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Le Sénégal et la France, histoire commune ?

Auteur: Seneweb-News

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Le Sénégal et la France, histoire commune ?

Héritages coloniaux toujours présents

L’histoire du Sénégal et de la France s’inscrit d’abord dans les logiques coloniales. La domination française a imposé une langue, une administration et une économie tournée vers l’exportation. Les structures héritées de cette époque continuent de marquer la société sénégalaise. L’école, par exemple, reste largement modelée sur le système français. Mais derrière cette continuité se cache une inégalité profonde : celle d’un rapport de dépendance, où le centre décide et la périphérie s’adapte.

Indépendance inachevée

Le Sénégal a proclamé son indépendance en 1960. Pourtant, les liens avec la France ne se sont pas effacés. Coopération militaire, accords économiques, présence culturelle : tout semble montrer une indépendance incomplète. La France conserve des bases, influence des décisions politiques et contrôle une partie des flux économiques. Derrière le discours de l’amitié, on retrouve une mécanique néocoloniale.

Économie sous influence

Les échanges commerciaux entre les deux pays profitent rarement aux travailleurs sénégalais. Les entreprises françaises dominent des secteurs clés comme l’énergie, les télécommunications ou la banque. Les profits remontent vers Paris, laissant peu de retombées locales. Les accords de pêche illustrent cette injustice : des navires français exploitent les eaux sénégalaises, épuisant les ressources et fragilisant les pêcheurs locaux.

Diaspora et transferts

La diaspora sénégalaise installée en France constitue bien davantage qu’un simple relais économique ; elle incarne une articulation paradoxale entre nécessité matérielle et invisibilisation politique. Les flux financiers, massifs et réguliers, pallient les carences des dispositifs sociaux locaux et maintiennent à flot des pans entiers de la société sénégalaise. Pourtant, cette fonction vitale se voit presque systématiquement ramenée à sa dimension strictement monétaire, comme si l’apport citoyen, les formes de mobilisation, les revendications démocratiques portées depuis l’exil n’avaient aucune légitimité. Ainsi s’installe une asymétrie persistante : la circulation des capitaux est reconnue, valorisée, parfois célébrée, tandis que la circulation des voix demeure bridée, confinée aux marges, privée d’un espace réel dans le champ politique.

Culture : entre héritage et résistance

La langue française occupe une place centrale au Sénégal. Mais elle coexiste avec le wolof et d’autres langues nationales, qui portent la mémoire et la résistance populaire. La francophonie, présentée comme une richesse culturelle, sert souvent à masquer les rapports de domination. Pourtant, artistes, écrivains et musiciens sénégalais utilisent cet héritage pour le subvertir, transformant l’outil de l’ancien colonisateur en arme critique.

Jeux en ligne et dépendances

Le numérique illustre aussi ces rapports de dépendance. Les plateformes internationales occupent le marché, marginalisant les initiatives locales. Des sites comme 20Bet login, venus de l’étranger, séduisent une jeunesse en quête de divertissement et de gains rapides. Mais derrière le jeu se cache la logique capitaliste : capter des revenus dans un pays où les perspectives économiques restent limitées. Le jeu en ligne devient ainsi une métaphore de l’histoire commune : des promesses de modernité, mais une exploitation persistante.

Politique et diplomatie

Les dirigeants sénégalais oscillent entre coopération et contestation. D’un côté, ils bénéficient du soutien diplomatique et militaire de Paris. De l’autre, ils doivent composer avec une jeunesse qui exige une rupture claire avec les anciennes logiques coloniales. Les mouvements sociaux rappellent que la souveraineté ne peut pas être un simple slogan : elle doit se traduire par des choix politiques concrets, libérés des pressions extérieures.

L’Afrique, un champ de bataille géopolitique

La relation franco-sénégalaise ne peut pas être isolée du contexte africain. La France cherche à maintenir son influence, tandis que d’autres puissances comme la Chine ou la Turquie avancent leurs pions. Le Sénégal devient un terrain de compétition où les intérêts étrangers priment sur les besoins populaires. La lutte pour l’indépendance réelle s’élargit donc à une bataille mondiale pour échapper aux logiques impérialistes.

Héritages Invisibles

Dans la mémoire officielle, la colonisation se résume souvent à des “échanges” culturels et économiques. Mais qu’en est-il des humiliations, des spoliations, des massacres ? Ces héritages invisibles structurent encore les inégalités actuelles. Derrière chaque route, chaque bâtiment hérité de la période coloniale, se cache le travail forcé de générations entières. La France parle d’“histoire commune”, mais ce vocabulaire gomme la violence. Ce n’est pas une histoire partagée, c’est une histoire imposée.

Une Économie Sous Tutelle

Même après les indépendances, la dépendance économique s’est maintenue. Le franc CFA, outil monétaire conçu à Paris, en est l’exemple le plus frappant. Officiellement, il garantit stabilité et sécurité. En réalité, il enferme le Sénégal dans un système où ses richesses servent en priorité les intérêts extérieurs. Derrière les promesses de modernisation, il y a un verrou économique qui limite la souveraineté populaire. Là encore, ce n’est pas du hasard : c’est le prolongement d’une domination.

Le Poids des Corps

On oublie souvent que la relation franco-sénégalaise est aussi inscrite dans les corps. Les tirailleurs sénégalais, enrôlés de force ou sous promesse de reconnaissance, ont versé leur sang pour une patrie qui n’était pas la leur. À leur retour, beaucoup ont été méprisés, mal indemnisés, marginalisés. Ces blessures collectives persistent, transmises dans les familles, rappelant que la mémoire n’est pas qu’affaire de monuments, mais aussi de cicatrices ouvertes.

Conclusion

L’histoire commune entre le Sénégal et la France n’est pas un récit harmonieux. Elle reste faite de blessures, de luttes, de mémoires fracturées et de rendez-vous manqués. Derrière chaque discours officiel vantant la « coopération » se cache le poids du travail forcé, de l’accaparement des ressources, des promesses trahies.

Cette histoire n’est pas figée dans les livres : elle pèse encore dans la vie quotidienne, dans les règles migratoires, dans les déséquilibres économiques, dans les hiérarchies culturelles héritées de la colonisation.

Mais rien n’est scellé pour l’éternité. La mémoire demeure vive, et les résistances l’accompagnent. Les jeunesses sénégalaises s’emparent de l’art, de la rue, des réseaux pour reprendre la parole. En France aussi, des voix s’élèvent pour fissurer les mythes scolaires, pour dévoiler ce qui fut longtemps dissimulé. Le lien entre les deux pays pourrait rester un lien de domination ; il peut aussi devenir autre chose, s’il est refondé depuis le bas, par celles et ceux qui refusent l’oubli et réclament justice.

Auteur: Seneweb-News
Publié le: Vendredi 17 Octobre 2025

Commentaires (1)

  • image
    Yo! il y a 23 minutes

    Nous sommes le Djoloff,
    Nous sommes le Gaabu,
    Nous sommes le Mandé,
    Nous sommes le Songhaï,
    Nous sommes l'Afrique de l'Ouest.

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