Tribunal de Dakar : Le Procureur requiert une lourde peine contre Assane Diouf
Le célèbre activiste Assane Diouf a comparu, ce jeudi 17 juillet 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar pour diffusion de fausses nouvelles, discours contraires aux bonnes mœurs et offense à une personne exerçant tout ou partie des prérogatives du président de la République.
Âgé de 53 ans, se disant entrepreneur domicilié à Guédiawaye et père de cinq enfants, le prévenu conteste catégoriquement les faits qui lui sont reprochés. À la barre, le juge lui a rappelé l’existence d’une vidéo circulant sur les réseaux sociaux dans laquelle il aurait tenu des propos contraires aux bonnes mœurs. Mais Assane Diouf s’en défend : « Je n’ai jamais cité le nom du Premier ministre », a-t-il martelé, tout en reconnaissant avoir tenu ces propos. Interrogé sur la cible réelle de ses propos, il déclare : « Je suis un lanceur d’alerte établi auparavant aux États-Unis. On m’a déporté et je me suis battu pour la liberté. Mais j’ai constaté que ceux avec qui j’ai mené ce combat n’ont rien accompli. Au Sénégal, on sait que rien ne marche. »
Lorsque le juge évoque l’expression « jakarlo ak xar xarou tank Adji Sarr », il répond : « J’ai vécu les faits, j’ai combattu dans l’affaire Adji Sarr. Je n’ai fait que relater ce que tout le monde sait. Je n’ai inventé aucun fait. »
Sur les accusations de viol et d’insultes contre le leader politique Ousmane Sonko, il s’est défendu : « En visionnant la vidéo, vous ne verrez nulle part où je l’ai traité de violeur. »
Face au procureur, Assane Diouf est invité à citer ceux qu’il accusait dans ses propos. Il lâche : « Je peux citer le Premier président de la République qui occupe un poste. » Le procureur lui oppose que dans l’organisation des institutions, la personne qu’il a désignée comme « premier menteur » n’est autre que le Premier ministre. Le prévenu nie cependant l’avoir qualifié de la sorte.
Dans ses observations, le ministère public rappelle que les faits sont établis à partir d’une vidéo TikTok où Assane Diouf aurait tenu des propos graveleux sur le Premier ministre, évoquant des cadeaux reçus comme un véhicule et un appartement de la part du patron de Seneguindia, sans pouvoir fournir la moindre preuve. « L’infraction de diffusion de fausses nouvelles est claire. Quant aux propos obscènes et vulgaires, ils sont constitutifs de discours contraires aux bonnes mœurs. Il a adopté une posture de dénégation à la barre, mais les faits sont constants. Nous sollicitons sa condamnation à 2 ans de prison dont 6 mois ferme », a requis le procureur.
La défense plaide la relaxe
Les avocats de la défense, Me Alioune Badara Fall et Me Aboubacry Barro, ont plaidé la relaxe. « Mon client n’a jamais cité le Premier ministre. Et même s’il parlait de lui, cet article du code pénal ne peut être appliqué. Il n’a pas eu la possibilité d’apporter ses preuves en instruction », a déclaré Me Fall. Son confrère Me Barro a rappelé que le Premier ministre n’est pas une institution constitutionnelle protégée par la loi dans ces circonstances : « Il n’est ni chef d’État ni dépositaire de l’autorité publique selon les termes de la Constitution. Nous demandons le renvoi des fins de la poursuite ou, à défaut, une application bienveillante de la loi », a plaidé Me Barro avant de solliciter une mise en liberté provisoire. Le parquet s’est opposé à la requête provisoire, évoquant un risque de récidive.
Le tribunal a rejeté la demande de liberté provisoire avant de mettre l’affaire en délibéré au 7 août 2025.
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