France : Ce que l'on sait des agressions sexuelles sur des bébés à l'hôpital de Montreuil
Une infirmière et son ancien amant ont été mis en examen début août dans une affaire d'agressions sexuelles sur des bébés dans un hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis), des faits qui suscitent l'angoisse chez des parents de plus en plus nombreux à vouloir se constituer partie civile. Voici ce que l'on sait de l'enquête en cours.
Trois victimes
A ce stade de l'enquête, trois nourrissons sont victimes d'agressions sexuelles, a indiqué à l'AFP le parquet de Bobigny.
L'un d'entre eux n'a pas encore été identifié. Pour les deux autres, leurs mères ont déposé plainte.
Contrairement aux premières rumeurs circulant sur l'affaire, il n'y a pas de caractère racial : selon le parquet, "l'un des enfants est blanc, l'autre noir".
Lors d'une audience à la cour d'appel de Paris le 14 août, la présidente a énoncé les actes qui ont été commis à l'encontre des bébés, à partir de vidéos exploitées par les enquêteurs.
Dans une vidéo, l'infirmière met deux doigts dans la bouche d'un enfant. Dans une autre, le sexe d'un enfant est touché, "sous la forme de caresses" et d'un pincement, selon la magistrate.
Qui sont les mis en cause ?
A la suite des révélations sur les réseaux sociaux, une jeune femme de 25 ans, Juliette S., s'est rendue au commissariat pour se dénoncer et incriminer Redouane E., un ancien amant, aujourd'hui âgé de 28 ans.
Ce dernier a été interpellé à son domicile le lendemain.
Ils ont tous les deux été mis en examen le 2 août et placés sous contrôle judiciaire : Juliette S. pour agressions sexuelles sur mineurs et captation et diffusion d'images à caractère pédo-pornographiques; Redouane E. pour complicité d'agressions sexuelles, soupçonné d'avoir été l'instigateur.
Cette infirmière du service de réanimation néonatale, qui prend en charge les bébés nés prématurément, a été suspendue par le groupement hospitalier.
Lors de l'audience à la chambre de l'instruction de la cour d'appel sur leur placement sous contrôle judiciaire, la présidente a rapporté leurs propos tenus dans le cadre d'auditions.
Juliette S. a déclaré avoir agi à la demande de Redouane E., qui lui aurait avoué "fantasmer sur des enfants". L'infirmière aurait exprimé des "regrets", selon la présidente.
Redouane E. a lui d'abord reconnu avoir demandé des vidéos impliquant des mises en scène à caractère sexuel à Juliette S., réfutant cependant la présence d'enfants. D'après les propos rapportés par la magistrate, il a dit avoir "honte" et être "conscient de la gravité de ses actes".
Présent à l'audience, Redouane E. est devenu père au mois d'août. Il lui est interdit d'entrer en contact avec des mineurs sans la présence d'un tiers.
Quand ont eu lieu les faits ?
Les faits ont pu se tenir entre le 1er octobre 2024, date de la prise de contact entre les deux mis en cause, et le 30 juillet 2025, jour où l'infimière s'est rendue au commissariat.
Il n'est donc pas exclu qu'il y ait d'autres victimes.
Sept familles, dont les enfants ont été hospitalisés en 2024 et 2025 dans le service de réanimation néonatale, ont souhaité se constituer partie civile, a appris l'AFP d'une de leurs avocates, Me Besma Maghrebi-Mansouri.
Une autre avocate a annoncé à l'AFP avoir déposé lundi une constitution de partie civile pour six autres familles.
"Mes familles veulent savoir si leur enfant a pu être victime et ne pas rester avec cette question en suspens jusqu'à la fin de leur vie", a déclaré Me Myriam Guedj Benayoun.
Depuis lundi, elle dit avoir été contactée par d'autres familles pour lesquelles elle déposera prochainement des constitutions de partie civile. "Ils connaissent tous cette infirmière", affirme-t-elle.
Que dit l'hôpital ?
Dans un communiqué publié mercredi, le groupement hospitalier de territoire Grand Paris Nord-Est (GHT GPNE) dit "partager l'émotion des familles qui, via leurs avocats, ont notamment critiqué des retards dans la communication des dossiers médicaux.
"La direction de l'hôpital répond aux demandes de dossiers médicaux conformément à la réglementation et dans les délais requis", répond la direction.
Le groupement hospitalier indique par ailleurs que onze familles, potentiellement concernées par les faits, ont été rencontrées par des représentants de la direction.
"Une cellule d'écoute a été mise en place depuis le mardi 5 août et répond à toutes les sollicitations des familles", assure le GHT GPNE.
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