L’organisation Africa Climat Insight a présenté, ce mardi à Dakar, les résultats d’une étude sur les impacts des énergies fossiles et les opportunités offertes par les énergies renouvelables au Sénégal. L’initiative, saluée par la Plateforme nationale des acteurs de la société civile pour une transition énergétique juste (PACTEJ), plaide pour une gouvernance énergétique décentralisée et une implication accrue des communautés locales.

« L’objectif de cette étude étant de documenter les impacts des énergies fossiles au Sénégal dans un contexte d’exploitation pétrolière et gazière naissante, mais aussi, les opportunités des énergies renouvelables », a expliqué Hawa Traoré, directrice d’Africa Climate Insight. 

Réalisée dans six zones (Joal, Kayar, Tchiffers, Gandiol, Gathiary et Bohol), l’étude révèle que 93 % des ménages interrogés souhaitent être associés aux décisions locales liées à la transition énergétique. 

Pourtant, la majorité des populations concernées disent ne pas comprendre les enjeux de cette transition ni y être associées. « Les communautés doivent être placées au centre du processus. Il faut décentraliser la gouvernance énergétique, impliquer les collectivités territoriales et valoriser les initiatives locales qui marchent », a insisté Hawa Traoré. Elle cite l’exemple de Joal-Bohol où des projets d’énergie renouvelable communautaires ont donné des résultats probants.

Des chiffres qui interpellent

Les pêcheurs interrogés font état d’une baisse de 78 % des captures, tandis que 42 % des femmes transformatrices affirment avoir du mal à se procurer du poisson. Ces impacts économiques et environnementaux liés à l’exploitation pétrolière rappellent, selon les auteurs du rapport, la nécessité d’une transition énergétique « équitable, inclusive et durable ». 

Par ailleurs, près de 70 % des personnes interrogées se disent favorables à l’utilisation des énergies renouvelables. « Un signal fort, alors que le pays s’est engagé à porter la part des énergies vertes à 40 % de son mix énergétique d’ici 2030, dans le cadre du Partenariat pour une Transition Énergétique Juste (JETP) signé avec la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada et l’Union européenne ».

Pour Docteure Fatima Diallo, coordinatrice de la PACTEJ, cette étude constitue un « outil de connaissance précieux » qui permettra d’harmoniser les approches de la société civile autour d’une vision commune de la transition énergétique. Elle plaide, elle aussi, pour « une gouvernance énergétique transparente et participative ». 

En effet, dit-elle, « l’accès à l’énergie ne peut plus se faire selon un modèle centralisé. Il faut davantage d’équité, d’écoute des communautés et de partage d’informations pour que les Sénégalais se sentent impliqués dans toutes les politiques publiques liées à l’énergie ». 

La PACTEJ insiste également sur la prise en compte des droits des travailleurs, notamment ceux des secteurs des énergies fossiles et renouvelables, ainsi que sur la protection des droits des femmes et des enfants dans cette transition.

Au nom du cabinet ayant conduit l’étude, Cheikh Abdoul Lhadra Dieylani Diop a rappelé que la production de données nationales sur l’énergie est « une nécessité ». 

Selon lui, le système énergétique sénégalais reste dominé à plus de 70 % par les combustibles fossiles, ce qui renforce la dépendance aux marchés internationaux et expose le pays aux chocs économiques. 

D’ailleurs le rapport recommande la décentralisation de la gouvernance énergétique, la transparence dans les phases de planification et d’exécution, la coordination entre institutions publiques et secteur privé et la mobilisation de financements inclusifs pour accélérer la pénétration des énergies renouvelables. 

Alors que le Sénégal se prépare à défendre sa position à la COP, les auteurs de l’étude espèrent que ce document servira de base au plaidoyer national.