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Campagne désastreuse de la commercialisation de l’arachide : La Suneor ne baigne plus dans l’huile

Auteur: lequotidien

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Le principal huilier du Sénégal n’a pu rassembler plus de 15 mille tonnes d’arachide alors qu’il en cherchait 200 mille. Une situation qu’elle impute à la concurrence qu’elle juge déloyale, de nouveaux acheteurs, principalement chinois, qui proposent des prix plus attractifs. Pour faire face, elle fait du chantage à l’Etat et lui indique qu’elle serait obligée de licencier si elle n’a pas assez de matière première.

La Suneor, le premier huilier du Sénégal, ne se retrouve plus dans la libéralisation de la commercialisation de l’arachide, initiée par le gouvernement du Sénégal et tom­be dans du chantage. La direction de l’ancienne Sonacos menace l’Etat d’un licenciement massif de ses employés, si elle ne parvient pas à avoir des quantités suffisantes d’arachide pour ses usines. L’entreprise qui avait prévu, sur la production de cette année, estimée à 700.000 tonnes, d’en acquérir 200.000, n’a pu, trois semaines après le démarrage officiel de la campagne de commercialisation, rassembler plus de 15.000 tonnes de grains d’arachide.

Une situation qui plonge dans le désarroi toute la société, dans ses différentes composantes. La quantité rassemblée à ce jour est de loin insuffisante pour assurer le fonctionnement des différentes usines de la compagnie huilière. La faute en serait, selon les membres de la Suneor, à l’Etat, qui a laissé de nouveaux acteurs venir se procurer l’arachide auprès des paysans. Il s’agirait principalement, dit-on, de Chinois et de Russes, qui achètent les quantités dont ils ont besoin, dans les marchés hebdomadaires (loumas), qui se tiennent à travers le pays. Ces nouveaux venus passent par des intermédiaires.

Leur intérêt est de proposer aux producteurs, des prix fortement attractifs. Alors que le prix officiel d’achat au producteur avait été fixé cette année à 190 francs Cfa le kilo d’arachide, ces nouveaux acheteurs ne proposent jamais moins que 230 francs Cfa le kilo. Il va sans dire que n’importe quel paysan ou intermédiaire a rapidement su comprendre où était son intérêt, car dans le même temps, la Suneor n’a jamais voulu aller plus loin que le tarif officiel, et surtout dans ses conditions à elle. D’où le blocage dans lequel elle s’est retrouvée aujourd’hui, et son cri d’alarme en direction des pouvoirs publics.

La Suneor indique que le fait que les Chinois et autres étrangers l’empêchent d’obtenir les 200.000 tonnes d’arachide qu’elle cherche sur le marché, va faire que ses usines de trituration ne pourront pas tourner à leur plein régime. Cette situation, font remarquer quelques membres de la direction de l’entreprise, va alors s’ajouter à ce que le premier huilier du Sénégal avait connu l’année dernière, où elle n’a pu récolter que 40.000 tonnes, à peine le cinquième de ce qu’elle souhaitait acheter. A la Suneor, on fait remarquer que cela leur avait fait perdre plus de 4 milliards de francs Cfa l’année dernière. Et que si le déficit doit se creuser encore, la société devra procéder à des compressions de personnel, pour ne pas avoir à mettre la clef sous le paillasson. Il est évident que cet argument touche l’Etat, qui ne peut, pour des raisons évidentes, voir l’huilier en arriver à cela, sans réagir. D’ailleurs, le ministre de l’Agriculture évoque ce point, dans l’entretien qu’il a accordé au journal Le Quotidien, à la page 6 de ce numéro.

 La fixation du prix d’achat au producteur de l’arachide, à 190 francs Cfa, en hausse par rapport aux 165 francs Cfa de l’année dernière, quand l’Etat avait mis une subvention de 25 francs sur chaque kilo, était censée faire aussi bien les affaires des huileries que des producteurs sénégalais. Le prix était suffisamment attractif pour que l’Etat n’éprouve pas le besoin de subventionner la commercialisation. Malheureusement, ni l’Etat ni les industriels, n’ont prévu l’arrivée en force des nouveaux acteurs.

Pourtant, c’est déjà depuis l’année dernière que les Chinois s’étaient manifestés. Mais puisque la campagne agricole avait été mauvaise et les récoltes assez faibles, la voix des industriels n’avait pas trop porté. D’autant plus que, malgré leurs assurances, ces derniers ne payaient pas tous au comptant, les produits qu’ils prenaient aux producteurs.

Cette année, sentant le danger, la Suneor avait anticipé et déclaré avoir pu mobiliser auprès des ban­ques, plus de 29 milliards  de francs Cfa pour cette campagne de commercialisation. Elle s’engageait à payer cash chaque grain qui entrait dans ses usines. Malheu­reu­sement, une conjoncture défavorable à son égard s’est présentée, avec un fort renchérissement du prix de l’arachide sur le marché international, du fait d’une certaine pénurie. Cela a justifié l’arrivée des commerçants et industriels chinois et russes, qui sont venus fausser tous ses calculs.

Auteur: lequotidien
Publié le: Jeudi 03 Janvier 2013

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