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COP 30 : Enjeux et défis de sauver l’action mondiale pour le climat

Auteur: Cheikhou AIDARA

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COP 30 : Enjeux et défis de sauver l’action mondiale pour le climat

La 30e réunion annuelle des Nations unies sur le climat ou COP 30 se tiendra du 10 au 21 novembre 2025, à Belém, dans le nord du Brésil, capitale de l'État du Pará au sein de l'Amazonie. Au cours de cette rencontre, les États signataires évalueront la mise en œuvre des conventions et définiront de nouveaux objectifs.

En prélude de ce rendez-vous, le Sommet des dirigeants de la COP 30 s’est tenu jeudi 6 et vendredi 7 novembre, et a réuni 143 délégations, dont 57 chefs d'État et 39 ministres. La rencontre s’est ouverte dans une ambiance sombre, en l’absence de représentants des Etats-Unis et de l’Inde. Elle a été accueillie par le président Luiz Inácio Lula da Silva, et parmi les participants figurent les dirigeants du groupe G77, qui représente la plupart des pays en développement, et de l'Union européenne.

Durant ces deux jours, les participants ont discuté de sujets cruciaux comme les forêts et la finance, la protection des océans, la lutte mondiale contre la faim. Ils ont également fait focus sur le quadruplé des carburants renouvelables (Belém 4X), la transition juste, et la mise en œuvre des objectifs climatiques et financiers.

Tous les regards étant tournés vers les chefs d'État et de gouvernement, le sommet a permis de vérifier si les promesses de l'accord de Paris et, plus récemment, de Dubaï, peuvent encore être tenues. Ici, les dirigeants devraient être confrontés à deux questions clés : comment combler le déficit d'ambition des CDN (Contribution déterminée nationale) et comment rétablir la confiance dans le financement climatique, dans un contexte de frustration croissante face aux retards et au manque de transparence dans la mise à disposition des fonds promis.

Une COP, plusieurs enjeux

La COP 30 présente plusieurs enjeux.

La transition : la COP 30 doit franchir une étape décisive par rapport à la décision du Bilan mondial (GST) de 2023 adoptée à Dubaï, qui appelait à une « transition juste, ordonnée et équitable vers l'abandon des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques ». Le principal défi consiste désormais à établir une feuille de route crédible qui permette d'avancer vers cet objectif sans aggraver les inégalités. À Belém, les négociations sur la transition juste devront aboutir à un ensemble clair de principes directeurs afin de garantir que toutes les actions menées dans le cadre de ce programme soient équitables, inclusives et fondées sur les droits de l'homme.

Les Forêts : les forêts restent au cœur du programme du Brésil pour la COP 30, non seulement en tant que puits de carbone, mais aussi en tant que moteurs de la stabilité, de la biodiversité et des moyens de subsistance locaux. Leur protection est l'un des moyens les plus rapides et les plus rentables de réduire les émissions : les solutions fondées sur la nature pourraient permettre de réaliser jusqu'à 37 % des réductions mondiales nécessaires d'ici 2030. Le Tropical Forest Forever Facility (TFFF), proposé par la présidence brésilienne et dont le lancement est prévu lors du sommet des dirigeants, a pour objectif à long terme de mobiliser 125 milliards de dollars pour la protection des forêts, dont 25 milliards proviendront du capital initial des sponsors. Ce fonds est un modèle de paiement basé sur les résultats, d'une durée de 10 ans, conçu pour lier la conservation à des retours financiers. Le Brésil souhaite obtenir un soutien politique pour ce fonds, dans l'espoir que les fonds suivront. La transparence, la participation des populations autochtones et le financement basé sur les résultats seront des tests clés de crédibilité à Belém, et permettront de déterminer si le monde peut enfin rendre rentable la préservation des forêts.

Le Financement : le financement climatique dominera à Belém, dans le prolongement de la promesse faite lors de la COP 29 par les pays en développement de verser au moins 300 milliards de dollars par an d'ici 2035. Cette année, les pays devraient approuver la feuille de route Bakou-Belém visant à mobiliser 1 300 milliards de dollars par an d'ici 2030. La feuille de route, qui devrait être présentée, doit montrer comment les fonds publics, les capitaux privés et les sources innovantes, telles que les taxes et les réformes des banques multilatérales, peuvent combler le fossé entre les promesses et les résultats.

L’Adaptation : la question de l'adaptation apparaît comme un enjeu déterminant pour la COP 30, car les négociateurs étant chargés de fixer des objectifs plus clairs pour l'objectif mondial en matière d'adaptation et de garantir un financement prévisible et accessible pour les fonds d'adaptation et de pertes et dommages. L'adaptation est également une opportunité économique : le marché mondial de la résilience pourrait atteindre 1 300 milliards de dollars d'ici 2030, avec des investissements générant quatre fois plus de bénéfices que de coûts et un rendement annuel moyen de 25 %. Mais le principal défi reste de garantir aux pays vulnérables un financement prévisible, basé sur des subventions plutôt que sur des prêts générateurs de dette. Pour les États vulnérables, des politiques de résilience plus solides pourraient augmenter le PIB de 15 % d'ici 2050, tout en réduisant les risques liés à la dette et en renforçant la stabilité budgétaire.

Présence des États-Unis : le pays de Donald Trump n'a pas encore confirmé sa participation à la COP 30, mais se désengager de la diplomatie climatique ne correspond pas à la tendance récente de l'administration Trump à intervenir en coulisses. En octobre, Washington a œuvré en coulisses au sein de l'Organisation maritime internationale (OMI) pour bloquer les progrès vers un accord mondial sur la tarification du carbone pour le secteur du transport maritime. Le pays devrait rester actif dans les enceintes multilatérales, mais dans le but de ralentir, plutôt que de faire progresser, l'action climatique.

Le Bilan des 10 ans de Paris

La COP 30 sera également un point de contrôle essentiel des efforts mondiaux de réduction des émissions, alors que le monde s'apprête à célébrer le 10e anniversaire de l'accord historique de Paris. Les investissements dans les énergies propres dépassent désormais ceux dans les combustibles fossiles dans un rapport de deux pour un, et les énergies renouvelables sont moins chères que le charbon et le gaz neufs sur presque tous les marchés. Pourtant, les trajectoires actuelles restent insuffisantes pour maintenir l'objectif de 1,5 °C à portée de main.

En effet, plus de 100 pays ont annoncé de nouveaux plans climatiques, dont beaucoup couvrent pour la première fois l'industrie lourde et les transports, mais leur mise en œuvre reste inégale. Le manque de détails de la part d'émetteurs tels que l'Inde, l'Indonésie et la République de Corée, ainsi que les retards répétés de l'Union européenne, suscitent également des inquiétudes. La récente décision de la Cour internationale de justice a réaffirmé que les gouvernements ont l'obligation légale de protéger les populations contre les dommages climatiques, transformant ainsi les engagements politiques en questions de conformité.

A ce titre, Belém permettra de vérifier si les promesses faites à Paris peuvent encore se traduire en actions concrètes dans le monde réel, en matière de combustibles fossiles, de finance et de forêts.

Auteur: Cheikhou AIDARA
Publié le: Vendredi 07 Novembre 2025

Commentaires (1)

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    Quel cirque il y a 21 heures

    C'est de la foutaise: ces taxes globales ne passeront pas, de même que ce gouvernement mondial tant vanté.

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