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BAVURES : Quand l’Etat couve les «meurtriers»

Auteur: Samsidine DIATTA & Habibatou TRAORE

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BAVURES : Quand l’Etat couve les «meurtriers»

Le mardi 15 mai 2018, l’étudiant Fallou Sène tombait sous les balles d’un gendarme, à l’université Gaston Berger de Saint-Louis. Grièvement touché, alors qu’il manifestait avec ses camarades pour le paiement de leurs bourses, il rendra l’âme dans des conditions atroces. Aujourd’hui, 12 mois après, ses parents réclament toujours justice.

En effet, ces dernières années, seules quelques cas de bavure ont connu un traitement judiciaire acceptable. Pour l’affaire Mamadou Diop, une décision a été rendue. L’arrêt date du 28 janvier 2019, pour une affaire qui date de 2011. Il a fallu 8 ans pour que la justice puisse l’élucider, avec des condamnations jugées «extrêmement légères». Les policiers Ousmane Kane et Wagane Souaré ont pris respectivement 2 ans de prison avec sursis et 3 mois de prison avec sursis.

Quant à l’affaire Bassirou Faye, elle est actuellement en appel. Condamné, le policier Boughaleb a déposé un recours. L’affaire attend d’être jugée. «Ce ne sont que ces deux affaires qui ont connu, plus ou moins, une évolution. Avec, cependant, une lenteur déplorable. On ne comprend pas que ces affaires puissent durer plus de quatre à cinq ans», dénonce Me Alassane Dioma Ndiaye, défenseur des droits humains.

6 affaires non encore élucidées

En 2016, le détenu Ibrahima Mbow mourrait, lors de la mutinerie à la prison de Rebeuss. Le dossier est toujours en instruction. En février 2017, Elimane Touré décédait dans le commissariat du port. Avril 2018, le jeune Abdoulaye Timéra est fauché par une voiture de police roulant en sens inverse sur le boulevard Général du Centenaire. Il succombera à ses blessures. Juin 2018, le commerçant Modou Diop meurt lors d’une intervention musclée de la police chez lui, à la Médina. Il avait été soupçonné de vol de tissus. Juillet 2018, Pape Sarr trouve la mort dans des conditions non élucidées dans le commissariat de Thiaroye.

Toutes ces affaires, auxquelles s’ajoute celle de Fallou Sène, n’ont toujours pas été démêlées. Au grand dam des familles des victimes.

«Cela fait six affaires sans évolution notable. Les cas les plus marquants restent ceux de Fallou Sène, de Modou Diop et de Pape Sarr. Des cas qui se sont passés en plein jour, sans contestation. Et le parquet rechigne à engager des poursuites. Je crois que ces retards sont dus à des raisons politiques», crache Me Alassane Dioma Ndiaye.

Pour lui, le parquet a des limites. «Il est sous le joug du pouvoir Exécutif. Et si les dossiers peuvent impacter la République, vous comprendrez aisément qu’il traine les pieds pour ne pas gêner l’Etat qui cherche à ne pas se  mettre à dos les forces de l’ordre», soupçonne la robe noire.

Affaire Fallou Sène : L’auteur du coup fatal était pourtant connu

Pour Seydi Gassama, patron d’Amnesty-Sénégal, la difficulté se trouve surtout dans l’affaire Fallou Sène. «Une enquête avait été diligentée par le procureur de Saint-Louis, qui a transmis le dossier  au parquet de Dakar. Et depuis, personne ne sait ce qui se passe. Nous trouvons cela absolument inacceptable qu’un étudiant soit tué et jusqu'à ce jour, on est incapable de dire exactement ce qui se passe», crache le droit-de-l’hommiste. Et pourtant,  «le  chef de la légion nord  a dit clairement que c’est le chef du département, qui était ce jour-là à l’université de Saint-Louis, qui a tiré», ajoute-t-il.

Las de voir l’Etat et la justice trainer les pieds, des familles de victimes de bavures policières se sont constituées en collectif. Joint par «Seneweb», leur coordonnateur, Christian Faustin, impute cette situation à un manque de volonté.

Le ras le bol des familles des victimes

«C’est un manque de volonté politique et judiciaire. Si la justice n’arrive pas à régler ce genre de cas, il y a de quoi avoir peur au Sénégal. Nous demandons aux autorités de prendre leurs responsabilités. Elles ont la mission de sécuriser les populations. Les forces de l’ordre ne doivent pas abuser de leurs pouvoirs et tuer des citoyens», déclare-t-il.

En tout cas, lui et les membres d’autres familles de victimes de bavures policières ne comptent pas lâcher prise. Ils comptent se battre pour que justice soit rendue pour les victimes de ces bavures.

Auteur: Samsidine DIATTA & Habibatou TRAORE
Publié le: Mercredi 15 Mai 2019

Commentaires (11)

  • image
    il y a 6 ans

    seuls macky sall et sa famille ont la sécurité dans ce pays

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    il y a 6 ans

    Silence, les forces de sécurité tuent le peuple qu'ils sont censés défendre.

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    Ali il y a 6 ans

    Ca fait peur ...

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    Jeune leader il y a 6 ans

    PARTANT POUR UN DIALOGUE LIBRE , OUVERT ET TRANSPARENT
    GUEUM SA BOPP SALUT LA MATURITÉ DE NOTRE OPPOSITION
    ET CONTINUE LE TRAVAIL POUR LE VRAI CHANGEMENT AVEC
    CETTE NOUVELLE GÉNÉRATION DE LEADERS ENGAGÉS POUR
    DU CONCRET AVEC UN NOUVEAU SYSTÈME POLITIQUE PAR
    DES MÉTHODES PLUS ADÉQUAT AUX ENJEUX ET RÉALITÉS ACTUELS

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    Ali il y a 6 ans

    J'espere ne jamais avoir affaire avec la police ...

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    LA VERITE il y a 6 ans

    L'Etat connaît bien, très bien celui qui a tué Fallou SENE. Comme c' est un Officier, on préfère mettre le coude. Dieu seul sait si c'était un MDR ou un Sous-Officier. Une vraie justice ne connaît pas de grade. Tous les citoyens devraient être égaux devant la justice. Parmi les gendarmes qui étaient présents le jour ou FALLOU a été abattu comme un petit lapin, certains ont bien vu l'Officier tiré. Alors, pourquoi garder un silence complice ? Vous protégez votre chef et vous devenez aussi complices et vous méritez aussi bien la prison que le chef que vous essayer de protéger. Un assassin reste un assassin et rien d'autre.

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    il y a 6 ans

    Et pour le policier tué par les jeunes de colobane

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    Victimes il y a 6 ans

    L’Etat sous Maky Sall n’ose pas mener cette enquête à bout et condamner les gendarmes ou le gendarme à l’origine de la mort de l’étudiant. Des informations obtenues m’ont permis de savoir qu’il existe des situations juridiques qui permettent à ces gens de tirer pour se dégager du danger qu’ils encourent. J’ai entendu à l’époque certains parler de légitime défense. Mais je ne pense que les notions de légitime défense et d’état de nécessité soient applicables aux gendarmes. Ce sont des notions à mon avis valable pour des civils puisque d’autres textes régissent les forces de défense et de sécurité.

    Dans cette affaire, tout comme dans toutes les autres affaires ayant eu mort d’hommes à l’université, je pense qu’aussi bien les gendarmes, policiers et étudiants sont victimes.
    Oui ! Ils sont victimes des choix contestables des hommes politiques. Pour plagier un peu Tiken Jah, ils allument le feu, l’attisent et après appelle les gendarmes ou policiers. Le groupe de gendarmes qu’on avait amené ce jour ne pouvait pas contenir la furie des milliers d’étudiants. Certains me diront qu’ils sont formés pour ça. Mais apparemment, en y allant ils n’avaient pas la bonne information. Souvent aussi, les hautes autorités de ces corps de sécurité ne protègent pas leurs éléments. Protéger ces éléments c’est oser dire la vérité à ces civils politiciens qui ne font que des conneries. Malheureusement certains hauts gradés ne pensent qu’à leur carrière et s’en foutent de la troupe.
    Maky comme je le disais c’est ce quil risque s’il joue à ouvrir le procès. C’est cette même raison qui avait fait qu’il a traîné les pieds dans le dossier de Mamadou Diop à la place de l’Obelisque avec tout le discours qu’il avait tenu là dessus avant les élections de 2012. Un type comme Arona Sy ancien commissaire de Dakar à l’époque, zélé défenseur du pouvoir politique lors des évènements tragiques a d’ailleurs disparu depuis lors, casé dans les organisations internationales sûrement.
    Voici donc chers concitoyens l’accord tacite existant entre les politiciens et ceux qui les obéissent :Matez, toujours matez on vous protégera quoiqu’il advienne

    Ce qui me fait le plus mal dans cette histoire c’est le comportement de la famille de Fallou Séne qui a osé pour quelques sous vendre sa dignité lors des élections présidentielles. Ceux qui ont suivi l’affaire sauront de quoi je parle.

    Encore une fois ces jeunes gendarmes ne sont que des victimes !

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    reply_author il y a 6 ans

    heureusement que à un moment donné de ton texte tu as dit "je pense que ...."

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    HUMMM il y a 6 ans

    Si je ne me trompe, le gendarme qui a tiré sur Fallou Sène est un ancien chef de la Gard rapproché de Macky Sall, avec qui il serait très lié; ceci explique-t-il cela?

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    Anonyme il y a 6 ans

    Un Etat voyou!

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    il y a 6 ans

    il y a eu bavure. Clair et net.

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