Les habitants de la zone de recasement, déplacés lors de la construction de l’autoroute à péage Dakar–Diamniadio, ont exprimé leur colère ce dimanche. Réunis en assemblée publique, ils dénoncent des promesses non tenues et des pratiques foncières qu’ils jugent illégales.

Leur porte-parole Papa Badiane a d’abord insisté sur la longue durée du conflit et le sentiment de trahison.

« C'est une longue bataille. On nous a trompés, car ce qu'ils nous ont fait croire au début est contradictoire avec ce qui se passe actuellement », a-t-il regretté.

Il a ensuite pointé du doigt les blocages administratifs .

« Le directeur de l'Apix (Agence pour la Promotion de l'Investissement et des Grands Travaux) a refusé de nous rencontrer et nous a mis en rapport avec des agents. Ces derniers nous ont proposé de nous donner des baux, ce que nous avons strictement refusé. Nous voulons nos titres de propriété», dit-il sans détours.

Pire encore, selon lui, le dialogue avec les autorités locales semble rompu.

« Nous avons adressé une lettre au gouverneur de Dakar, mais elle est restée sans suite. Nous refusons catégoriquement cette injustice. »

Fort de cette détermination, le porte-parole a clairement annoncé que la lutte continuerait quel que soit le régime au pouvoir.

« On s'est battu avec le régime sortant jusqu'ici, et nous sommes prêts à en faire de même avec quiconque veut nous faire subir ces magouilles. Nous espérions voir des changements avec l'actuel régime, et ce n'est pas le cas », se désole-t-il.

Enfin, il a réaffirmé leur droit de propriété sur le foncier et a lancé un avertissement sans équivoque.

« La zone de Pikine à Fass Mbao nous appartient toujours, car nous n'avons pas reçu nos papiers. Si ça continue, nous allons barrer l'autoroute à péage car ces terres sont toujours les nôtres. On nous a vendu ces terrains. Qu'ils respectent leurs paroles, sinon on ne reculera devant rien ni personne », a averti le porte-parole.

Des revendications anciennes ignorées

Les populations concernées rappellent que le Plan d’Action de Réinstallation (PAR), validé par l’État et la Banque mondiale, prévoyait l’attribution de 2039 parcelles à usage d’habitation. Douze ans après, beaucoup de familles n’ont toujours pas reçu leurs titres de propriété, une situation qui alimente les tensions et l'insécurité juridique.

Selon les manifestants, les autorités n’ont pas donné suite à leurs démarches. Le Gouverneur de Dakar n’aurait pas répondu à leur courrier, tandis que l’Apix se serait contentée de proposer des baux, rejetés par les populations qui exigent des droits de superficie (titres de propriété complets).

Face à ce qu’ils considèrent comme une injustice persistante, les habitants préviennent qu’ils sont prêts à bloquer l’autoroute à péage pour se faire entendre. Ils dénoncent également la spéculation foncière et l'action des « délinquants fonciers » qui profiteraient de la situation.