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[Entretien exclusif] Dr Mabouba Diagne : « J’ai le plaisir de vous annoncer que les récoltes seront au rendez-vous »

Auteur: Moustapha TOUMBOU

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[Entretien exclusif] Dr Mabouba Diagne : « J’ai le plaisir de vous annoncer que les récoltes seront au rendez-vous »

Cinq jours à parcourir le Sénégal du Sud-Est au centre. Du 24 au 28 novembre, le Dr Mabouba Diagne, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, a effectué une tournée de suivi dans les régions de Kédougou, Tambacounda et Kaffrine pour évaluer les performances de la campagne agricole 2024-2025 et encourager la dynamique vers la souveraineté alimentaire.

Le membre du gouvernement est allé à la rencontre des hommes et des femmes qui œuvrent chaque jour, sans relâche, à alimenter les marchés sénégalais en produits agricoles. En marge de cette caravane, le ministre a accepté de répondre à quelques questions de Seneweb et du Soleil. Dans cet entretien conjoint, le Dr Mabouba Diagne revient sur les perspectives agricoles de la saison 2024-2025, qui s’annonce radieuse, et les défis qu'il s'efforce, au quotidien, de résoudre dans son département.

Vous venez de boucler cinq jours de visite de quelques champs du Sud-Est et d’une partie du centre. Une démarche qui s’inscrit dans le cadre du suivi de la campagne agricole 2024-2025. Quelle est votre appréciation à l’issue de cette tournée ?

Nous venons de terminer une tournée de suivi de la campagne agricole dans les régions de Kédougou, Tambacounda et Kaffrine. En parcourant près de 2 000 km pendant cinq jours dans les coins et recoins des différents départements de ces trois régions à fort potentiel agricole, nous avons rencontré des petits producteurs, des coopératives, des GIE de femmes et des agri-jambars.

Cette mission a été l’occasion d’observer sur le terrain les dynamiques d’évolution de plusieurs filières telles que la riziculture pluviale, le maïs, le coton, la banane, l’arachide, le mil, etc. Elle nous a aussi permis d’apprécier les conditions de production de cette année, de nous assurer de la réception, par les bénéficiaires, des intrants subventionnés, de coévaluer les tendances des récoltes, de relever les contraintes et les défis, et de dégager ensemble des pistes d’amélioration en perspective de l’atteinte de l’objectif de souveraineté alimentaire, tel que décliné dans la vision Sénégal 2050.

S’il y a une espérance que l’on peut formuler à l’issue de cette tournée, c’est que l’on va vers un rendement record sur plusieurs spéculations. Pouvez-vous nous les présenter ?

Oui, en effet. Cette année, j’ai le plaisir de vous annoncer que les récoltes seront au rendez-vous. D’après les résultats prévisionnels des enquêtes agricoles, nous dépasserons la barre des 900 000 tonnes pour l’arachide et celle des 630 000 tonnes pour le maïs.

Pour la banane, il est attendu des productions record de 112 500 tonnes contre 73 400 tonnes l’année passée, soit une hausse de 53 %. De même, la production de coton devrait croître de plus de 60 %, passant de 15 000 tonnes en 2024 à 25 000 tonnes en 2025, avec les meilleurs rendements de la sous-région.

Pour rappel, la tendance haussière des productions agricoles s’est amorcée pendant la campagne horticole : l’oignon, avec 450 000 tonnes, et la pomme de terre, avec 250 000 tonnes, ont permis pour la première fois de couvrir totalement les besoins annuels du pays. Globalement, les mêmes tendances favorables sont notées sur la plupart des autres spéculations.

Quelle est la recette de ces prévisions radieuses ?

Une combinaison de facteurs parmi lesquels figure, en première place, la forte volonté de Son Excellence Monsieur le Président de la République et de Monsieur le Premier ministre de placer l’agriculture au cœur des priorités du nouveau gouvernement.

Cette volonté s’est traduite par la mobilisation de budgets records de 120 et 130 milliards en 2024 et 2025 pour accompagner le monde rural. Fort de ce soutien, mon département, avec l’appui de tous les ministères sectoriels impliqués, a apporté les ruptures nécessaires pour mobiliser et distribuer en toute transparence les intrants requis dans les délais.

Je signale à cet égard que des records ont également été notés dans la mise en place des engrais : 105 000 tonnes de NPK et 120 000 tonnes d’urée importées sous forme d’achat groupé (bulk procurement program), permettant ainsi de réaliser une économie de près de 2 milliards.

Il s’y ajoute l’effort tout particulier des paysans, qui ont fait preuve d’une mobilisation exceptionnelle, comme en attestent les emblavures de cette année, et la pluie qui a été au rendez-vous, avec une bonne répartition temporelle et spatiale. C’est le lieu de rendre grâce à Dieu, qui nous a gratifiés d’un hivernage pluvieux et de récoltes très prometteuses.

« Une bonne production est très positive en ce qu’elle permet de garantir une bonne autoconsommation et de meilleurs revenus aux paysans souvent vulnérables »

La tournée a été l’occasion d’aller au contact de ces hommes et femmes, ces soldats de la souveraineté alimentaire. Comment décririez-vous leur engagement ?

J’ai été particulièrement séduit par l’engagement du monde rural dans sa diversité, notamment les jeunes et les femmes à travers les coopératives et les GIE.

Le retour de la diaspora à l’agriculture a attiré toute mon attention, avec les exemples de Balla Cissoko de Tamba, Insa Gaye à Darou Salam dans le Koumpentoum, et Pape Matar Sarr à Kathiote, dans la région de Kaffrine, qui sont assez inspirants pour la jeunesse.

Ces trois agri-jambars ont cru au retour à la terre, en investissant dans leurs terroirs et en créant des emplois, constituant ainsi des modèles pour la jeunesse.

Un autre exemple qui force le respect est celui du marabout Serigne Bara Sy, maître coranique installé à Syll (Kouthiaba), dans le département de Koumpentoum, qui exploite plus de 200 ha (arachide, mil, maïs, riz) pour nourrir près de 200 talibés entièrement pris en charge.

Enfin, le début d’opérationnalisation de la coopérative agricole communautaire de Salémata a été une grande satisfaction, en ce qu’il a permis, grâce à une synergie d’actions entre les services de mon département, le PAM appuyé par la France et les ministères en charge de la Famille et de l’Éducation, de produire 200 ha de riz destinés à alimenter les cantines scolaires de Kédougou.

C’est dire qu’il est possible que Kédougou puisse nourrir Kédougou, grâce aux coopératives agricoles que nous comptons mettre en place à Samécouta et dans le DAC d’Itato.

Un autre motif de satisfaction est la reconstitution du capital semencier, en cours de mise en œuvre dans toutes les régions visitées, avec l’accompagnement de l’ISRA et des services déconcentrés de l’agriculture.

Les infrastructures agricoles sont-elles prêtes à accueillir une telle moisson ?

Les producteurs s’attendent surtout à bien commercialiser cette belle moisson. C’est tout le sens qu’il faut donner aux instructions de Son Excellence le Président de la République pour assurer une bonne commercialisation de la campagne agricole.

D’ores et déjà, mon département compte démarrer les concertations avec les acteurs dès cette semaine, en perspective du prochain Conseil interministériel sur la commercialisation agricole.

Comment ces rendements records pourraient-ils se répercuter sur le marché sénégalais et sa population (paysans, cultivateurs et consommateurs) ?

Une bonne production est très positive en ce qu’elle permet de garantir une bonne autoconsommation et de meilleurs revenus aux paysans souvent vulnérables. Une bonne campagne agricole est synonyme de sécurité alimentaire et de gaieté dans le monde rural.

Les bonnes récoltes attendues sur l’arachide permettront d’alimenter nos huileries et d’ouvrir des perspectives d’exportation, tout en préservant nos besoins en semences certifiées.

Pour le maïs, à la faveur de la contractualisation avec les provendiers, nous comptons mettre d’importantes quantités à leur disposition pour la production d’aliments de bétail.

Pour le coton, la commercialisation est déjà assurée aux cotonculteurs par l’entremise de la SODEFITEX.

La banane sénégalaise est la seule actuellement présente sur le marché, grâce à la mesure inédite de suspension des importations.

Les céréales comme le mil, le maïs, le sorgho et le fonio seront également disponibles pour couvrir nos besoins, sans oublier la bonne disponibilité du fourrage pour le bétail. C’est dire que cette bonne campagne agricole est totalement bénéfique pour le monde rural et pour le pays.

« Les besoins en termes d’investissements sont énormes pour atteindre la souveraineté alimentaire »

La mécanisation contribue, sans aucun doute, à ces résultats. Au cours de cette campagne, vous avez mis en œuvre une stratégie d’utilisation tournante des véhicules agricoles dans le pays. Pouvez-vous nous la détailler ?

La mécanisation est l’un des défis majeurs de notre agriculture. C’est pourquoi mon département, tirant les leçons des importants investissements réalisés dans l’acquisition de matériel agricole, met en œuvre le nouveau concept Allo Tracteur.

C’est grâce à ce modèle de prestation de services agricoles que les 200 ha de riz produits dans le CAC de Salémata sont en cours de récolte. Les périmètres rizicoles de Tamba et du bassin de l’Anambé sont également en cours de moisson, grâce aux batteuses venues de la vallée du fleuve Sénégal.

En écoutant les agriculteurs, une parfaite convergence de vues se dégage sur l’urgence et la nécessité de mettre en place les Centres d’utilisation de matériel agricole (CUMA) dans les CAC, afin de mieux prendre en charge les besoins de mécanisation, qui sont aussi importants que les semences et les engrais dans l’agriculture moderne.

Vous avez bénéficié d’un budget de 130 milliards de F CFA pour cette campagne, un montant colossal, voire record, mais qui ne semble pas suffisant pour atteindre les ambitions que vous avez pour cette filière. Quel est votre souhait pour la suite ?

Les besoins en termes d’investissements sont énormes pour atteindre la souveraineté alimentaire. Dès lors, l’effort de l’État, en nette progression, ne sera pas suffisant.

Le secteur privé est appelé à jouer un grand rôle à travers des partenariats public-privé, sans oublier les petits producteurs qui, à travers les CAC, seront mieux outillés pour la formalisation, la formation, le financement, la maîtrise de l’eau, l’accès aux services de mécanisation et l’encadrement, afin de faire d’eux les véritables acteurs de la souveraineté alimentaire du Sénégal. Tel est le vœu du Chef de l’État et du Premier ministre que nous aspirons à concrétiser.

Au cours de cette tournée, vous avez, à chaque étape, invité les paysans à se diversifier. Pourquoi ?

Pour plusieurs raisons, la diversification des cultures est indispensable à une agriculture durable. D’abord, la monoculture est source d’appauvrissement des sols et de faiblesse des rendements. La rotation des cultures améliore la productivité et enrichit les sols.

La diversification dont je parle concerne aussi l’horticulture, qui doit prendre le relais des grandes cultures d’hivernage pendant la contre-saison, pour permettre aux producteurs de cultiver toute l’année.

Mais cela suppose la disponibilité de l’eau. C’est pourquoi, à travers les CAC, nous travaillons à améliorer la maîtrise de l’eau dans toutes les communes rurales, afin d’occuper les producteurs toute l’année.

Il est heureux de constater que les producteurs ne demandent que de l’eau et l’accompagnement nécessaire pour relever ce défi.

Auteur: Moustapha TOUMBOU
Publié le: Jeudi 30 Octobre 2025

Commentaires (9)

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    Kebelmer il y a 3 heures

    Merci de preciser que la récolte ne sera pas au rendez-vous vous dans une très grande partie de la region de Louga. Pas d’arachide, ni mil ni niebe.

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    Diop il y a 1 heure

    Bravo monsieur le ministre de l'agriculture vous faites un travail extraordinaire. Le gouvernement aurait beaucoup intérêt à communiquer sur ces résultats et laisser les commentaires de politiques politiciennes aux opposants et à leur meutes de soi-disant chroniqueurs.

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    Bavard et folklorique il y a 3 heures

    Moom dey wakh rek
    Réseaux sociaux et 50 groupes Whatsap

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    kala il y a 2 heures

    bilahi wakh rek laye defe

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    SDD il y a 2 heures

    Il travaille et fait des résultats. essaie de le démentir par les chiffres, kuluna de m.rde

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    Moer il y a 2 heures

    Un bosseur! Bravo Dr.

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    Mouha70 il y a 2 heures

    Vraiment , un bossuer il faut poursuivre sur la même lancée.

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    REVOLUTIONNAIRE il y a 2 heures

    LE MEILLEUR BOSSEUR DU GOUVERNMENT,IL MERITE D ETRE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE.

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    Kacho il y a 2 heures

    Merci Mr Diagne , pas à pas rek , nous atteindrons le sommet inchalla ;Tous nos encouragements . Rome ne s'est pas fait en un jour

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    Mbengue il y a 2 heures

    Un supporter de Mabouba multiplie les posts

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    Terrain il y a 1 heure

    je ne sais pas si les résultats suivent mais c'est sûr qu'il ne craint pas la chaleur à l'intérieur du pays

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    Bathie il y a 1 heure

    C'est pas parcequ'il y'a une politique agricole coherente, mais une.bonne pluviométrie. Une politique agricole fera que :
    Les semences soient dispnibles! Ce qui.n'est pas le cas
    L'engrais soit disponible, il est subventionne et insiffisant pour les besoins en hivernage et disponible au prix exhorbitif du marche en saison.maraîchère..
    L'encadrement des services agrocoles, n'existent que.de non,
    La collecte et la vente et les prix au producteurs des recoltes sont de vrais problemes
    Il faut faire moins d'annonce sir les resultats qui ne dependent pas de l'Etat mais des corrections pour que.le.systeme oit huilé et que l'acces au credit agricole tout comme l'intervention de l'Etat soit repensé !
    Il est facile de se glorifier de récoltes mais mieux vaut s'appesantir sur.ce qui.peut faire avancer notre agriculture.
    Nous sommes tous Seneaglais et aimons ce pays mais la seule communicatipn sans bases claires et assainies reste de la propagande pour.le chef+ cela nous n'en voulons pas et ce Ministre est un.adepte de cette facon de faire +!

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    fier il y a 20 minutes

    ce ministre travaille. ayez l'honnêteté de dire quand ça marche, "ça marche!" et quand ça ne va pas, "ça ne va pas! oun oun!". Avec ce ministre, reconnaissons pour une fois que les choses bougent! et dans le bon sens...kou guiss néne ni néna nguii. Bravo monsieur le ministre!

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