Abdoulaye Wilane, président du Conseil départemental de Kaffrine, secrétaire national et porte-parole du Parti socialiste, a livré une réflexion personnelle à la suite de la lecture du texte du professeur Joomay Ndongo Faye intitulé « Les maladies de l’État sénégalais ».

Dans une note adressée à l’universitaire, il confie avoir été « frappé par la profondeur de son analyse et la clarté avec laquelle il met en lumière les causes structurelles de nos difficultés ». Selon lui, ce diagnostic « mérite une appropriation et un partage, notamment par les acteurs publics et les militants politiques », car il ouvre un débat utile sur les grandes faiblesses de l’État sénégalais.

Deux grandes faiblesses de l’État

S’appuyant sur le texte du Pr. Faye, Abdoulaye Wilane rappelle que « notre État souffre de deux maladies handicapantes ». 

« Une souveraineté incomplète » : le Sénégal dispose du droit de choisir ses politiques, mais non des moyens de les appliquer sans l’aval des grandes puissances ou des institutions internationales. Le professeur parle ici d’une « souveraineté négative ».

« Un appareil d’État hérité du colonialisme : préfets, sous-préfets, gouverneurs… autant de niveaux administratifs coûteux, inefficaces et surtout déconnectés des citoyens », ce qui donne un État « lourd, centralisé, mal aimé et mal approprié par la population ».

Ces maux, selon lui, entretiennent « une dépendance extérieure pour la monnaie, la dette ou la diplomatie », mais aussi « une faible confiance des citoyens envers l’administration », « un sentiment d’exclusion, notamment chez la jeunesse et la diaspora » et enfin « un système administratif qui freine au lieu d’accompagner le développement ».

Des solutions proposées

Le texte du Pr. Faye, repris par Wilane, propose plusieurs pistes de solutions. À court terme, « réorganiser l’État en supprimant les échelons coloniaux, rapprocher le pouvoir des citoyens (en partant du village/quartier), réduire les pouvoirs du président, et graver ces changements dans la Constitution ». À long terme, « travailler à une union fédérale africaine, pour bâtir une souveraineté véritablement positive ».

La méthode : « Mettre en place une grande Commission présidentielle de refondation, indépendante, capable de proposer un plan de transformation sur plusieurs décennies. »

L’avis critique d’Abdoulaye Wilane

Sans remettre en cause la pertinence de l’analyse, le porte-parole du PS a formulé un avis critique pour enrichir le débat. « Ce diagnostic a le mérite d’aller au fond des choses : il ne s’arrête pas aux symptômes comme la corruption, mais s’attaque aux causes structurelles », écrit-il. Il reconnaît que « la critique du poids colonial dans notre administration est très pertinente ». 

Toutefois, il nuance certaines appréciations : « Dire que le Sénégal est non viable tout seul est discutable : d’autres petits pays africains réussissent mieux grâce à une gouvernance rigoureuse. L’union africaine est une belle idée, mais elle reste un horizon lointain. »

Concernant les propositions de réforme, Wilane salue leur audace et leur originalité. « Réhabiliter le village comme cellule de base ou réduire les pouvoirs présidentiels sont des idées adaptées au contexte culturel sénégalais. Mais leur mise en œuvre se heurtera à de fortes résistances, notamment de la part des élites politiques », note-t-il.

En conclusion, il considère que « le texte de son compatriote est visionnaire, panafricaniste, parfois idéaliste. Il pousse à réfléchir sur l’avenir de l’État sénégalais. La vraie difficulté sera de concilier cette ambition de refondation avec des réformes concrètes, réalistes et applicables dès maintenant ».