En conférence de presse ce lundi 1er septembre à Conakry, le porte-parole du gouvernement guinéen, Ousmane Gaoual Diallo, s’est exprimé sur la crise de liquidité qui secoue le pays depuis plusieurs mois. Alors que l’économie tourne au ralenti et que les citoyens peinent à accéder à leur argent, le ministre a tenu à relativiser la gravité de la situation, qu’il estime davantage psychologique qu’économique.

Une crise de confiance, pas une panne du système

Selon Ousmane Gaoual, la crise actuelle n’est pas liée à un manque structurel de monnaie en circulation, mais à un déficit de confiance dans le système bancaire. « Cette situation n’est pas une crise économique, mais une forme d’inquiétude, a-t-il affirmé. Nous avons plus d’argent gardé dans les portefeuilles, coffres-forts ou domiciles que dans les banques. Lorsque chacun conserve son argent chez lui, il ne circule pas… Voilà ce qu’on appelle crise de liquidité. »

Le porte-parole du gouvernement a ainsi pointé du doigts les comportements de thésaurisation des citoyens, alimentés par la méfiance à l’égard des institutions financières. Trois raisons principales expliquent cette attitude, selon lui : le manque de confiance dans la capacité des banques à restituer les dépôts, les frais bancaires jugés excessifs, et la pression fiscale perçue comme dissuasive.

Un plaidoyer pour les paiements électroniques

Face à cette situation, le ministre recommande une transition vers les paiements électroniques, qu’il considère comme un levier indispensable pour fluidifier les échanges économiques.

« Ce que nous voulons, c’est encourager les paiements dématérialisés, comme l’ont fait les économies modernes. (…) L’objectif du gouvernement est d’accroître les paiements autres que par la monnaie fiduciaire. Cela nous mettra à l’abri des crises de liquidité », a-t-il déclaré.

Tout en reconnaissant que les usages quotidiens notamment dans les marchés restent fortement ancrés dans le cash, il estime que le développement de solutions numériques comme Orange Money ou d’autres plateformes peut contribuer à réduire la dépendance aux billets de banque.

Pas question d’inonder le marché

Le ministre a également tenu à clarifier la position du gouvernement quant à une éventuelle augmentation de la masse de billets en circulation : pas question d’inonder le marché de nouveaux billets, ce qui, selon lui, ne ferait qu’aggraver le problème.

« Si vous importez de nouveaux billets, les gens peuvent toujours les retirer et les stocker chez eux. La crise va continuer. Les billets doivent être introduits uniquement pour remplacer ceux qui sont usés. »

Enfin, il a mis en garde contre la tentation de recourir à la planche à billets pour financer les dépenses publiques, rappelant les conséquences économiques désastreuses que cela peut engendrer : inflation, dépréciation de la monnaie, et perte du pouvoir d’achat.

En résumé, Ousmane Gaoual Diallo invite les Guinéens à restaurer la confiance dans le système bancaire et à adopter progressivement les outils de paiement électroniques. Un discours à la fois rassurant et stratégique, dans un contexte économique où la confiance semble être la monnaie la plus rare.