Gouvernance sanitaire : Un système de santé fragilisé par une "coordination insuffisante"
La gouvernance sanitaire au Sénégal traverse une phase critique, marquée par un besoin croissant de coordination entre les différents acteurs institutionnels. C’est le principal constat ressorti de l’atelier organisé, le jeudi 27 novembre dernier, par l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), en partenariat avec l’International budget partnership (Ibp. La rencontre, qui a réuni journalistes, représentants de collectivités, acteurs communautaires et partenaires techniques, avait pour objectif d’ouvrir un espace d’échanges sur les défis qui freinent l’efficacité des politiques de santé et la transparence dans leur mise en œuvre.
Selon l’analyse de la Chargée de programme santé à IBP, Matel Sow, les défis actuels du système sanitaire « ne relèvent plus uniquement des questions de financement ou de la qualité des infrastructures, mais traduisent également la nécessité de renforcer davantage les mécanismes de gouvernance ».
Elle précise que « les observations réalisées dans les zones prioritaires de la carte sanitaire mettent en lumière des marges d’amélioration dans la coordination entre les différents acteurs institutionnels et communautaires ».
Matel Sow mentionne également que « la régularité des cadres de concertation, une planification harmonisée et une meilleure articulation entre le ministère de la Santé, les collectivités territoriales et les communautés constitueraient des leviers stratégiques pour optimiser l’efficacité des interventions ».
Dans cette perspective, elle souligne que « les collectivités territoriales, investies de la compétence sanitaire, sont appelées à consolider progressivement leur rôle dans le pilotage, le suivi et l’accompagnement des actions menées au niveau local ».
Enfin, Mme Sow rappelle que « si la décentralisation sanitaire constitue un cadre porteur, sa mise en œuvre opérationnelle requiert un appui continu, notamment en matière de ressources, de renforcement de capacités et de coordination avec les services déconcentrés, afin de faciliter une prise en charge plus efficiente et cohérente des besoins des populations ».
Les journalistes, un maillon essentiel de la redevabilité
Au nom du service national de l’éducation et de l’information sanitaire et social (SNEISS), Docteur Ibou Guissé a rappelé le rôle déterminant des journalistes dans la sensibilisation des populations et la vulgarisation des enjeux sanitaires. Il a salué le partenariat avec l’AJSPD, estimant que les professionnels des médias constituent un relais indispensable pour informer les citoyens et documenter les dysfonctionnements du système.
Expert en santé, Tamba Danfakha a évoqué un autre facteur structurel, la rigidité du circuit budgétaire.
À l’en croire, la capacité réelle du ministère de la Santé demeure limitée par des procédures financières dépendant fortement du ministère des Finances.Il estime que cette mécanique réduit la marge d’action opérationnelle, au point que « le ministère de la Santé ne travaille réellement que six mois par an ».
Cette contrainte, souligne-t-il, ralentit les programmes, fragilise la planification et impacte la qualité des services offerts aux populations.
L’atelier s’est conclu par un appel général à renforcer la collaboration entre les différents niveaux d’acteurs. Les participants ont insisté sur la nécessité d’institutionnaliser des espaces réguliers de dialogue, d’améliorer la redevabilité locale et de mieux impliquer les communautés dans la prise de décision.
Commentaires (1)
Le ministre de la Santé est nul.
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