Plusieurs entreprises américaines, notamment dans l’industrie de la tech, commencent à voir le “996” se généraliser parmi les employés. Un rythme de travail infernal de près de 70 heures par semaine, avec un seul jour de congé hebdomadaire.

Il était une fois un slogan dans la Silicon Valley: pour réussir, les grands patrons de la tech devaient se donner à fond, en travaillant sans compter. Aujourd’hui, cette petite musique continue de se répandre, mais cette fois-ci parmi les employés, remarquent plusieurs médias américains. Pour ce faire, un nombre croissant de ces Californiens ordinaires se mettent à adopter le rythme de travail dit “996”. Traduction: travailler de neuf heures du matin à neuf heures du soir, et ce six jours sur sept. Autrement dit en sacrifiant un jour de week-end.

Une course effrénée vers le succès

Ce modèle va même encore plus loin, selon le président de la start-up Greptile, Daksh Gupta. Interrogé par le San Francisco Standard, il affirme qu’un nombre conséquent de ses jeunes recrues s’imposent les règles suivantes: “pas d’alcool, pas de drogue, 996, de la gym, courir loin, se marier tôt, surveiller son sommeil, manger des steaks et des œufs”. Ou, comme le résume le Wall Street Journal: “sans alcool, sans sommeil, sans plaisir”.

Une vie à 100 à l’heure avec une rigueur extrême, autant sur le plan professionnel que personnel, qui reflète une certaine conception du succès. Quid de la santé mentale? Elle n’est pas à l’agenda. Mais “pourquoi irais-je boire un verre dans un bar si je peux créer une entreprise?”, réplique au Wall Street Journal la créatrice d’une société spécialisée dans l’IA.

Contraire au droit

Né en Chine, le “996” a suscité des mouvements de contestation dans l’Empire du Milieu, tant ce rythme était assimilé à de l’esclavage moderne. En 2021, la Cour suprême chinoise a jugé que sans compensation supplémentaire adéquate, ce modèle était illégal, note TF1 Info.

Aux États-Unis, le “996” ne serait pas non plus conforme au droit du travail, mais le contexte est différent. “Nombreux sont ceux qui considèrent l’essor de l’IA comme la plus grande transformation technologique de leur vie et souhaitent se battre pour conquérir de précieuses parts de marché. Certains pensent qu’il faut s’enrichir rapidement, avant que l’IAG (intelligence artificielle générale) n’arrive et ne les fasse sombrer dans une sous-classe permanente”, explique le San Francisco Standard, relayé par le Courrier International.

Mais comme le note le New York Times, toute la Silicon Valley ne s’est pas encore mise au diapason du “996”. De l’autre côté de l’Atlantique, la sauce ne prend pas non plus. Car comme le fait remarquer à Wired un investisseur américain travaillant au Royaume-Uni: “Les gens en Europe ont l’air choqués quand on leur demande de travailler le week-end”.