniques privées qui les exploitent. Il faut revoir en profondeur tout le système de santé au Sénégal, il est tellement gangrené. Des dirigeants syndicalistes, des politiciens, des influents de toutes sortes, ont leurs lobbys dans les recrutements, Depuis les indépendances nous souffrons, malgré l’excellence de nos médecins, il est donc temps de tout remettre à plat et concevoir un véritable système performant, intègre, transparent et centré sur le Patient. Pour moi l’armée doit y jouer un rôle central, ici à Thiès les malades préfèrent aller à la base militaire où ils sont bien accueillis et traités. Il faut des mesures courageuses, même s’il faut avoir un seul mandat.
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