Le leader du parti dénommé “Patriote du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité” (Fastef), par ailleurs inspecteur des Impôts et Domaines et longtemps secrétaire général du syndicat dudit corps, pense que le Plan Sénégal émergent (Pse) est un leurre. “Il n'y a rien de plus facile que de faire un programme, encore que le Pse est une reproduction presque à l’identique de la stratégie de croissance accélérée. Vous allez voir les mêmes objectifs en taux de croissance, les mêmes grappes pratiquement, à part qu’on a changé quelques intitulés. Le Pse et la Stratégie nationale de développement économique et sociale (Sndes) qui le précède d’un an, c’est exactement les mêmes documents. Et pourtant, ils sont allés dépenser 3 milliards dans un cabinet étranger et tout le monde sait que le Pse a été élaboré ici par des experts Sénégalais. Moi je parle des fondamentaux, je ne parle pas des programmes. Quand on l’appelle le Plan Sénégal émergent, c’est un leurre”, dit-il dans l'émission “Ganou Seneweb”.
Selon Ousmane Sonko, même quand on réalisera toutes les mesures contenues dans le Pse, le Sénégal ne sera pas un pays émergent. “Le Sénégal est un pays pauvre très endetté. On est immergé jusqu’aux profondeurs. On a besoin de remonter un petit peu, mais on ne sera même pas à la surface. Le Pse est en train de régler des problèmes d'autosuffisance alimentaire. Encore que les fondamentaux en matière économique, énormément de fondamentaux n’ont pas été abordés. Tous les pays émergents ont en commun un certain nombre de choses. Ce Pse est encore un leurre avec beaucoup de tintamarres, mais qui aura servi que lorsqu’on aura accordé au Sénégal tout ce qu’il est allé chercher en Chine, au niveau des Fonds arabes et des clubs de Paris”, fait-il comprendre.
“La pléthore de partis politiques est un faux débat”
Concernant la pléthore de partis politiques qui existe au Sénégal, il pense que c'est un faux débat. “Je me suis procuré le répertoire du ministère de l’Intérieur et jusqu’au moment où je l’avais, c’était 230 partis légalement reconnus au Sénégal. Et je me suis livré à un exercice. J’ai regardé un certain nombre de partis et j’ai appelé, mais les numéros de téléphone n’existaient pas. J’ai pris un coursier à qui j’ai donné le carburant pour aller voir au niveau des adresses de quelques partis. Ils étaient parfaitement inconnus. Il y a eu un parti unique, le parti socialiste (Ps) jusqu’en 1974 où il y a eu ouverture. Le Pds est arrivé et ainsi de suite. En 2000, lorsque le président Abdoulaye Wade arrivait au pouvoir, on avait 42 partis au Sénégal. Cela veut donc dire qu’on a eu un peu moins de 200 partis entre 2000 et 2015”, explique-t-il.
Ce qui justifie la pléthore de partis, pense-t-il, c’est la manière dont la politique est faite au Sénégal. “Pour des politiciens professionnels qui ne comptent que sur la politique pour vivre, et puisque l’argent a fini par occuper une place exagérée dans la politique, beaucoup de gens considèrent que c’est simple de créer un parti politique, faire un peu de chantage ou alors aller s’arrimer à une soi-disant coalition pour après, pouvoir avoir une petite sucette à l’Assemblée nationale ou Pca par ci par là”, analyse-t-il.
“Tous les acteurs politiques sont nés dans des familles modestes”
Il pense qu'on a tellement dévoyé la politique dans ce pays que dans chaque chapelle politique, c’est les plus grosses langues, les aboyeurs qu’on voit partout. “Invitez ces gens-là à venir débattre avec nous sur l’agriculture, sur le Pse, sur les accords de partenariat économique, sur la gestion de nos ressources minérales, ils ne viendront pas. Et pourtant, ils sont tout le temps dans les médias à polluer l’atmosphère”, parie-t-il.
Au Sénégal, fait savoir Sonko, il n’y a aucun homme politique qui soit né avec une cuillère d’argent. “Ils sont tous nés dans des familles modestes et c’est au contact de l’Etat qu’ils sont tous devenus milliardaires. Après cela, ils ne travaillent plus, ils mènent un grand train de vie, ils voyagent en première classe, ils ont un personnel de maison extraordinaire et ils peuvent sortir des milliards pour une campagne électorale. Je le dis haut et fort que c’est avec l’argent du pays qui aurait dû construire nos infrastructures et puisque cet argent a été détourné pour autre chose, on va à Paris emprunter 270 milliards que nos enfants et nos petits-enfants vont payer après. Pour moi, le schéma de développement du Sénégal est biaisé depuis l’indépendance. Avec une petite lumière en 1960-62 et on le doit à Mamadou Dia. On sait où ça a fini, parce que la Françafrique ne pouvait pas laisser faire”, déplore l'invité de notre émission hebdomadaire.
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